Les Enfants sont partis : les secrets du tournage

L'idée de ce projet est née à l'époque où Daniel Burman terminait le tournage des Lois de la famille. "J'ai besoin de me remettre à l'écriture pour passer d'un film à l'autre, explique le réalisateur. Je crois que le jour où je tomberai amoureux de l'un de mes films, j'arrêterai de tourner. Ce film est né d'une série d'images et d'idées qui évoquent l'espace occupé par les enfants, puis abandonné par ces derniers. Des images qui évoquent également le mariage et le couple."

Daniel Burman explique pourquoi Les Enfants sont partis est plus sombre que ses précédents films et pourquoi il s'attache cette fois-ci à des personnages plus âgés que lui : "Je suis arrivé à un moment de ma vie où j'ai plus envie de projeter mes peurs sur des personnages qui me sont extérieurs que d'évoquer les angoisses qui me sont propres. Quand j'ai écrit le scénario, je savais que je ne décrirais pas la vie d'un quinquagénaire telle qu'elle est, mais que j'en parlerais à travers le regard d'un homme d'une trentaine d'années. J'ai beaucoup insisté là-dessus dans mon travail avec les acteurs, parce que je ne voulais pas réaliser un documentaire anthropologique, mais évoquer mes angoisses et mes fantasmes."

Le tournage s'est déroulé près de la Mer Morte. "On aurait pu tourner en Australie, mais j'étais allé en Israël il y a quelque temps et je m'étais dit que j'aimerais bien y tourner un film, confie Daniel Burman. Israël a quelque chose d'irréel. Je me souviens d'un t-shirt que portaient des gamins et qui me faisait honte : il portait une inscription en hébreu qui disait "Israël est un pays réel." Alors que, pour moi, ce pays est une création insolite qui a quelque chose d'irréel et de fantastique : un Etat juif entouré de Palestiniens ! Pour moi, c'est un défi aux lois de la nature qui frise avec l'absurde – comme si on cherchait à cultiver des melons en plein désert."

Le réalisateur Daniel Burman définit le "héros" comme un "être qui s'interroge sur sa vie, qui est agacé par quelque chose, comme par un léger bruit". "Les tragédies avec un grand "T" m'ennuient, raconte le cinéaste. C'est très facile de décrire la vie de personnages excentriques, alors que le quotidien est impossible à dépeindre – et c'est pourtant là qu'on trouve les vrais héros. Ce qui m'intéresse, ce sont ces personnages qui voient que tout change autour d'eux – alors qu'eux-mêmes ne changent pas – et qui se sentent perdus dans leur époque. Les héros, ce sont ces individus qui réussissent à franchir les étapes de leur vie et à accepter le présent."