Après Romanzo criminale (2006), Michele Placido revient sur le mouvement estudiantin qui ébranla l'Italie au milieu des années 60. En pleine période "Mai 68", sous forme de contestations, Le Rêve Italien (2010) n'est pas seulement un film à caractère politique, c'est aussi un film autobiographique (et romantique, entre en ancien policier et une étudiante militante). Avec ses allures de téléfilm, Michele Placido parvient à capter notre attention, de par l'intrigue mais surtout grâce aux acteurs, dont Riccardo Scamarcio & Jasmine Trinca, qu'il avait auparavant déjà dirigés.
Petite déception prévisible pour ceux qui ont adoré Romanzo criminale, le précédent film de Placido. La description de la contestation étudiante des années 60 en Italie ressemble un peu à ce que nous avons connu en France. Même romantisme adolescent, même contestation bourgeoise, même absence de recul critique sur les dérives communistes, même emportement anti-américain. Le traitement cinématographique de ce mélo politico-sentimental souffre des mêmes défauts. Heureusement, nous avons pu apercevoir la sublime et trop rare Laura Morante et ça suffit à notre bonheur!
Après un « Romanzo Criminale » du plus bel effet, il est peu dire que le retour de Michele Placido derrière la caméra était attendu, et c'est pourquoi ce « Rêve italien », surtout lorsque l'on connaît son sujet, était porteur d'espoir. Hélas, loin d'être un mauvais film, force est de reconnaître que celui-ci ne tient pas toutes ses promesses. Infiniment moins personnel que sa chronique « gangsterienne » et souffrant surtout d'un cruel manque de rythme à plusieurs reprises, « Le Rêve italien » s'apparente plus au final à un plaidoyer humaniste qu'à une grande leçon de cinéma. On en vient même à être abasourdi devant quelques lourdeurs de style particulièrement incroyables (l'affrontement entre les forces de police et les étudiants tournés intégralement au ralenti) et une émotion que l'on aurait aimé nettement plus présente. Néanmoins, tout est loin d'être à jeter dans le film, et il serait vraiment injuste de ne retenir que les aspects négatifs du film. On peut en effet saluer notamment la volonté de Placido à nous raconter tout de même une histoire digne de ce nom, mais surtout des personnages pour une fois très loin d'être sacrifiés et offrant au contraire une assez belle intensité dramatique au film, certes loin du bouleversement que l'on était donc en droit d'attendre mais toutefois suffisante pour nous intéresser un minimum aux différents enjeux jusqu'au bout, les différents acteurs s'avérant tous à la hauteur (Riccardo Scamarcio et la belle Jasmine Trinca en tête.) Au final on se retrouve donc partagé entre l'impression d'avoir tout de même vu un film des plus honorables (notamment sur le fond), mais aussi la déception tant Michele Placido avait su placer la barre haute quelques années auparavant, trop haute à n'en pas douter...
Si la première moitié est une reconstitution passionnante des révolutions étudiantes dans l'Italie de la fin des années 60 (un sujet historique trop peu traité en France) avec un excellent travail sur les ambitions de chacun des personnages -étudiants maoïstes, parents dépassés, policiers sans pitié et même les factions fascistes-, la seconde moitié s'embourbe dans un double mélodrame, celui de l'amour secret des deux protagonistes sur le sempiternel principe de l'amour impossible, et celui reposant sur les peurs du jeune frère effrayé par l'idée d'abandonner son père est malade en cas d'arrestation... Allez camarades, sortez les violons!
La reconstitution de l'époque, le 1968 italien, et ses luttes politiques et sociales historiques, peut vraiment intéresser. Par contre le manichéisme peu fin et la nette perspective hagiographique pour les révolutionnaires peuvent agacer, surtout que, même si ce n'est pas mal filmé, on reste loin du talent formel éblouissant d'Eisenstein.
Bien loin du passionnant "Romanzo criminale" voici "Il grande sogno" (cette fois-ci traduit et adapté en un plat "Le rêve italien" pour la sortie française), sorte de logorrhée nostalgico-nombriliste sur comment devenir comédien quand on est parti du mauvais pied. Nicola Casella (en fait Michele Placido, sous alias) qui est pauvre, nanti de 7 frères et soeurs et vient des Pouilles misérables intègre une école de police, sur les traces d'un oncle carabinier. Atypique parce qu'intéressé par le théâtre, il est repéré par ses supérieurs et envoyé infiltrer les milieux estudiantins romains - nous sommes en effet fin 67 début 68, et l'Italie des universités est en pleine ébullition libertaire. Il rencontre lors de sa tâche d'espion la très bourgeoise et idéaliste Laura et entame une histoire d'amour avec elle. Las, la force publique ayant abandonné ses travaux de reconnaissance, Nicola ayant réintégré l'uniforme et étant au nombre des assaillants de la faculté occupée, ses affaires se gâtent avec sa belle, au nombre des personnes arrêtées. Quelques péripéties plus tard, Nicola a quitté la police et réussi à entrer au Conservatoire. Ayant trouvé sa voie, il retrouvera Laura, de plus en plus militante et engagée, recasée avec Libero, camarade étudiant et prolétaire, d'ailleurs son premier choix sentimental, et la séduira encore, façon brève rencontre, sur fond de deuil familial annoncé et de compromission anarchiste d'un jeune frère. Cette tranche de vie avec la chienlit soixante-huitarde, version transalpine, en toile de fond est de médiocre intérêt. Seuls quelques beaux mouvements de caméra pour les scènes de foule, et l'honnête performance des acteurs, sauvent (un peu) l'ensemble d'un épais ennui.
Sorte de séquelle à la Buongiorno Notte, de plus hors les images d'Epinal; Michele Placido crée une atmosphère déroutante contenant plusieurs faits inédits dont ces fachistes et communistes réunis ensemble pour la politique et de fait au climat envahi d'une chaleur humaine parfois communative.
Il faut se méfier de ses souvenirs de jeunesse, de ses idéaux et de ses rêves d'un monde meilleur. Qui plus est quand on est devenu un artiste, comme Michele Placido, et que la nostalgie (camarade !) vous incite à concocter un pot au feu où lutte idéologique et romance amoureuse forment un singulier mélange. Autobiographique, Le rêve italien est un film brouillon et parfois indigeste avec quelques moments séduisants (l'interprétation y est pour beaucoup : Jasmine Trinca, belle comme une aurore) qui brouillent notre perception. Malheureusement, on ne sort guère des clichés de l'époque, fût-elle italienne, cette ambiance soixante-huitarde que le cinéma transalpin a déjà traité, et bien mieux, auparavant. Le rêve italien n'a pas l'énergie bouillonnante de Romanzo criminale avec ses affèteries inutiles (ralentis, passages subits au noir et blanc ...), et n'évoque que de façon lointaine les films engagés des Bellochio, Bertolucci ou Rosi. Manque de rigueur, excès d'attendrissement pour une ère révolue ? Sans doute. Le film ne manque pas d'un certain charme, mais de façon vraiment trop diffuse pour aimanter son public.
Un drame italien intéressant , mené par une palette de personnages mais qui va trop dans la vitesse . Racontant la vague rouge qui a emporté la jeunesse aussi bien italienne qu'européenne en 1968 , le scénario nous décrit une idée de l'Italie d'après-guerre , le rêve d'une société égale et libre ou tous seraient égaux et amis mais j'ai trouvé le film trop gentil avec certains idéaux , faisant de la police les grands coupables de la répression : le film semble prendre le parti-pris du communisme (C'est l'impression qu'il m'a laissé en tout cas...) . Mené par le remarquable Riccardo Scarmacio , le casting est juste bon avec la ravissante révolutionnaire Jasmine Trinca ou le Che d'Italie Luca Argentero ! Depuis son "Romanzo Criminale" , Michele Placido profite de sa nouvelle notoriété et sort une mise en scène très rapide , trop même pour pleinement développer l'histoire : certains personnages disparaissent et réapparaissent comme des fantomes , et certaines scènes semblent interminables a passer ! Un film intéressant sur une année folle et créative mais qui aurait pu être rallongé pour mieux développer !
Sujet très interessant et brillament traité par le réalisateur, avec une pointe d'humour, dans cette Italie révolutionnaire de la fin des années 60, l'histoire de ces étudiants, leurs revendications et les moyens de lutte pour qu'on les écoute, est captivante, le tout interprété par des acteurs sincères et intenses. A noté aussi que les alternances images d'archives réelles/film sont très bien faites, les plans photographiques sont judicieux. On regrettera un peu des détails histoire, parfois, pas assez approfondies. C'est un film de qualité, j'ai passé un agréable moment.
4 568 abonnés
18 103 critiques
Suivre son activité
1,0
Publiée le 3 octobre 2020
Je suis désolé d'annoncer que Le Rêve italien de Michele Placido est en désordre. Il serpente d'un point prévisible à un autre encore plus prévisible. L'aspect le plus frustrant est peut-être que Placido essaie de transmettre ce pastiche comme un souvenir personnel sérieux. Non tout ressemble et se sent comme une invention sentimentale. Massimo Popolizio a un visage intéressant mais il est tout simplement ennuyeux à l'écran parce que je ne peux pas croire ce qu'il dit ou fait. Jasmine Trinca est une actrice très spéciale mais elle a un personnage de feuilleton à jouer. Elle lui donne de la dignité et son effort est à applaudir. Mais pourquoi dites-moi juste pourquoi Placido a dû la montrer nue, une frontale totale de la manière la plus gratuite imaginable. Luca Argentero quant à lui est engageant et convaincant et même si je ne pouvais pas croire en son personnage. C'est un long film prétentieux et totalement inutile. Pourquoi était-il en compétition à Venise je m'interroge...