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    Lourdes
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Lourdes" et de son tournage !

    Troisième film, premier en français

    De nationalité autrichienne, Jessica Hausner tourne avec Lourdes son troisième long-métrage après Lovely Rita (2001) qui narre la dérive d'une adolescente renfermée et introvertie et Hôtel (2004), sorte de thriller décalé aux allures de conte de fées. A noter que ses deux premiers longs métrages ont été sélectionnés au Festival de Cannes en catégorie Un Certain Regard. Lourdes est son premier film réalisé en langue française, choix délibéré de sa part: "Cela pouvait me permettre de porter un regard vierge sur l'univers de Lourdes, afin de trouver un point de vue distancié sur ce que cette ville représente et sur ce que ces gens y font..."

    Lourdes, lieu d'espoir

    A la base du projet, Jessica Hausner souhaitait tourner un film sur un miracle, qui représente, à ses yeux, "un paradoxe, une fêlure dans la logique qui nous amène vers la mort". Elle s'est donc lancée dans des recherches pour trouver le lieu adéquat où se produirait un tel événement. Lourdes est alors apparu comme une évidence. Si la cinéaste a choisi cette ville mondialement célèbre, c'est aussi parce que "les pèlerins s'y rendent dans l'espoir de vivre un miracle" même s'il n'est pas voué à se produire.

    Histoire de guérisons

    A Lourdes, tout a véritablement commencé en 1858. Cette année-là, la Vierge Marie apparaît 19 fois de suite à Bernadette Soubirous dans la grotte de Massabielle à Lourdes. La même année, une femme atteinte de paralysie cubitale, présente dans cette même grotte, est inexplicablement guérie. Très vite, des médecins sont dépêchés sur place et chargés de contrôler les guérisons. Ce n'est qu'après examen de leur part que sont déclarés comme officiels les miracles qui se produisent à Lourdes. En 1905, un Bureau Médical des Sanctuaires est fondé de manière permanente dans cette ville des Pyrénées. Sa mission : mener des enquêtes d'authentification pour toute déclaration de guérison. Le Bureau Médical existe toujours.

    Miracle, vous avez dit miracle ?

    Depuis la création du Bureau médical, 7000 guérisons ont été examinées. Seules 66 d'entre elles ont été considérées comme des miracles aux yeux de l’Église. Un miracle ne peut être établi que sous l'égide de deux conditions : il doit avoir lieu dans des conditions imprévisibles et doit se produire dans un contexte de foi. Le guéri est suivi pendant près d'un an. Sont étudiées tous les caractéristiques de cette guérison (physique, psychique, mentale) et ses impacts sur l'état moral du miraculé (ostentation ou ouverture spirituelle).

    Ceci n'est pas une oeuvre religieuse

    Malgré son titre et son contexte, Lourdes n'est pas un film spécifiquement chrétien. C'est ce qu'affirme Jessica Hausner, qui a utilisé le célèbre lieu historique pour développer un récit plus général et questionner le sens que l'on peut donner à son existence. L'approche de la cinéaste se veut plus philosophique que véritablement religieuse, puisqu'il se fonde sur des enjeux d'ordre existentiel et sur ce qu'est la foi, au-delà de son caractère sacré.

    Croyance ou arbitraire ?

    Jessica Hausner a cherché à s'interroger sur les réactions des miraculés. Ont-ils fait preuve d'une foi inébranlable ? Se sont-ils comportés en bons chrétiens ? La guérison est-elle liée à leurs croyances ? Ou repose-t-elle sur de l'arbitraire ? La cinéaste explique à ce propos que ceux qui sont touchés par cette grâce se demandent ce qu'ils doivent faire pour légitimer leur miracle.

    Le miracle n'en est pas un

    Jessica Hausner a aussi choisi le monument de Lourdes pour répondre à une autre motivation, celle de montrer l'envers du miracle : "On penserait à première vue que le miracle ne peut être que positif : un paralysé est soudainement guéri. J’ai cependant trouvé lors de mes recherches des histoires de guérison où le miraculé fait une rechute : le miracle n’a pas duré." La réalisatrice espère ainsi mettre en avant l'ambivalence de ces événements qui semblent d'abord prodigieux mais qui s'avèrent néfastes en fin de compte : "Il y a un parallèle avec le côté arbitraire de la vie : certaines choses nous paraissaient merveilleuses, miraculeuses même, et puis deviennent horribles ou tout simplement banales."

    Un Disneyland catholique ?

    L'actrice Sylvie Testud reconnaît que Lourdes est une ville pleine d'ambivalences : si la foi permet le rassemblement de toutes sortes de populations, elle consiste aussi en une activité très lucrative : "Ce lieu peut provoquer tout et son contraire. C'est un terrible supermarché de la religion avec toutes ces icônes de Jésus crucifié ouvrant les yeux, ces cendriers à l'effigie de la Vierge..."

    Quant à Léa Seydoux, elle affirme être allée à Lourdes en pensant que le film pourrait éventuellement raviver en elle une forme de croyance. C'est tout le contraire qui s'est produit, la jeune actrice n'hésitant pas à dénoncer ce qu'elle a vu là-bas : "On ne se rend pas compte de l'argent que la course aux miracles engrange ! Exploiter l'espoir des gens comme si on leur vendait de la drogue. En revenant de Londres, je croyais encore moins en Dieu".

    Le comédien Bruno Todeschini ne mâche pas non plus ses mots : "Je ne connaissais pas ce lieu. J’ai découvert une ville qui ressemble à une grande fête foraine avec des gadgets partout, un Disneyland catho".

    Conversations cléricales

    Durant la préparation du film, Jessica Hausner s'est mise en contact avec des représentants des institutions chrétiennes pour leur expliquer son projet et la façon dont Lourdes serait filmée. Elle s'est également entretenu avec des théologiens autour de la question du miracle. La réalisatrice précise que les questions soulevées dans le film sont également au centre des réflexions de l’Église.

    Un an pour obtenir le sésame

    Il a fallu environ un an à Jessica Hausner pour se procurer une autorisation de tournage à Lourdes. La cinéaste a dû se rendre plusieurs fois sur les lieux de pèlerinage pour négocier avec les responsables des différents sanctuaires.

    Ordre de Malte

    L'Ordre de Malte est un organisme français qui gère les œuvres et activités hospitalières. Cette structure a pour objectif de lutter contre la lèpre, de participer à la réinsertion sociale et de porter secours aux pèlerins. L'Ordre de Malte envoie chaque année des médicaments non utilisés en Afrique. Si Jessica Hausner a choisi cet organisme pour son film, c'est parce qu'il s'agit d'un système à lui tout seul qui reflète celui qui régit l'ordre social. En effet, l'Ordre de Malte se base sur des rapports hiérarchisés où les individus procèdent en fonction des attentes collectives.

    Multiples refus au casting

    Plusieurs actrices ont refusé de jouer dans le film, au motif qu'interpréter une femme paralysée serait préjudiciable pour leur carrière. D'autres comédiens se sont montrés dubitatifs à cause du contexte ultra-religieux dans lequel se situe Lourdes.

    Testud en faveur de la dérision

    Sylvie Testud a accepté le rôle qui lui était proposé du fait qu'elle trouvait dans le scénario un aspect "conte de fée pas propre", mais aussi pour l'insolence du propos. L'actrice ne voulait pas d'un film qui critique sans vergogne les dogmatismes religieux mais qui sache passer par l'ironie et la dérision.

    Dans la peau d'une invalide

    Peu avant la réalisation de Lourdes, Sylvie Testud et Jessica Hausner se sont rendues dans des centres hospitaliers pour y rencontrer des malades et des personnes paralysées. Elles ont également travaillé avec une physiothérapeute. Pendant toute une partie du tournage dans des lieux publics à Lourdes, Sylvie Testud devait rester immobile en fauteuil roulant. Se lever devant les personnes invalides autour d'elle aurait pu être pris pour une insulte ou une moquerie. L'actrice, qui interprète une malade atteinte de sclérose en plaque, ne pouvait que bouger son visage. Au point qu'elle a eu le sentiment qu'elle était dépossédée de son corps. L'expérience fut très difficile à vivre, au point que Testud s'est sentie à part entière comme une personne handicapée.

    Un acteur ne saurait être respectueux

    Sylvie Testud avoue avoir fait preuve d'indécence totale lors de conversations avec des filles de 17 ans rencontrées en amont du tournage et atteintes de maladies incurables et mortelles. Elle posait toutes sortes de questions afin de mieux créer son propre personnage et précise qu'elle a dû parfois se montrer indiscrète, notamment sur la sexualité de ces demoiselles. Explications de l'intéressée : "En tant qu'acteur, il faut une énorme dose d'irrespect au cours du travail d'approche...".

    Handicap et bien-être

    Jessica Hausner précise que durant ses recherches sur la maladie et le handicap, elle a découvert que cette situation pouvait déboucher sur quelque chose de surprenant : "En étant handicapée, on peut y trouver une sorte de normalité et un bien-être inattendu. Jour après jour, la vie continue, telle qu’elle est."

    Corset oblige

    Pour mieux incarner son personnage austère, ferme et rigide (une femme œuvrant pour l'Ordre de Malte), Elina Löwensohn a été amenée à porter un corset pendant la première partie du tournage. C'est Jessica Hausner qui l'a exigé afin que l'actrice puisse être contrôlée de la tête aux pieds.

    A mi-chemin entre Dreyer et Tati

    Jessica Hausner avoue avoir puisé son inspiration dans Ordet (1954), le chef d’œuvre danois réalisé par Carl Theodor Dreyer, mais aussi chez Jacques Tati pour son humour des plus subtils.

    Une mise en scène minimaliste

    Jessica Hausner n'a pas voulu avoir de discussions trop poussées avec ses acteurs afin que les contours des personnages restent flous. Elle refusait qu'il y ait toute forme de psychologie détaillée. La démarche de la cinéaste était de favoriser l'approche technique et esthétique. La cinéaste a simplement demandé aux acteurs de dire leur texte de façon musicale, avec des variations de tempi et de volumes de voix.

    Une scénographie millimétrée

    Pour la mise en scène de Lourdes, Jessica Hausner a confectionné un story-board pour élaborer les mouvements de caméra et imaginer les cadrages. Ce story-board fut utilisé sur le tournage. Les comédiens ont reçu des consignes précises pour leurs déplacements à l'intérieur d'un cadre imposé. La réalisatrice a cherché à faire des séquences du film de véritables ballets dansants mais avoue que cette approche chorégraphique a parfois dérouté les acteurs.

    Cérémonies en temps réel

    Jessica Hausner a voulu montrer les rituels et autres formes de cérémonies religieuses à Lourdes dans leur durée réelle, de manière à faire ressentir l'ensemble des éléments du processus de pèlerinage.

    A propos des éclairages

    Il a fallu se montrer rigoureux concernant les éclairages dans Lourdes. Toute exposition lumineuse trop prononcée pouvait faire basculer le film du côté du sacré, ce que Jessica Hausner cherchait à éviter. De ce fait, elle a cherché à créer une lumière qui fasse allusion à une force supérieure sans pour autant la citer. Pour ce faire, la cinéaste autrichienne a réutilisé les astucieuses méthodes de Carl Theodor Dreyer sur Ordet (1954), dans lequel des éclairages justifiés (phares de voitures, lampes...) peuvent être interprétés comme signes célestes.

    Huis clos et uniformes

    Jessica Hausner assume sa fascination pour les huis clos et pour les codes vestimentaires. Ainsi, dans Lovely Rita (2001), qui se déroule en cellule familiale, les personnages portent des tenues scolaires. Dans Hôtel (2004) qui prend place précisément en ce lieu, ils sont habillés d'uniformes de service. Enfin, avec Lourdes, à la fois titre et unique décor du film, Hausner a souhaité vêtir tous ses personnages de l'uniforme de l'Ordre de Malte.

    Double prime

    Lourdes n'est pas passé inaperçu au Festival de Venise, où il a été gratifié d'une double récompense : le Prix FIPRESCI de la Critique International et le Prix Signis du Jury Œcuménique.

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