Sagan était initialement un téléfilm en deux parties de quatre-vingt-dix minutes ("Un charmant petit monstre" et "Des bleus à l'âme") réalisé pour France 2. Au vu de sa qualité, Luc Besson, via sa société EuropaCorp, décide d'en acquérir les droits pour le cinéma. Sorti en salles le 11 juin 2008 pour une version cinématographique de près de deux heures, Sagan sera diffusé par France 2 trois mois plus tard en format téléfilm de trois heures.
Sagan marque plusieurs retrouvailles. C'est ainsi la deuxième fois que Diane Kurys, après L'Anniversaire, dirige Pierre Palmade. Ce dernier avait déjà tourné avec Arielle Dombasle dans Astérix et Obélix contre César. Guillaume Gallienne et Lionel Abelanski avaient travaillé ensemble à deux reprises : pour Narco et Un samedi sur la Terre. Enfin, Jeanne Balibar et Denis Podalydès sont des habitués l'un de l'autre, puisqu'ils ont partagé l'affiche de trois films avant Sagan : Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle), Comédie de l'innocence et Dieu seul me voit (Versailles-chantiers).
Diane Kurys n'a pas connu Françoise Sagan. Elles avaient pourtant failli travailler ensemble : la cinéaste avait proposé à l'écrivain d'écrire le scénario des Enfants du siècle, sachant qu'elle adorait la correspondance entre George Sand et Alfred de Musset. Cela ne s'est finalement pas fait.
"J'ai toujours eu l'impression qu'elle faisait partie de ma vie", explique Diane Kurys. "En lisant les articles qui lui étaient consacrés (...) au moment de son décès, (...) j'ai vu à quel point sa vie avait été romanesque, intense, riche. (...) Je me suis mise à lire tout ce qu'on avait écrit sur elle, je me suis replongée dans ses romans, j'ai regardé ses interviews, et l'idée de faire un film sur sa vie ne m'a plus quittée."
Françoise Sagan était dotée d'une forte personnalité, difficile à cerner. Diane Kurys raconte comment elle s'y est prise pour dresser son portrait : "J'ai voulu la montrer dans son ambiguïté, à la fois proche, humaine et totalement imprévisible. Je n'ai pas cherché à la rendre meilleure qu'elle n'était, j'ai seulement voulu la rendre vraie, en essayant de m'approcher au plus près. Elle était généreuse, passionnée, passionnante et elle pouvait être un monstre d'égoïsme, elle était lâche aussi, parfois. Faire le portrait de quelqu'un, c'est aussi faire un portrait de soi-même."
En amont du tournage, Diane Kurys a tenu à rencontrer certaines personnalités qui avaient marqué l'entourange de Françoise Sagan, dont Florence Malraux, Jean-Claude Brialy ou Régine. Elle a en outre demandé au fils de l'écrivain, Denis Westhoff, d'être le conseiller artistique du film. "C'est la première personne que j'ai appelée quand j'ai eu l'idée de faire ce film", explique-t-elle. "J'avais besoin de son approbation, de son regard, et de son aide. Il lui ressemble beaucoup, j'étais d'ailleurs très impressionnée à l'idée de le rencontrer."
L'idée de faire tenir le rôle de l'écrivain à Sylvie Testud s'est très vite imposée à la réalisatrice. Lors d'un déjuner avec Thierry Taittinger qui revenait de l'enterrement de Françoise Sagan, celui-ci avait d'ailleurs dit à Diane Kurys que si un film se faisait, il faudrait prendre Sylvie Testud. Un choix que ne regrette absolument pas la cinéaste : "Cela m'a paru une évidence, et c'est elle que j'avais en tête quand je me suis lancée dans l'aventure. C'est une femme intelligente et courageuse, comme Sagan, et elle écrit elle aussi... Elle a compris le challenge que représentait le rôle. Elle a aussi un côté "petit soldat" : elle entraîne son monde derrière elle, et c'était un vrai bonheur de voir son travail, sa concentration et la légèreté avec laquelle elle avait l'air de faire tout cela."
Sur Sagan, la réalisatrice dit avoir laissé une grande liberté aux interprètes : "Depuis quelques films, moi qui avais tendance à vouloir tout contrôler, je me "lâche" sur l'improvisation. Moins on contrôle, plus on est heureux à la fin : je laisse donc aller autant que possible, dans les moments où cela vient, et en fonction des personnalités."
Quand on demande à Diane Kurys s'il existe une phrase de Françoise Sagan qui l'a particulièrement marquée, elle répond : "Je voudrais avoir dix ans, je voudrais ne pas être adulte. Voilà." Une phrase qui, pour la cinéaste, représente vraiment l'écrivain : quelqu'un qui n'a pas voulu grandir, qui a voulu, dans sa pensée, dans son mode de vie et son désir de liberté, rester une petite fille en révolte, une enfant un peu trop gâtée mais désireuse de garder son innocence.
Si Sylvie Testud indique avoir été à la fois enchantée et paniquée quand Diane Kurys lui a offert le rôle ("Je ne voyais pas de rapport évident entre Sagan et moi"), elle s'est finalement rendu compte que toutes les deux étaient finalement assez proches. "En lisant des biographies, en l'écoutant, en la regardant, j'ai effectivement découvert beaucoup de points communs. Par exemple, comme elle, j'aime les belles voitures (...) Elle explique qu'elle ne boit pas de champagne et qu'elle est très déprimée dans les soirées qui n'offrent que du champagne : moi aussi."
Sylvie Testud indique avoir rencontré certains des amis de Françoise Sagan encore en vie, mais qu'ils lui ont en fait compliqué la tâche. "Le premier la disait timide, le deuxième la qualifiait de séductrice, le troisième voyait en elle uneintrovertie...chacun se l'était appropriée." Ce sont finalement les enregistrements et l'INA qui ont le plus aidé l'actrice. "Après, c'est la vision artistique de Diane [Kurys] qu'il me fallait suivre."