Présenté au Festival de Valladolid 2007, 14 kilomètres a obtenu le prix du meilleur film, de la meilleure photographie et de la meilleure musique. C'est la première fois qu'un metteur en scène espagnol remporte cette prestigieuse récompense. Il a également obtenu le Grand Prix du Public au Festival Arte Mare 2008.
Très tôt passionné par la géographie grâce à un atlas offert par son père, Gerardo Olivares est un aventurier. Journaliste et documentariste, il signe ici son deuxième long-métrage. En 2006, il avait mis en scène l'un des coins les plus reculés de la steppe mongolienne dans La Grande finale. C'est lors d'un voyage au Niger que l'idée de 14 kilomètres lui est venue. Après avoir rejoint un groupe de Touaregs traversant le désert pour atteindre les mines de sel de Fachi, il est arrivé à Agadez, l'un des centres les plus importants le long des routes migratoires: "De gros camions en partent en direction de la Libye et de l'Algérie. Les gens que j'ai rencontrés m'ont raconté qu'une fois, un camion était parti dans le désert, depuis Agadez, mais qu'on n'en avait plus jamais retrouvé la trace ; que des personnes tombaient des camions la nuit en plein désert et mouraient ensuite de soif ; ils m'ont aussi parlé des bandits et des tempêtes de sable - des histoires tragiques que l'on ne peut raconter que si on les a vécues. C'est sur elles que se base mon film," confie-t-il.
Gerardo Olivares avait en tête une vingtaine de titres pour son film et avait fini par opter pour A la poursuite d'un rêve. C'est en écoutant la radio un soir et en entendant parler de navigants repérés en mer Méditerrannée, au large des côtes d'Almeria, qu'il a eu l'idée de son film: "Quatorze kilomètres, c'est la distance qui sépare l'Afrique de l'Europe ; c'est aussi la barrière qui sépare les millions d'Africains de leur rêve. Ils voient l'Ouest comme la seule façon d'échapper à la faim, à la pauvreté et à la persécution," explique-t-il.
Le cinéaste a sans cesse mêlé les frontières entre réalité et fiction dans son film qui met en scène des comédiens non professionnels. En créant une histoire fictive fondée sur quelques faits réels, il a tenté de pénétrer les rêves de ces gens qui n'ont rien à perdre et qui partent, inconscients des dangers, "après avoir vu les photos d'un ancien voisin devant sa maison flambant neuve en Europe."
Gerardo Olivares se défend d'avoir voulu véhiculer un message particulier avec son film: "Je voulais simplement parler d'un problème dont les gens n'ont pas conscience ou pour lequel ils n'ont pas grand intérêt," précise-t-il. Il reconnaît cependant être très touché par les spectateurs qui avouent avoir changé d'opinion sur les Africains sub-sahariens et leurs difficultés grâce à lui. "Les chaînes de télévision diffusent des séries d'images qui semblent faire le portrait des immigrants arrivant sur les côtes espagnoles comme des envahisseurs. Les gens finissent par devenir insensibles devant les images télévisées montrant sans cesse des Africains déshydratés et à bout de forces, arrivant dans de petits bateaux." En montrant la totalité du voyage de ses personnages, le cinéaste fait ainsi émerger la partie cachée de l'iceberg: "La communauté européenne devrait commencer à réaliser que l'Afrique vit un réel drame. Le continent est en train de perdre son avenir - des jeunes gens pleins d'énergie, intelligents et doués de compétentes professionnelles.... Il faudrait investir sur place et réduire la corruption.... Cet exode est inexorable....", dénonce-t-il, en présentant son film comme un hommage à ceux qui ont gagné et survécu ou échoué et péri.
Si Illiassou Mahamadou Alzouma avait déjà joué avec Gerardo Olivares dans son premier film, les deux autres comédiens ont été trouvés directement au Mali. Pour l'actrice principale du film, le choix a été compliqué. Aminata Kanta est présentée au cinéaste par son directeur de production: "Dans un premier temps je n'ai pas voulu la voir, elle me semblait être trop jeune, mais devant l'insistance d'Alan, je l'ai rencontrée, et en effet nous n'avons plus eu à chercher, " Violette " était devant moi", raconte-t-il. Cependant, au moment de quitter le Mali pour le Niger, les parents de la jeune fille ne voulaient plus qu'elle parte. Il a fallu toute la diplomatie de l'interprète local pour qu'ils acceptent de la laisser entre les mains de l'équipe du film.De même le personnage de Bouba devait être interprété par un acteur qui n'a pu répondre favorablement au casting pour des raisons religieuses: subissant la pression de la société à laquelle il appartenait, il ne pouvait approcher de près la jeune héroïne et par conséquent tourner les scènes amoureuses. "Nous avons dû recommencer le travail de casting et nous avons trouvé, Adoum Moussa, un jeune homme orphelin qui avait de réelles possibilités d'acteur", précise le cinéaste.