3sur5 Machine Girl est une pièce de choix du récent cinéma grindhouse, soit du cinéma pop-corn offrant son lot d'hémoglobines et d'évocations sexuelles dans le but de réjouir un auditoire en général conquis d'avance à l'idée de passer une heure et demie en stand-by total à se délecter de tant de dérives bis.
C'est avec ce film que Noboru Igushi, ancien réalisateur de pornos en tous genres (du fétichisme à l'orgie), va devenir une coqueluche des adeptes de cinéma trash et de bizarreries du 7e art. Son Machine Girl a émergé de façon spectaculaire pour devenir la référence définitive dans son domaine. Toutefois, et même si le film est une bonne trouvaille parmi les V-Video (les direct-to-video japonais), sa réputation paraît un peu abusive. Sorti au Japon dans la foulée de Tokyo Gore Police de l'homologue Nishimura, son vieil associé pour les maquillages, Machine Girl n'est pas aussi baroque que son concurrent, à mille lieux de là ; mais de toutes manières, il est bien trop probable d'être déçu dans tous les cas ou on compare Tokyo Gore Police à un autre V-Video, aussi hargneux soit-il.
Si le pitsch est férocement basique et déjanté comme il se doit dans le domaine, Machine Girl laisse plus de place à l'intrigue et développe un sentimentalisme surprenant (qui ne lâchera jamais le métrage et occupe l'espace jusqu'au final), parvenant à susciter l'empathie pour les vengeurs et l'heroine en particulier. Une certaine profondeur est approchée avec la démonstration de la solitude de l'héroine, jeune fille orpheline et hai de tous pour la faute présumée de ses parents (ils s'en sont donnés la mort – à cause de la disgrâce, présuppose-t-on).
Ce mélange de sérieux, de nonchalance et d'agressivité abouti à une atmosphère décontractée et gentiment irréelle ; le film gagne -un peu- en épaisseur et parvient à ressembler à une série B niveau sitcom (en gore et offensif) avec des personnages typés à l'extrême. Machine Girl est beaucoup plus construit que le V-Video standard, curieusement c'est aussi ce qui freine régulièrement sa folie.
Toutefois, l'extravagance est de mise. Après les trente minutes de savante préparation, le film retrouve la nature profonde du genre : offrir un spectacle gorasse à souhait. Au programme, scènes de combats grotesque et second degré, humour slapstick, violence extrême, démembrements en pagaille et giclées de sang à la Braindead. Si Girl Machine se démarque sur le plan formel, c'est moins par des envolées graphiques qu'une imagination prégnante dans ses gadgets. La crédibilité de ses effets plastiques achève de hisser le film à mi-chemin entre la moyenne et le meilleur du genre. Le film offre au moins une séquence mémorable avec le combat final, ou interviendra une arme on ne peut plus perverse et dégénérée. Notons que, par le thème de la vengeance et l'accessoire principal de l'heroine (son bras d'acier armé), l'ensemble rappelle parfois le Kill Bill de Tarantino et Planète Terreur de Rodriguez qui rendaient hommage, justement, au grindhouse et à la série B. Il va de soi que les performances de Machine Girl tendent à le rapprocher plus particulièrement du second. D'autres citations sont allègrement repérables, comme celles visant Hellraiser ou encore Evil Dead 3.
A condition d'avoir encore une once d'adolescence au fond de soi et sans doute une certaine ''ouverture d'esprit'' (que les esprits culpabilisateurs évitent – à moins que, justement..), Machine Girl s'avère un film attachant malgré ses failles évidentes ; il aurait notamment gagné en efficacité à être légèrement plus concis. Son outrance et l'euphorie qu'elle dégage feront de toutes façons plaisir à un public sensible à ce genre de déviances sur pellicule. On évitera la VF, vraiment, vraiment trop Z quand à elle.