Ricky a été sélectionné pour la compétition du 59e Festival de Berlin. François Ozon est un habitué de ce festival : en 2000 Gouttes d'eau sur pierres brûlantes y a décroché le Teddy (prix gay) ; en 2002, un prix d'interprétation collectif a salué les comédiennes de 8 femmes ; en 2007, Angel a fait la clôture du festival.
François Ozon, connu pour ses choix de casting étonnants, a fait appel, pour le rôle de la mère, à Alexandra Lamy, actrice qui avait jusqu'alors joué dans quelques comédies, mais dont le nom reste attaché à la série à succès Un gars, une fille. C'est d'ailleurs là que le réalisateur avait repéré son talent. "Elle a un don pour la comédie, une grande répartie, une rapidité et un rythme qui me rappellent les actrices américaines des screwball comédies, mais je pressentais qu'elle devait être capable d'autre chose et pourrait exceller dans un registre plus dramatique. Et puis Alexandra a ce côté populaire et brut qui correspond au personnage de Katie. J'avais l'impression qu'avec elle, on allait croire à cette histoire plus facilement qu'avec une autre actrice, déjà vue dans plein d'autres rôles. Le gros du travail a consisté à la ralentir, à lui demander de ne pas avoir peur des silences, des absences. Je voulais qu'elle prenne son temps."
Ricky est librement inspiré de Moth (ce qui signifie "Papillon de nuit"), une nouvelle de la romancière anglaise Rose Tremain, parue dans le recueil The Darkness of Wallis Simpson (2005). En français, le titre de la nouvelle est devenu Léger comme l'air.
François Ozon parle de ce qui l'a séduit dans la nouvelle de Rose Tremain : "La nouvelle, très courte, m'évoquait l'univers de Rosetta des frères Luc Dardenne : un milieu social de petits blancs, déshérités, habitant un mobile home au fin fond des États-Unis. Longtemps le contexte de la nouvelle a fait écran à mon désir de l'adapter, je ne voyais pas comment l'aborder, me l'approprier. Ce qui me plaisait c'était l'irruption d'un événement merveilleux, extraordinaire au sein d'un milieu très ancré dans une réalité pauvre, mais cet aspect fantastique me faisait peur et me semblait irréalisable. Jusqu'au jour où j'ai compris que ce qui me touchait n'était pas tant le côté fantastique mais la manière dont l'histoire parle de la famille, de la place qu'on y occupe, de comment l'arrivée d'un nouveau membre - que ce soit celle d'un nouveau conjoint ou d'un enfant - perturbe son équilibre."
François Ozon revient sur l'évolution du corps du bébé, et l'apparition des ailes dans son son dos : "Très vite, l'idée de l'irruption sous forme de bosses au bout de quelques mois m'a semblé une bonne piste, comme un symptôme de la détérioration du couple. Et puis cela me permettait de garder la famille un long moment dans un univers clos, loin de la médecine. Les ailes de Ricky commencent donc à pousser vers 7-8 mois. Pour imaginer leur évolution, on s'est inspiré simplement de la manière dont se développent les ailes des oisillons : des petits bouts de peau, comme des moignons, qui grandissent petit à petit, avec des plumes qui commencent à percer la peau et à pousser, d'abord comme des ongles puis comme des petits plumeaux (...) L'idée était que l'évolution des ailes de Ricky donne son rythme à l'évolution des liens familiaux : elles apparaissent d'abord sous forme de bosses et Katie les interprète comme des marques de coups portés par Paco sur l'enfant. D'où cette décision de se séparer de lui. Puis quand les plumes commencent à pousser et permettent à Ricky de décoller, la complicité entre la mère et la fille se refait autour de ce bébé volant, etc."
François Ozon revient sur la signification de l'apparition des ailes dans le dos du bébé : "Des gens interprèteront ces ailes comme un signe religieux mais l'aspect gore des petits moignons, puis la taille et la couleur des ailes ne devaient pas pour moi évoquer l'idée de l'ange (...) Si les ailes revêtent un aspect monstrueux, ce n'est que par le comportement de Katie qui préfère garder Ricky enfermé dans son monde intérieur." De son côté, Alexandra Lamy confie : "Pour moi, ces ailes symbolisent le côté angélique de l'enfance. Et puis le désir de liberté, la nécessité de laisser nos enfants quitter le cocon familial, même si c'est difficile."
Au moment du casting, comment choisir le bébé, qui joue l'un des rôles principaux du film ? François Ozon explique : "(...) Arthur (Peyret) n'était pas le bébé le plus éveillé que j'ai vu, beaucoup de gens de l'équipe me conseillaient d'ailleurs d'en choisir un autre. Mais j'aimais beaucoup son visage, ses yeux en amande, son côté joufflu rappelait Paco, et sa blondeur Katie. Il était crédible dans cette famille. Comme pour mon expérience dans Regarde la mer, je l'ai dirigé comme un acteur, en lui parlant et en lui expliquant ce que je voulais. Très vite, on a adapté le tournage à son rythme, à ses siestes, ses repas. Ce qui est amusant, c'est qu'il a pris son rôle très au sérieux et qu'il est devenu meilleur de scène en scène. Du coup, on a fini le tournage plus tôt que prévu. En trois ou quatre prises, il faisait exactement ce qu'on voulait. Quand il s'est mis à voler, il jouait vraiment le jeu, il était vraiment content ! Alors que ses doublures ne prenaient aucun plaisir à être en vol."
Le thème de la maternité, déjà abordé par François Ozon, est au coeur de Ricky. "J'aime les portraits de femmes et je voulais aborder à nouveau le thème de la maternité mais différemment de Regarde la mer, dans lequel deux aspects de l'instinct maternel se dessinaient à travers deux femmes opposées : la bonne mère et la mère ogresse. Ici, ces deux aspects sont réunis dans un personnage unique : Katie, dont on suit le trajet et l'évolution complexe de son instinct maternel. Elle est d'abord une mère lionne, qui veut protéger son enfant, elle devient ensuite une mère plus ludique et enfantine qui joue presque à la poupée avec son bébé, puis une mère confrontée à la réalité de son enfant qu'il va falloir soigner, partager, et enfin laisser partir."
Pierre Buffin, responsable des effets visuels sur Ricky, a travaillé sur des films aussi différents que Matrix reloaded, L'Anglaise et le Duc, 2046 ou The Dark Knight. François Ozon a fait appel à lui dès le stade de l'écriture pour savoir ce qu'il était possible de faire, et à quel prix. Il a ensuite été présent tout au long du développement du film, pour corriger et affiner. A propos de cette méthode, Pierre Buffin confie : "On avait déjà eu plusieurs expériences extraordinaires avec Wong Kar-Wai ou Eric Rohmer. Je préfère avoir des discussions avec ces réalisateurs auteurs qui me parlent de cinéma et de ce qu'ils désirent comme effet plutôt qu'avec des réalisateurs "spécialisés" dans les effets spéciaux qui ne parlent que technique."
Pour les effets spéciaux, François Ozon avait pour modèles L'Homme qui rétrécit de Jack Arnold et les films de David Cronenberg. "Les effets spéciaux m'intéressent quand ils sont intégrés à une histoire et qu'ils la servent", explique-t-il. D'autre part, il a demandé à Alexandra Lamy Wanda de Barbara Loden.
Ricky marque la quatrième collaboration de François Ozon avec la romancière Emmanuèle Bernheim. Celle-ci a déjà travaillé sur les scénarios de Sous le sable, Swimming pool et 5x2.