A Cannes, Adieu Gary a remporté le Grand Prix de la Semaine de la Critique.
Adieu Gary est le premier long métrage de Nassim Amaouche. Né en 1977, il suit des études de sociologie puis intègre l'Institut International de l'Image et du Son. En 2003, il signe le court métrage De l'autre côté, présenté à la Semaine de la Critique à Cannes (déjà...) et dans de nombreux autres festivals. En 2005, il réalise Quelques miettes pour les oiseaux, documentaire tourné à la frontière entre la Jordanie et l'Irak, sélectionné entre autres à Locarno et Venise.
Le réalisateur explique comment il a choisi la cité ouvrière, élément essentiel du film : "Adieu Gary parle de la fin d'une certaine époque ouvrière... et du début d'une autre, d'une transformation. Le décor du film devait en être ce double reflet sans surligner mon propos. Plus simplement, je cherchais un lieu cinématographique. Mes producteurs et moi savions que cela n'allait pas être des repérages faciles et ils m'ont permis de les débuter très tôt. J'ai longtemps cherché et fini par trouver la Cité Blanche du Teil, en Ardèche, une cité ouvrière construite par le groupe Lafarge au début du siècle, qui a compté jusqu'à 1200 habitants et n'en abrite plus que 4 aujourd'hui. Elle porte tous les stigmates d'une époque révolue en étant toutefois encore habitée. Sa rue principale qu'on jurerait sortie d'un décor de western a fini de me convaincre totalement. Je n'avais quasiment rien à réécrire, à peine à adapter. C'était là-bas et pas ailleurs qu'il fallait tourner."
Nassim Amaouche justifie ses partis pris : "Je voulais faire un film en prise directe avec une réalité sociale sans m'interdire quoi que ce soit au niveau formel, ne pas forcément aller vers le naturalisme absolu parce que mes personnages sont issus du monde ouvrier. Je comprends les réticences "morales" de certains réalisateurs qui ne veulent pas esthétiser la misère ; mais pourquoi s'interdire de "rendre beaux" ceux qui y vivent ? Les prolos ont eux aussi droit aux projecteurs, aux travellings et au 35 mm. La morale est pour moi la recherche d'une certaine vérité et la vérité n'est pas nécessairement la vraisemblance (...) La tendresse n'est pas un gros mot à mes yeux. Je l'assume totalement (...) Ma plus grande fierté serait d'avoir raconté une histoire qu'on peut trouver gentille, sucrée mais qu'au final, pendant le générique, les spectateurs se disent que le bonbon avait un arrière-goût acidulé."
Très impliqué dans le projet, Jean-Pierre Bacri joue l'un des rôles principaux d'Adieu Gary, mais il en est aussi l'un des producteurs, via la société Les films A4, dont il est l'un des fondateurs.
Le chef-opérateur de Adieu Gary est Samuel Collardey, réalisateur du documentaire très remarqué L'apprenti, portrait d'un agriculteur en herbe, lauréat du Prix Louis-Delluc du Premier film en 2008.
Nassim Amaouche revient sur la place de la religion dans la vie des habitants de la cité : "Que dans certains quartiers populaires on soit plus sensible à la religion qu'à Karl Marx est une réalité objective ; j'ai fait de mon mieux pour rester descriptif, ne pas imposer de jugement. À titre personnel, je ne crois pas que la croyance religieuse aide à mieux vivre ensemble et pourtant je deviens plus optimiste lorsque je rencontre des gens qui croient fort en quelque chose plutôt qu'en rien du tout. La transformation de ce local en mosquée exprime à la fois une certaine tristesse (voire une certaine peur) et un réconfort possible face à un changement, des mutations, de l'énergie, de la vie qui s'affirment."
La musique du film a été composée par le Trio Joubran, groupe palestinien reconnu, composé de trois frères virtuoses du oud.
Voir Shadows de John Cassavetes a conforté Nassim Amaouche dans l'idée qu'il n'était pas forcément nécessaire de s'attarder sur les différentes origines des membres d'une même famille. C'est pourquoi, dans son film, la question du mariage mixte n'est pas centrale.
Ángela Molina avait été pressentie pour tenir le rôle féminin principal du film.
Au départ, le titre du film était Adieu Gary Cooper