J’ai beaucoup aimé "Un mariage de rêve"… durant une heure. Mais avant de visionner ce film, mieux vaut ne rien en savoir pour découvrir de la même façon que Larita Huntington (Jessica Biel) ce qui nous attend. Ainsi, ce sera plus savoureux parce qu’hélas, mille fois hélas, le synopsis en dit trop. Beaucoup trop. Le fait est que je me suis beaucoup amusé devant ce film qui est plus une comédie qu’une romance. Certes le titre français évoque une comédie sentimentale, et il est vrai que nous n’en sommes pas très loin. Alors que nous sommes projetés en 1928, imaginez une américaine citadine, aventurière sur les bords et un jeune homme britannique parti à la découverte du monde alors qu’il vient de la campagne où trône l’immense manoir familial. Entre ces deux personnages, le coup de foudre est immédiat sur le Grand Prix de Monaco. Le Grand Amour dépeint sous un tableau idyllique. Mais les tableaux ont quelquefois du mal à trouver leur place. C’est exactement ce qui va se passer au sein de ce manoir qui sent ses fondations vaciller sous cette famille bourgeoise qui n’en a plus que le nom. D’un côté nous avons Veronica Whitaker campée par une Kristin Scott Thomas délicieusement coincée dans les convenances désuètes et formidablement manipulatrice. D’un autre nous avons un formidable Colin Firth en mode débraillé, en apparence éteint mais qui bénéficie des meilleures répliques tout simplement parce qu’elles sont un tantinet sardoniques. Au milieu nous avons Hilda (Kimberley Nixon) et Marion (Katherine Parkinson) qui vont là où ça les arrange car un quelque peu influençables et un chouia égocentriques. En arbitre le personnel de la maison, notamment le majordome Furber (Kris Marshall). Une véritable fosse aux lions dans laquelle John Whitaker (Ben Barnes) va jeter malgré lui sa belle. Et c’est parti pour une heure absolument jouissive, à voir Kristin Scott Thomas distribuer ses coups bas et Jessica Biel lui rendre la réplique. Et ce qu’on peut constater d’entrée, c’est le soin apporté aux dialogues : parfois dotés de magnifiques double-sens (« Ma femme veut que vous reposiez en paix »… tu m’étonnes lol !), souvent enrichis d’un vocabulaire topissime par des termes aujourd’hui oubliés. C’est d’ailleurs bien dommage d’avoir perdu l’usage de ces mots et la tournure alambiquée des prases, car sans tomber dans la vulgarité ils étaient quand même sacrément explicites, surtout quand ils sortent de la bouche de mère Whitaker ! Si par malheur vous n’étiez pas suffisamment attentifs, alors vous ne profiterez pas de la multitude de petits détails matérialisant le machiavélisme de cette dernière. Dans ce cas, vous aurez tout de même droit à quelques situations cocasses qui ne manqueront pas de raviver tout votre intérêt, comme par exemple les coups du chien ou du cancan. J’ai trouvé ces scènes très drôles ! Le plaisir fut d’autant plus grand que l’immersion est pour ainsi dire parfaite par les décors, les costumes et les véhicules. Vous aurez même le loisir de contempler la BMW Frazer Nash 328 puisque la caméra de Stephan Elliott caresse du regard les superbes courbes de cette carrosserie d'exception. Alors tout n’est pas parfait bien sûr. Déjà l’histoire est assez convenue, quoiqu’on a deux fins possibles : tout ce joli petit monde va-t-il finir par s’entendre, ou tout va-t-il voler en éclat ? Là, ne comptez pas sur moi pour vous donner le moindre indice. Désolé, mais il vous faudra passer par la case visionnage. Ensuite Jessica Biel ne sait pas éternuer. Bon vous me direz que chacun a sa façon bien à lui d’éternuer, mais là-dessus l’actrice n’est pas convaincante du tout. Sinon point de vue interprétation pure, elle fait parfaitement le boulot… durant la première heure ! Et elle fait si bien son boulot face aux délicieux cabotinages de Kristin Scott Thomas que l’opposition que s’offrent les deux femmes devient un vrai délice de subtilités. Mais alors… quid de la dernière demi-heure ? Eh bien ça se délite. La comédie pure et simple vire à l’aigre-doux, et c’est là que Jessica Biel perd de la qualité de son jeu. Quel dommage !