Naterris, très très grande entreprise de son état, ne connaît pas la crise, merci pour elle. Sauf qu’elle pollue, beaucoup, et que ce sont les plus petits qui trinquent, tels ces ostréiculteurs, employés et restaurateurs du Sud de la France, qui n’obtiennent qu’un maigre dédommagement. Bien décidés à faire tomber le responsable de leurs malheurs, ils montent à la capitale, direction le siège social, afin de dénicher le petit truc qui pourrait les faire sortir vainqueurs de cette variante du combat de David contre Goliath. Huit après sa “Petite entreprise”, le réalisateur Pierre Jolivet voit donc un peu plus grand (sans que nous ayons ici affaire à une suite), et nous livre cette comédie qui, en ces temps de crise, semble tomber à point nommé. Semble seulement, car l’aspect social est ici réduit à sa plus simple expression (des grandes entreprises font des trucs pas nets… Même Michael Moore n’enfonce pas des portes aussi grandes ouvertes), au détriment de la comédie. Laquelle ne fonctionne pas vraiment à plein régime, dans la mesure où la moitié des répliques et situations tombent à plat, quand on ne frôle pas le mauvais goût, tels ces “traits d’esprit“ autour des homosexuels qui, au début, font très peur, de la part d’un film qui se veut pourtant actuel. Heureusement, après une entrée en matière plutôt laborieuse, “La Très très grande entreprise” améliore son rendement, même si les clichés restent légion jusqu’au bout. Difficile, dans ce cas, de vraiment parler de “personnages” pour qualifier les héros de l’histoire, tant ils sont archétypaux, surtout que, Roschdy Zem et Jean-Paul Rouve mis à part, leurs interprètes ne relèvent pas vraiment le niveau. Ne reste donc de cet “Ocean’s Eleven social” qu’une comédie pas déplaisante et parfois drôle, mais un peu trop creuse, en regard de son sujet, ce qui la rend tout sauf inoubliable.