"Aujourd'hui, les jeux quotidiens de tous les enfants d'Afghanistan sont une reproduction de leur expérience de vie dans un état en guerre. Ils miment les armes des adultes, veulent lapider les petites filles ou prétendent poser des mines. Quand ils atteindront l'âge adulte, comment ces enfants, qui ont fait de la guerre le thème principal de leurs divertissements, parviendront à tisser des relations normales ?"
C'est au père d'Hana Makhmalbaf, Moshen, que l'on doit le titre original du film, "Bouddha s'écroule de honte", en référence aux statues détruites par les Talibans en 2001 : "Il disait que même une statue peut éprouver de la honte quand la souffrance ressentie par les personnes innocentes qui l'entourent est trop violente. Au point donc de s'écrouler", explique la réalisatrice.
Le film, dont le scénario est resté bloqué pendant plusieurs mois dans les bureaux du Ministère de la Culture Iranienne, n'a jamais reçu d'autorisation de son pays. De ce fait, il a été tourné en Afghanistan, monté au Tadjikistan, tandis que tout le travail de laboratoire a été effectué en Allemagne.
Pour trouver les interprètes de son film, Hana Makhmalbaf s'est rendue dans de nombreuse écoles de Barnian et des environs, où elle a rencontré des milliers d'enfants, jusqu'à trouver ceux qui lui semblaient être parfaits pour l'histoire.
Une grande partie du film a été tournée à Bamian en Afghanistan, au pied des ruines des deux statues de Bouddha détruites par les Talibans en 2001.
"Les Talibans sont partis, mais leur impact sur la culture du pays est indélébile. La situation de conflits perpétuels a touché de plein fouet la culture plus que les infrastructures du pays. La violence, qui actuellement influence l'âme même des enfants, doit être considérée comme l'un des problèmes les plus importants (...) Quand je suis là-bas, j'ai l'impression que le monde ne comprend pas la complexité de la situation actuelle. Comment peut-on alors prétendre organiser la reconstruction du pays ?"