Amelia : les secrets du tournage

Le film a été tourné dans différents pays dont l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve. Les paysages filmés par le directeur de la photographie, Stuart Dryburgh, à terre et dans les airs, ont été principalement photographiés en Afrique du Sud, où la réalisatrice Mira Nair a vécu pendant trois ans. Ce pays gigantesque et d’une grande diversité a notamment fourni à la production de vieux aéroports de style Art Déco mais aussi les moyens de créer, sans avoir à passer une seule frontière, huit pays différents traversés par Amelia. Stuart Dryburgh a puisé son inspiration dans l’abondante documentation qui a été amassée sur la vie d’Amelia et sur son époque, notamment en regardant des actualités filmées et des photographies d’archives. Tourné en format large anamorphique pour souligner l’ampleur de l’histoire d’Amelia, le directeur de la photographie avait aussi pour objectif de saisir le frisson intense du vol en solitaire. Pour y parvenir, il a créé une équipe aérienne d’élite dirigée par le réalisateur de la deuxième équipe Marc Wolff, un pilote d’hélicoptère chevronné et un expert de la photographie aérienne. Pour les avions dont la production n’a pas réussi à trouver des modèles en état de vol, en particulier un hydravion Fokker nommé « Friendship » avec lequel Amelia a traversé pour la première fois l’Atlantique, et le Lockheed Vega rouge à bord duquel elle a établi la plupart de ses records, les cinéastes ont construit des répliques qui ont ensuite volé « virtuellement » grâce aux effets visuels créés par la société Mr. X, basée à Toronto. Les séquences de vol ont ainsi été créées par ordinateur.

Couronnée par deux Oscars pour ses prestations dans Boys Don't Cry et Million Dollar Baby, Hilary Swank a l’habitude de se plonger dans des rôles difficiles. La réalisatrice Mira Nair raconte qu'il a fallu près d'un mois à l'actrice pour trouver le look idéal (la coupe de cheveux, la démarche, la façon de parler...) se rapprochant le plus de celui de la véritable Amelia. Hilary Swank explique les raisons qu'il l'ont poussée à faire ce film et surtout à incarner la célèbre aviatrice: "Amelia était une pionnière et je pense que toutes les femmes doivent la remercier de nous avoir montré que nous pouvions nous aussi réaliser nos rêves. Elle avait une qualité que j’admire beaucoup : le courage de suivre son cœur, quelles que soient les difficultés, surtout dans un monde d’hommes. Le film montre qu’elle a vécu sa vie comme elle l’a voulu. Elle pensait qu’il fallait s’amuser, faire ce qu’on aime et aider les autres, et c’est ce qui lui a permis d’accomplir tant de choses." Elle parle également du défi que ce rôle représentait pour elle, en tant qu'actrice: "Vous n’avez pas beaucoup de liberté quand vous jouez un personnage comme Amelia parce que c’est une icône, nous avons tous vu des photos d’elle et son image est gravée dans notre inconscient. Pour moi, le défi était surtout de rester fidèle à ce qu’elle a été."

La réalisatrice Mira Nair explique son intérêt pour la vie de cette aventurière : "Je voulais que ce film soit un portrait vivant de cette femme qui a osé rêver à des choses que personne n’avait jamais faites auparavant. Amelia a vécu sa vie le plus intensément possible sans jamais étouffer ses émotions et ses ambitions. Elle a laissé derrière elle une légende qui continuera encore longtemps à donner aux gens l’envie de se dépasser (...) L’histoire de la vie aventureuse et tragique d’Amelia est fascinante, mais ce qui m’a intéressée a été de voir comment la première grande icône américaine est aussi devenue une marque. Cette femme ne pensait qu’à voler, et comme c’était une véritable révolution pour son époque, elle avait le sentiment de devoir faire quelque chose pour les gens. Cela l’a poussée à s’investir dans d’autres choses, comme les droits des femmes. Toute sa vie, elle a essayé de concilier ce qu’elle avait besoin de faire pour l’argent et la société avec ce qu’elle devait faire pour être elle-même. C’est un jeu que beaucoup de femmes d’aujourd’hui pratiquent chaque jour... » "

Un des personnages principaux du film n’est pas fait de chair et de sang, mais de métal. Il s’agit du troisième grand amour d’Amelia, son célèbre avion bimoteur argent et orange, le Lockheed L-10 Electra à bord duquel elle a finalement disparu au-dessus du Pacifique. Conçu par Hal Hibbard, cet avion longue distance au design novateur a effectué son premier vol en 1934 et est vite devenu un des fleurons de l’industrie aéronautique naissante. Amelia l’acheta pour réaliser son plus grand rêve : devenir la première femme pilote à voler autour du monde. Comme il ne reste plus qu’une poignée d’Electra dans le monde, la production a lancé une vaste recherche pour en trouver un, prêt à l’action. La réalisatrice Mira Nair raconte : "Trouver notre Electra était aussi important que la distribution des premiers rôles du film. Cet avion joue un rôle capital dans l’histoire d’Amelia ; grâce à lui elle fait un voyage incroyable. Nous avons trouvé notre Electra dans le sud de la France et nous l’avons fait voler sur tout le continent africain sur les traces d’Amelia. Cela a été un voyage incroyable." L’Electra du film appartient au pilote et journaliste français Bernard Chabbert, dont le père, un ancien pilote de l’Aéropostale, a brièvement rencontré Amelia Earhart au Sénégal. Mira Nair voulait non seulement faire venir l'appareil jusqu’au Cap, mais aussi filmer sa longue traversée du continent africain pour montrer le voyage d’Amelia. En service depuis plus de soixante ans, l’Electra de Bernard Chabbert – connu sous le nom de « Hazy Lily », ou « Lily » – a servi de limousine volante pendant la Seconde Guerre mondiale et a été piloté par l’espion anglais Sydney Cotton, qui fut l'une des sources d’inspiration de Ian Fleming pour James Bond. Après cette longue carrière, l’avion est resté dans un hangar sans moteurs ni hélices, endommagé après un atterrissage sur le ventre.

Pour se sentir plus proche du personnage, Hilary Swank a pris des cours de pilotage qui lui ont permis de comprendre par elle-même les raisons de la passion qu’éprouvait Amelia pour le fait de voler. L’actrice raconte : " J’ai réalisé qu’elle aimait voler parce qu’elle aimait se sentir libre de toutes les contraintes qu’elle ressentait au sol. Je pense qu’elle aimait aussi voir le monde d’en haut – il faut comprendre qu’à cette époque très peu de personnes avaient cette chance – et découvrir de nouvelles cultures. Et puis je crois que plus que tout, elle était poussée par l’envie de faire toujours quelque chose de nouveau. C’est pour cela qu’elle courait en permanence après un nouveau record ou volait sans cesse d’un endroit à un autre, et c’est une chose que je comprends très bien."

L'un des avions utilisés pour le film a fait le voyage à partir du Sud de la France jusqu'en Afrique du Sud. Mais en cours de route, l'appareil (un modèle original Lockeed Electra) manquant de carburant (assez rare, de l'avgas et non du kérosène), les passagers, tous français, ont dû atterrir pour s'en procurer. Ils ont ainsi contacté le pays africain le plus proche, qui leur a d'abord donné une réponse négative avant de se rétracter. Mais en sortant de l'avion, une quinzaine de soldats attendaient l'équipage. Les preneurs d'otages qui réclamaient 13 000 dollars, gardèrent les passagers un jour et demi. Ils contactèrent l'Ambassade de France sur place qui entra en contact avec les producteurs. Ces derniers acceptèrent finalement de verser la rançon. L'avion arriva 24 heures avant que les scènes du film ne soient tournées comme prévu dans le planning. Pile à l'heure!

Amelia est le premier long métrage dans lequel Hilary Swank donne la réplique à Richard Gere ou Ewan McGregor.

Centré sur la vie de l'aviatrice Amelia Earhart, Amelia est adapté de deux livres : East to the Dawn, écrit par Susan Butler, et The Sound of Wings de Mary Lovell. Avalon Pictures a acheté les droits de ces deux biographies d’Amelia Earhart faisant référence. La première, East To The Dawn , explore certains détails peu connus de sa vie, dont son amitié avec la Première Dame américaine Eleanor Roosevelt. Le livre a également été le premier à révéler sa liaison secrète avec l’aviateur et homme d’affaires Gene Vidal. La seconde biographie, The Sound of Wings, se concentre davantage sur sa relation complexe avec son agent qui devint aussi son mari, et sur l’énorme machine publicitaire qui l’a entourée.