Un autre musée parisien a eu l'idée de faire appel à des metteurs en scène pour promouvoir leur institution. En effet, pour célébrer ses vingt ans, le Musée d'Orsay a demandé à quatre metteurs en scène de réaliser chacun un court métrage sur le célèbre musée. Pour Visage, c'est le Louvre qui est venu chercher le réalisateur Taïwanais lui laissant libre inspiration pour le scénario.
Henri Loyrette, président-directeur du musée du Louvre évoque la vision du réalisateur: " Le travail de Tsaï Ming-Liang exalte ce qui est une des particularités du Louvre. C'est non seulement un musée, c'est un Palais qui a été l'occasion depuis le Moyen Âge de scènes d'histoire, de scènes étranges, de scènes de la vie quotidienne qui l'ont marqué. Ce que montre Tsaï Ming-Liang, ces personnes qui errent dans la grande galerie ou ce dîner dans le salon Napoléon III, n'est pas du tout étrange ou étranger à la vocation de ce Palais. Il y a dans ce Palais un potentiel théâtral, toute l'histoire le montre. Il recrée des fictions qui auraient pu s'y dérouler, il s'inspire de ce qui est la nature même de nos collections, avec ces grands thèmes. "
Le réalisateur fut très honoré d'avoir été invité par le musée du Louvre pour réaliser son film. Il évoque sa peur avant de tourner dans ce lieu connu dans le monde entier: " Ce qui m'a rassuré, c'est lorsque je me suis retrouvé sous la pyramide conçu par M. Pei et je me suisdit, il suffit d'être soi-même, il suffit de faire ce que j'ai envie de faire, de faire ce que jepense devoir faire, alors je pourrais être accepté et toléré par ces géants qui ont traversé letemps. "
Tsai Ming-liang réalise ses films comme un peintre: " Chacun de mes films est un tableau et ici c'est un grand tableau qui ne présente pas de logique dans sa dramaturgie telle que nous en avons l'habitude. J'ai aboli certaines logiques pour ne montrer qu'un monde de rêve entremêlé avec celui de la réalité. Comme dit le proverbe bouddhique "Fleurs dans le miroir, lune dans l'eau", tout n'est qu'illusion. "
pour Tsai Ming-liang, c'est le deuxième film tourné en France après Et là-bas, quelle heure est-il ? : "Cette expérience en France est pour moi toute nouvelle et pleine de découvertes. Je rencontre des gens avec qui je ne peux pas communiquer, c'est très particulier. Bien que nous ne parlions pas la même langue, peut être que c'est comme dans le film de Ming-Liang, il y a peu de dialogues, mais on se comprend mutuellement avec le coeur. "
L'actrice-mannequin évoque son expérience avec le cinéaste: "C'est la poésie de Ming-Liang qui m'a portée. Ce que j'ai ressenti fortement c'est que, à travers moi, j'avais l'impression de parler de l'émotion de Ming-Liang, de son émotion à lui. Il s'est servi de moi. J'étais juste une sorte d'électron, comme ça, qui lui permettait de dire ce qu'il avait à dire. J'étais la marionnette du metteur en scène, mais cette fois dans toute sa beauté, je n'ai pas de problème à le dire parce que c'est très agréable. "
Visage a été présenté en compétition au Festival de Cannes 2009.