Avec « Dans ton sommeil », Caroline et Eric Du Potet signent une pellicule qui se rapproche grandement du film de genre à proprement dit, chose que ne renieront pas les amateurs. Grâce à une mise en scène très soignée et des acteurs vraiment séduisants, ils accouchent d'un spectacle original, envoutant et empreint de poésie, malgré son côté glauque et profondément sombre. Malheureusement, ce premier long-métrage est desservi par certains côtés, notamment quelques maladresses naratives.
Une maison isolée à la campagne. Un cambrioleur qui rôde. Un téléphone portable oubliée. Un téléphone fixe pas encore installé. Oui, on peut dire que tout était vraiment fait exprès cette nuit là chez Sarah pour vivre la soirée idéale d'un bon film d'horreur ! Au détour du route de forêt, cette dernière rencontre accidentellement un adolescent, pris en chasse par un homme mystérieux, et c'est le début d'un long cauchemar... Cauchemar durant lequel les réalisateurs vont cultivés un côté ambigu et malsain. La course-poursuite habituelle qui caractérise les « survivals » vire dans la seconde partie, beaucoup moins exsangue que la première, en une autre tournure du jeu du chat et de la souris, bien plus psychologique celle-là. On sent la volonté de nous surprendre de la part des frères et sœurs Du Potet, de nous manipuler, un peu comme le font les personnages de leur film, et ce n'est pas ça que l'on pourra leur reprocher. Malgré tout, c'est dans cette phase de surprise et de rebondissements que l'on peut se retrouver totalement déconcertés. Les choix de montage en laisseront dubitatif plus d'un, et sont un tantinet maladroits. Mais bon, on aurait sans doute aussi pu railler ce long-métrage si il avait une approche et une trame bien plus conventionnelles, et au moins, les deux réalisateurs ont pris un parti artistique et s'y sont tenus jusqu'au bout. Même si ce système narratif n'est pas toujours très convaincant, il faut avouer que leur mise en scène a néanmoins de la gueule et ne manque pas d'ambition, là où l'on reproche souvent à d'autres d'en manquer ou d'être impersonnelle. Côté casting, du bon. Anne Parillaud, éternelle « Nikita », le toujours impeccable Thierry Frémont, la participation de l'excellent Jean-Hugues Anglade, et le jeune Arthur Dupont, grand espoir du cinéma français et véritable révélation ici. Tous ces acteurs se démènent pour faire vivre leurs personnages avec force, car leurs traits de caractère et leurs blessures secrètes ne sont pas laissés à l'abandon, ce qui donne beaucoup d'impact à l'ensemble.
Mais si la première demi-heure de « Dans ton sommeil » est vraiment très encourageante, le reste est moins réussi, moins bien négocié, et c'est fort dommageable. Glissant sur la pente savonneuse du trop intellectualisant et du trop psychologisant, le film se perd un peu, et le rythme en pâtit lourdement. Et là encore sur le final, des éléments peuvent laisser perplexe. Sa belle atmosphère froide et parfois même dérangeante se dissipe progressivement, laissant place à des jets de sang de plus en plus nombreux, et le film s'embourbe, ce en dépit des véritables efforts fournis.
Un gros DOMMAGE au final pour « Dans ton sommeil », qui a tout pour plaire énormément avant de se saboter tout seul. Reste à surveiller les Du Potet, qui montrent tout de même de bien belles qualités de metteurs en scène, notamment vérifiable dans leurs choix de plans, sobres et soignés, et l'ambiance qu'ils arrivent à créer par instant. Manque plus qu'a travaillé la construction du récit !
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