John Carter : les secrets du tournage

Avant d'être un long métrage, John Carter est l’œuvre du romancier Edgar Rice Burroughs, le créateur de Tarzan. C'est le premier volume du Cycle de Mars (ou Cycle de Barsoom), publié en 1912 et intitulé La Princesse de Mars, qui sert de base au scénario du film d'Andrew Stanton.

Avec son univers désertique qui n'est pas sans rappeler les planètes Tatooine ou Géonosis, il serait tentant de dire que John Carter s'est inspiré de Star Wars... En vérité, c'est l'inverse qui s'est produit : John Carter étant un classique de la science-fiction, se sont ses aventures qui ont été une source d'inspiration pour George Lucas, le créateur de la galaxie lointaine, très lointaine...

Le réalisateur Andrew Stanton est tombé dans la marmite John Carter tout petit, à l'âge de douze ans. La lecture du cycle complet d'Edgar Rice Burroughs l'a marqué durablement, au point d'avoir eu l'idée de porter la saga au cinéma "depuis longtemps".

Pour trouver les interprètes parfaits au couple formé par John Carter et Dejah Thoris, Andrew Stanton a bénéficié d'une certaine liberté. Le studio Disney n'a par exemple pas imposé l'engagement de grandes stars, malgré l'importance du projet, pour que le public puisse mieux "croire que les acteurs étaient bien les personnages qu’ils jouaient."

Le film John Carter est une vraie réunion d'anciens acteurs ayant tourné dans des adaptations de comics ! Ainsi, nous avons pu voir Taylor Kitsch dans X-Men Origins: Wolverine (le mutant Gambit, c'était lui). Autre transfuge de ce même film, l'actrice Lynn Collins, qui jouait Silver Fox. Quant à Willem Dafoe, il délaisse son déguisement de Bouffon Vert (Spider-Man), pour celui d'un martien de la même couleur. Citons aussi James Purefoy (héros éponyme de Solomon Kane), Dominic West (300), Ciarán Hinds (Ghost Rider 2 : L'esprit de vengeance), Mark Strong (Kick-Ass, Green Lantern) et Thomas Haden Church (Spider-Man 3).

Le tournage de John Carter a débuté le 4 janvier 2010 au Royaume-Uni soit... plus de deux ans avant la sortie mondiale du film (mars 2012) ! Ce délai impressionnant s'explique naturellement par la somme conséquente d'effets spéciaux à concevoir en post-production.

Après quatre mois de tournage dans des studios anglais, l'équipe de John Carter s'est installée dans l'Utah afin de réaliser les séquences martiennes. La ville de Moab, le lac Powell, les marais salants du Delta (à Hanksville) et Big Water sont autant de lieux qui ont servi de décor pour recréer Mars. Mais contrairement aux températures martiennes (inférieures à 0°), c'est une chaleur extrême qui a pesé sur la production, avec des pointes à 48° !

Les Tharks ont beau être des extraterrestres à la peau verte mesurant trois mètres de haut et créés numériquement, ils sont pourtant joués par de vrais acteurs, en direct sur le tournage grâce à la fameuse motion capture. Andrew Stanton détaille la mission très particulière qui attendait les acteurs (dont Willem Dafoe qui incarne Tars Tarkas) : "Je leur ai dit : « ça vous dirait de porter un pyjama gris dans le désert, à température ambiante de 40°C, en étant monté sur échasses ? » et ils m’ont répondu « où est-ce qu’on signe ? ». Il se trouve que c’était le meilleur moyen de leur vendre le projet, en leur exposant la vérité, aussi moche soit-elle."

Pour écrire le scénario de John Carter, Andrew Stanton s'est entouré de fans du personnage. Le réalisateur (et scénariste du film) se souvient : "Quelqu'un m'a raconté que Michael Chabon, qui avait remporté le Prix Pulitzer, adorait le "Cycle de Mars". Comme je le connais, je l'ai appelé. Je pensais qu'il ne serait pas disponible mais, par chance, il m'a dit oui. En travaillant ensemble tous les trois [dont Mark Andrews], on s'est rendu compte que nous avions tous fait des dessins des personnages du livre quand on était petits. On les avait gardés et nous nous les sommes montrés."

Intituler le film John Carter n'a pas été chose aisée ! Le premier titre envisagé était celui du roman d'Edgar Rice Burroughs, La Princesse de Mars. Mais le mot "princesse" pouvant rebuter les jeunes garçons, Andrew Stanton a opté pour John Carter of Mars. Un ultime changement l'a raccourci en John Carter, parce que le genre science-fiction aurait pu éloigner le public féminin.

En s'attelant à John Carter, Andrew Stanton ne s'est pas contenté d'acheter les droits d'adaptation du premier volume du Cycle de Mars. En effet, si le film est un succès, Stanton désire porter à l'écran les deux opus suivants : Les dieux de Mars et Le seigneur de la guerre de Mars… Et en tant que fan de cet univers, il rêve même de voir une gigantesque saga de... onze films (soit autant que le nombre de romans écrits par Edgar Rice Burroughs).

Soldat, sauveur, guerrier et... archéologue, John Carter sait tout faire ! Alors qu'ils tournaient dans l'Utah, des membres de la production ont découvert un énorme os de dinosaure. L'os (un fémur ou une omoplate) appartenait à un Sauropode, une espèce mesurant jusqu'à 18 mètres de long. Des fouilles ont ensuite été entreprises par des archéologues. La morale de l'histoire : les créatures incroyables ne sont pas l'apanage de Barsoom !

En se basant sur les romans d'Edgar Rice Burroughs, un linguiste a entièrement créé le langage martien des Tharks, ces extraterrestres verts à quatre bras.

Le film John Carter possède un univers extrêmement riche, et il est parfois difficile de s'y retrouver avec toutes ses espèces extraterrestres. Un petit exposé s'impose. Commençons avec Dejah Thoris (Lynn Collins), qui est une Héliumite. Les Héliumites se font aussi appeler "Hommes rouges" à cause de leurs tatouages écarlates. Autres habitants de Mars, les Zodangiens. Sab Than (Dominic West) est l'un d'eux. Plus mystérieux, les Therns, qui sont représentés ici par Matai Shang (Mark Strong). Et terminons enfin avec les fiers Tharks, aussi surnommés les "Hommes verts".

Au début des années 30, Robert Clampett (réalisateur d'épisodes des Looney Tunes) avait pour projet de créer un dessin animé John Carter. Si ce film d'animation avait vu le jour, il aurait été le premier long métrage d'animation américain de l'histoire, à la place du légendaire Blanche-Neige et les sept nains (1937).

Depuis 2004, différents studios et réalisateurs ont tenté de voyager vers Mars avec John Carter... mais sans succès. Les droits du livre appartenaient à la Paramount, qui a successivement développé le film avec Robert Rodriguez (Sin City), Kerry Conran (Capitaine Sky et le monde de demain) et enfin Jon Favreau. Jusqu'en 2006, le réalisateur du futur Iron Man (2008) était attaché au projet. Mais au moment de renouveler les droits du livre, la Paramount a préféré se concentrer sur Star Trek. En janvier 2007, Disney a finalement acheté les droits de la saga. L'aventure peut commencer...

Après Brad Bird (Les Indestructibles, Ratatouille) avec Mission : Impossible - Protocole fantôme, Andrew Stanton (Le Monde de Nemo, WALL·E) est le second réalisateur de Pixar à se lancer dans un film en prises de vues réelles.

En 2012, Taylor Kitsch est à l'affiche de deux super-productions. Après avoir foulé le sol de Mars, il reviendra sur Terre pour Battleship, un film de science-fiction dans lequel il incarne un jeune officier de marine engagé dans une bataille navale contre des envahisseurs extraterrestres...

Le budget de John Carter était supérieur de 20 millions de dollars à celui d'Avatar, de James Cameron. Le film a cependant été un échec commercial. Andrew Stanton aurait surestimé la popularité du personnage auprès du jeune public. Il aurait également souhaité ne pas orienter la promotion du film sur les effets spéciaux et le fait qu'il s'agisse d'un blockbuster, afin de rester le plus fidèle aux origines du personnage, et ce contre l'avis des producteurs. Ainsi, les spectateurs ne se sont pas déplacés en masse et le film n'a rapporté que 30 millions de dollars pour son premier week-end d'exploitation.