Présenté à Cannes 2008 ( "Un Certain regard"), "le sel de la mer" est le premier long métrage de la réalisatrice palestinienne Annemarie Jacir. Les films palestiniens, on les compte sur les doigts d'une seule main : ""Noce en Galilée", "Intervention divine", "Paradise now", et donc, "Le sel de la mer". On dit souvent que les difficultés rencontrées par un pays et ses habitants ont souvent un effet bénéfique sur le cinéma de ce pays. Concernant la Palestine, c'est sûrement vrai. Comme c'est vrai, d'ailleurs, pour le cinéma israélien ! "Le sel de la mer" nous raconte la rencontre de Soraya, une américaine de 28 ans, d'origine palestinienne, avec la terre de ses ancêtres. Parmi ceux-ci, il faut remonter à ses grand-parents pour trouver une naissance en Palestine. Ses parents, nés après 1948, sont nés au Liban. Et elle, à Brooklyn ! Et si elle fait le voyage inverse, c'est pour s'installer en Palestine. Le film est une succession de rencontres, la première, pas la plus facile, étant l'accueil des autorités israéliennes à l'aéroport ¨Ben Gourion. De Ramallah à Jaffa, de Jaffa à Dawayma/Souba, il sera question, entre autres, d'argent appartenant à son grand-père, gelé sur un compte, mais irrécupérable et de maison familiale devenue maison familiale d'une famille israélienne. Ce film nous montre en 1 h 45 mn ce que peut être le malheur du peuple palestinien qui a tout perdu ou presque, et cela, sans faire preuve, pour autant, d'un anti-israélisme farouche. Suheir Hammad, l'actrice qui joue Soraya, est elle même née en Jordanie mais a grandi à Brooklyn. Elle trouve là un premier rôle dans lequel elle montre de très bonnes qualités de comédienne, en plus d'une grande beauté. Pour finir, On notera deux anecdotes : un des palestiniens rencontrés par Soraya est un très bon sosie de Zidane; et comme dans "Intervention divine", on trouve des plans censés se passer en Palestine mais tournés à Marseille ! Probablement des tracasseries administratives des autorités israéliennes.