Oh la sacrée bobine que voilà !! Ayant déchaîné les passions à l’époque avec sa bande-annonce délirante qui promettait tant et tant, les cinéphiles amateurs de cinéma de genre ont pu constater que le réalisateur Noboru Iguchi était quelqu’un de sérieux et qui tenait ses promesses : amateurs de sensations fortes et de gore à outrance, " The Machine Girl" est parfait pour vous !! Nous suivons donc la jeune Ami : depuis la mort de leurs parents, elle s’occupe maternellement de son petit frère Yu. Malheureusement, ce dernier sera victime d’une bande de voyous qui le rackettaient régulièrement et qui feront passer le décès du jeune homme pour un suicide. Ne tolérant pas un tel acte, elle décide de venger son petit frère...Avec "The Machine Girl", Noboru Iguchi intègre aux codes du film de vengeance (deux actes : 01) mise en abîmes du personnage principal et 02) la vengeance de ce dernier) la thématique du héros handicapé : au Japon, des héros tels que Zatoichi, Sasori ou Tange Sazen sont des exemples d’individus au mental si fort qu’ils en parviennent à transformer leur handicap physique en simple anomalie, une anomalie qui se révèlera être en fait une arme redoutable…c’est sans doute dans ces héros que Iguchi a trouvé son inspiration pour Ami : après avoir enfoncer son héroïne plus bas que terre (elle est battue, humiliée, violée et mutilée…à un tel point qu’on flirte grave avec l’auto-dérision !!), il la fait renaître de ses cendres et la transforme en impitoyable machine à tuer. Unique et diablement efficace, la mitrailleuse qui remplacera son membre sera le prétexte à une monstrueuse hécatombe…et oui, âmes sensibles, passez votre chemin : "The Machine Girl" est très, très gore, nous offrant un divertissement viscéral comme on en fait que trop peu aujourd’hui. Dès le début du film, Iguchi nous montre de quel bois il se chauffe et ne lésine pas sur la violence graphique granguignolesque dont les nombreux délires à la fois décomplexés, inventifs, surprenants et hilarants feraient passer "Baby Cart" ou "The Blade" pour des contes de fées ! Chaque nouvelle scène se veut encore plus violente que la précédente, à un tel point qu'à la moitié du métrage, on se demande comment le réalisateur fera pour continuer crescendo ! Les effets gores sont généralement bien réalisés : les effets « plastiques » par maquillage, malgré leur aspect « bricolés » sont plus réussis que les effets numériques dont la qualité est trop approximative. On passe du surprenant (
la séance de torture avec les clous plantés dans la tête, les doigts du cuisinier en sushis
) au craspec dégueu
(la femme avec le couteau planté dans la bouche qui vomit sur la tête tranchée de son fils, le tronc sans tête qui sert à asperger les autres copieusement d’hémoglobine avec la puissance d’un karcher !
) avec une facilité et une jubilation déconcertante ! Mais la folie du film ne se limite pas aux effets visuels, tous les personnages sont immoraux : le père yakuza est une sorte de samouraï taré qui fait boire son sang à son fils, ses hommes de main sont des pervers se livrant à la nécrophilie, la mère est une femme superbe mais d’un sadisme énorme (
le soutien-gorge perceur, c’est quelque chose !!
), le fils est un lâche qui n’hésite pas à battre à mort les faibles sans défense, les ninjas du clan sont des spécialistes du démembrement sous toutes ces formes, l’alliée d’Ami est une cinglée des armes obsédée par la vengeance, et même Ami déclare elle-même être devenue un démon ! Ne cherchez pas de « gentils » dans ce film car il n’y en a pas : une vraie hystérie collective !! Le véritable point faible du film demeure son casting justement : il faut avouer que pour beaucoup d’entre eux, il s’agit de leur première apparition devant une caméra (inutile de dire que leur jeu d’acteur laisse à désirer !). Quand à Minase Yashiro (celle qui interprète Ami) sa prestation se trouve être plus qu’honnête quand on sait que jusqu’à présent, elle s’est contenté de jouer les «Gravure Idol », c’est-à-dire une jeune fille exhibant ses courbes en bikini devant des appareils photos. Pour une première prestation, elle donne vie à une héroïne hors norme, indestructible et particulièrement charismatique avec sourire carnassier et sadique (elle est presque aussi flippante que Eihi Shiina dans "Audition" de Takashi Miike !!). The Machine Girl est donc un film grotesque, lourdingue, gore, irrévérencieux, délirant et hystérique ! Dans l’esprit, il se rapproche d’autres folles péloches telles que "Bad Taste" et "Evil Dead 2" ou de mangas trashs comme "Violence Jack" ou "Ichi The Killer". Enchaînant les délires ultra-violents les uns après les autres, le métrage réussit à tenir toutes les promesses qu’il avait suggérées. Rien que pour cela, il vaut largement le coup d’œil. On se demande réellement où l’esprit de Noboru Iguchi est allé chercher tout ça, mais une seule chose est certaine : ce type sait ce qu'il fait, comment il le fait et pour qui il le fait. Il ne prétend jamais à plus et ne se prend jamais au sérieux : c'est ça, le VRAI cinéma de genre !