Ce film est inspiré par le suicide d'Hubert Balsan, producteur indépendant qui croulait sous les dettes à force de porter à bout de bras des films difficiles mais qui n'arrivent sous nos yeux que grâce à des gens comme lui. "Le Père de mes enfants" se compose de 2 parties : avant et après. Avant le suicide, on ne quitte pas Grégoire Canvel, producteur stressé, grand fumeur, toujours au téléphone, passant du banquier qui ne veut plus prêter au réalisateur mégalomane en passant par l'URSSAF qui réclame son du. Mais également père plein d'amour pour sa femme et ses 3 filles. Après le suicide, Sylvia, sa femme, s'efforce de sauver ce qui peut l'être de la société de production avec l'aide de Serge, un ami du couple. Quant aux filles, elles cherchent à se reconstruire, passant du reproche au souvenir. Avec une caméra d'une incroyable fluidité et une parfaite direction d'acteurs, Mia Hansen-Love arrive à intéresser le spectateur à un sujet pas forcément évident, puis à l'émouvoir sans faire appel aux envolées de violon ni aux pleurnicheries. Pour interpréter les rôles principaux, c'est délibérément qu'elle a choisi choisi des comédiens peu connus, Louis-Do de Lencquesaing et Chiara Caselli. Une jeune comédienne, Alice de Lencquesaing, fille de Louis-Do, éclate dans le rôle de la fille ainée de Grégoire Canvel. Et c'est avec grand plaisir qu'on retrouve Sandrine Dumas et Eric Elmosino, 2 comédiens que le cinéma français n'utilise pas suffisamment. Un petit mot sur la musique, peu présente mais importante quand même : dans la première partie, elle est guillerette et sous légère influence sud-américaine; dans la 2ème partie, elle devient mélancolique, mélange de musique de la renaissance avec le folk écossais. Quant aux chansons, on en entend 3, dont 2 sont surprenantes (mais agréables !) pour un film sur un sujet contemporain : "Johnny remember me" par John Leyton, un vieux tube anglais des années 60, et une chanson de Lee Hazlewood. En tout cas, courez voir ce film !