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    Z32
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Z32" et de son tournage !

    Vu à Venise

    Z32 a été présenté en 2008 à la Mostra de Venise dans la section Orizzonti.

    L'ABC de Z32

    Auteurs de documentaires percutants et très personnels comme Comment j'ai appris à surmonter ma peur et à aimer Ariel Sharon (1997) ou Pour un seul de mes deux yeux (2005), Avi Mograbi expose la genèse du projet : "Depuis 2004, je travaille bénévolement pour Shovrim Shtika ("Briser le silence"), un groupe d'anciens soldats. Pour eux, j'écoute des témoignages de soldats qui ont servi dans les territoires occupés et je les derusche. Dans ce cadre, j'ai entendu des dizaines de témoignages et l'un était celui de Z32 (Z32 est le nom de code du soldat dans les archives). C'était un témoignage très fort, et j'ai tout de suite pensé qu'il fallait en faire un film, pas nécessairement moi, puisque mes films ne reposent jamais sur des interviews. A l'époque où j'ai commencé à travailler pour Shovrim Shtika, je finissais Pour un seul de mes deux yeux, et à la fin du film, il y a un clash entre moi et des soldats, à un barrage près du mur de séparation. A la même époque, mon fils a décidé de ne pas faire son service militaire. Sachant que sa décision était intimement liée à cette scène, parce qu'il ne voulait pas devenir ce soldat israélien qui refuse de laisser le passage à des enfants palestiniens revenant de l'école, j'ai décidé de faire Z32."

    L'avis de Mograbi

    Si le film repose sur le témoignage d'un soldat israélien, le film se veut une réflexion plus vaste sur l'armée : "Toutes les armées du monde pratiquent ce type de lavage de cerveau : entraîner une personne à agir sur commande. La plupart du temps, les soldats ne discutent pas, ils ne réfléchissent pas. On appuie sur le bouton et ils passent à l'action. La plupart des gens de 18 ans sont peu contrôlables mais l'armée les rend contrôlables. C'est un processus universel et il ne concerne pas seulement les armées d'Etat, mais les groupes de libération et toutes les organisations armées. Bien sûr, Z32 parle du Moyen Orient, mais vous pouvez aussi y voir les soldats américains en Irak, les Français en Algérie ou les Russes en Tchétchénie. Au début du film, je pensais traiter du conflit israélien, et ce n'est qu'au cours du tournage que j'ai compris que le sujet est beaucoup plus large."

    Mograbi, plein chant

    Avi Mograbi a l'habitude de s'impliquer personnellement à l'écran dans ses films. Mais ses interventions dans Z32 sont d'une nature très particulière, puisqu'il s'agit de séquences de chant, qui ponctuent le récit. C'est le registre "du choeur antique ou de la distanciation brechtienne", précise le cinéaste, qui ajoute : "Ce qu'expriment mes chansons est une sorte de désespoir, le désespoir qu'induit la réalité israélienne, la frustration, aussi, et l'impuissance de ne pas pouvoir changer cette réalité. Le commentaire n'est pas une chose ordinaire dans le genre documentaire. Cela dit, je n'ai rien inventé, cela vient du théâtre : le commentateur posté dans un recoin du décor, qui exprime ses doutes et ses réserves, ses questions existentielles. Les masques aussi viennent du théâtre grec, ils permettent de tirer un visage singulier vers l'universel"

    Le flou du spectacle

    La manière dont les visages sont masqués dans le film est très originale et troublante. Avi Mograbi s'explique : "J'ai vu beaucoup de films avec des gens dont le visage est dissimulé avec des masques, des keffiehs, des pixels - ce qui peut fonctionner sur une durée courte - mais est impossible à dans le cadre d'un long métrage. Par ailleurs, il fallait que je puisse voir l'expression de son visage, je voulais voir ses yeux. Enfin, je voulais être sûr que le public voit que c'est un être humain, pas un " natural born killer " ni un monstre : il fallait que chaque spectateur comprenne que ce gamin pourrait être son fils. En aucun cas, je ne voulais que le masque détourne l'attention de son discours et le pointe comme criminel. Nous avons créé des masques en 3D. Pour le garçon, nous avons scanné le visage de l'un des amis de mon fils, et pour sa petite amie, celui de l'une de mes amies. Puis le responsable des effets spéciaux en a fait un masque en 3D qui peut s'adapter à leurs visages. Dit comme ça, ça a l'air simple, mais techniquement, c'est très compliqué."

    Parole de soldat

    Le cinéaste évoque sa collaboration avec le soldat, dont il a obtenu les coordonnées grâce à l'association : "Il se trouve qu'il connaissait mes films, ce qui a facilité les choses. Il a tout de suite accepté de participer. Comme il est atteint d'un syndrome post-traumatique, il ne cesse de raconter cette histoire, à qui veut bien l'écouter, à des journalistes, sans jamais bien sûr exposer son identité. Avec moi non plus, il ne voulait pas exposer son identité." Avi Mograbi lui a confié une caméra pour qu'il se filme chez lui (et aussi à Delhi où il passait ses vacances). C'est le soldat qui a eu l'idée de faire participer sa petite amie, car, explique le réalisateur, "elle est la personne la plus proche de lui, et il était très important pour lui d'obtenir son pardon."

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