En bonne forme depuis quelques années (essentiellement en matière de distribution grand public), le cinéma Allemand a également pris l'habitude d'être politisé en réfléchissant notamment sur une histoire douloureuse dont les pages les plus noires n'ont pas encore (moralement) été tournées. Avec "La Vague", une question très simple est posée (Une nouvelle dictature est-elle possible ?) face à laquelle le réalisateur tente laborieusement de répondre, s'évadant régulièrement dans le teen-movie afin de ne pas paraître trop scolaire, évoquant une expérience assez superficielle à la limite du grotesque. Démago à défaut d'être dynamique, pas futé (on fait un film fun autour d'un thème grave), il passe la majeure partie du temps à côté de son sujet, contournant voire délaissant complètement des aspects un brin complexes pour s'attacher à des détails symboliques à la limite de l'ânerie (le sigle ou le salut du groupe sont risibles) et ainsi laisser se développer en parallèle une sorte de romance lycéenne, mêlant amours, amitiés et trahisons. Tous représentatifs de clichés et d'idées reçues, les élèves ne sont en aucun cas attachants ni même intéressants. On s'esclaffe de bon coeur lorsqu'il arrive une crasse à l'un deux et l'on attend avec impatience qu'ils se bouffent les uns les autres, espérant que tout cela se finira très mal. Et puis surtout, on ne croit pas une seule seconde à toute cette mascarade. Tout est énorme, exagéré, caricatural ; le trait est forcé, l'espace-temps choisi est ridicule, la démonstration à la limite du pitoyable. Même si les masses sont généralement abruties et facilement manipulables, impossible de se laisser emporter par notre soi-disant gourou charismatique. Dans les grandes lignes, cela est peut-être valable pour une secte, et encore. En ce qui concerne le pouvoir politique, les dictatures de demain ne se feront plus à coups de bottes mais avec la force douce et un contrôle de la population principalement idéologique accepté par le consensus.