«De l’autre côté du lit» (France, 2008) de Pascale Pouzadoux, derrière son esthétique saturée de convenances et ses couleurs flashy évoquant Brigitte Roüan, n’entend rien de moins que capter le cliché d’un foyer familial français. En faisant interpréter le couple moyen par deux vedettes du cinéma populaire français, Pouzadoux, d’une part, permet de faire financer son film et, d’autre part, considère la situation du bon peuple à celles d’un P.D.G. d’entreprise. Dans le sillon des comédies sarkozystes comme «L’Antidote», «De l’autre côté du lit» déborde d’utopie. Cette croyance aveugle en une condition idéale, où le père et la mère, sur le compte de l’expérience sociale, échangent leur rôle, est médiocre. La femme devient P.D.G. à l’égal de l’homme, et l’homme devient «mère au foyer», soumis, semble-t-il, au rang de la femme. L’adoption, par les acteurs, du comportement typé du sexe opposé étaye les clichés de l’opinion commune. Pourquoi en vouloir à Pouzadoux puisque le film, dès sa promotion, n’aspire qu’à être un divertissement ? Pour deux bonnes raisons : d’une part, parce qu’elle n’entend faire du cinéma que du divertissement, témoignant par là le peu de considération spirituelle et progressiste au cinématographe, d’autre part, parce qu’elle s’avère mépriser le genre de la comédie, l’asservissant aux carcans édifiés par toute la production française de ce genre. Sans cynisme, sans scepticisme, sans ironie, «De l’autre côté du lit» ressemble à tout et, par là même, ne ressemble à rien. En choisissant de prendre un couple riche pour illustrer un foyer de quidam, Pouzadoux s’accorde à l’idéal de l’U.M.P., celui selon lequel la seule réussite se trouve dans la bonheur bourgeois. Nul désir de ma part de propager une pensée marxiste. Il s’agit davantage de critiquer le film dans la mesure où il impose une idée unique de la perfection. Refusant la pluralité qui fonde dorénavant notre société, Pouzadoux défend le pays, riche, des P.D.G. heureux.