Easy virtue (la VO s'impose) n'est sans doute pas un chef-d'oeuvre, mais on ressort de cette avalanche de bon mots, de rire et d'émotion suffisament étourdi pour en oublier les défauts.
Ce pourrait être une de ces délicieuses comédies à l'anglaise, le charme des années folles en prime, avec pour prétexte le choc des cultures et l'inévitable confrontation belle-mère/belle-fille. Le rythme est soutenu, l'humour féroce. Mais c'est sans compter la vision ironique, décalée parfois jusqu'à l'anachronisme, de Stephen Elliot. Du coup le drame n'est pas loin, révélant parmi des personnages parfois caricaturaux (Kristin Scott Thomas, enlaidie mais toujours sublime, joue dangereusement avec la limite de la sorcière Disney) une profondeur insoupçonnée, qui n'est malheureusement, faute de temps, souvent qu'esquissée. Mais ce serait un autre film... Jessica Biel prouve qu'elle n'est pas qu'une bombe atomique. Elle chante, danse, et fait preuve d'un timing comique exemplaire, bien qu'elle manque parfois de convaincre dans les scènes plus graves, où le pouvoir d'émotion lui fait défaut. Difficile, en effet, de soutenir la comparaison avec une KST ou un Colin Firth.
Firth, toujours diablement séduisant, offre comme d'habitude une prestation intense et subtile. Et on se rend compte, au final, qu'il a porté le film depuis le début, malgré un temps à l'écran scandaleusement court (que de temps perdu avec l'histoire du chien!). Son personnage de désabusé cynique, qui ne semble là que pour distiller des réparties acides pendant la première partie du film, va se révéler un des plus intéressants. Homme brisé par la guerre, prisonnier d'une société où il n'a plus de repère, coupable désigné de l'effondrement de sa famille, c'est pourtant lui qui soutien Larita, aussi bien dans les actes que dans l'image que le spectateur a d'elle, avant de trouver avec elle (dans une très touchante scène de tango) une porte de sortie.