Morning Glory : les secrets du tournage

Pourquoi avoir choisi le milieu des émissions matinales ? L'équipe du film voulait tout d'abord montrer l'envers du décor de ces émissions avec lesquelles les Américains débutent leur journée. De plus, ces shows sont propices aux situations comiques, entre la météo déjantée, les recettes de cuisine, les animaux parfois présents sur le plateau, ... L'un des producteurs déclare : " Si vous en avez vu quelques extraits sur YouTube, vous savez que les matinales sont l’occasion de voir les images les plus loufoques de la télé contemporaine. Le potentiel comique de toutes ces situations était énorme."

Morning Glory rappelle, à travers le personnage de Becky Fuller, la "Screwball comedy", sous-genre comique qui a connu son âge d'or dans les années 40. Difficile à définir, la screwball comedy, qu'on pourrait traduire par "comédie loufoque" ou "comédie excentrique", se caractérise par ses dialogues vifs et des situations cocasses. On y trouve aussi souvent un antagonisme entre les protagonistes principaux qui finissent par tomber amoureux. New York-Miami de Frank Capra est considéré comme le film modèle du genre. Ici, l'élément issu de la screwball comedy, c'est la femme active, celle qui n'a de cesse de gravir les échelons afin de se faire une place au soleil. Becky Fuller, jeune femme ambitieuse qui a pour but de remonter les audiences d'une émission télé, rappelle des rôles comme ceux tenus par Rosalind Russell, qui se confronte à son rédacteur en chef sournois dans La Dame du vendredi, ou celui de Melanie Griffith en secrétaire se faisant passer pour sa patronne dans Working Girl.

J.J. Abrams, producteur du film, décrit Morning Glory : "J’adorais le personnage de Becky Fuller, cette jeune productrice enjouée, généreuse et un peu dépassée par les événements qui se retrouve confrontée à un vieux présentateur, aigri, colérique et absolument pas coopératif. Le concept de départ est très classique – c’est drôle, c’est sympathique, et c’est sexy – mais je pense aussi que c’est très réaliste, la façon dont toute l’équipe de “Daybreak”, aussi différente soit-elle, doit trouver le respect, l’admiration et l’amour pour former une famille, certes incroyablement dysfonctionnelle, mais complètement dévouée."

Harrison Ford n'avait plus tourné de comédie depuis Hollywood Homicide (2003), dans lequel il incarnait un policier aux côtés de Josh Hartnett. Il incarne, dans Morning Glory, Mike Pomeroy, surnommé le "3e pire grincheux du monde", une ancienne légende du journalisme connue pour son ton caustique mais brillant qui se retrouve obligée de coprésenter une émission matinale légère, activité particulièrement humiliante à ses yeux. Le comédien est particulièrement enthousiaste au sujet du script : "C’est un des scénarios les plus drôles et les plus intelligents qu’il m’ait été donné de lire. De très bons dialogues, des relations fortes, un sens de l’humour sophistiqué, tout cela m’a attiré. J’adore faire de la comédie, mais elles sont rarement assez ambitieuses. J’ai trouvé celle-ci extrêmement bien écrite."

Aline Brosh McKenna, scénariste de Morning Glory, a écrit les comédies romantiques 27 robes, Un De trop et Une Affaire de cœur et a signé l'adaptation du Le Diable s'habille en Prada avec Meryl Streep en 2006 qui lui a valu une nomination aux BAFTA. Ce dernier a pour point commun avec Morning Glory celui de suivre une jeune femme qui se fraye un chemin vers la réussite. L'équipe du film était ravie de pouvoir mettre en scène l'histoire écrite par Aline : "On était tous fans du travail d’Aline. Elle était le choix idéal pour ce projet" raconte Sherryl Clark. Le réalisateur ajoute "Je voulais revenir aux États-Unis et faire un film drôle, et quand j’ai lu le scénario, j’y ai vu un incroyable potentiel. Il était ancré dans le monde réel, dans quelque chose de reconnaissable – les émissions matinales – mais aussi beaucoup plus intéressant et séduisant que je ne pouvais l’imaginer au début. L’humour était inhérent aux personnages et à la façon dont Becky, par son charme et sa personnalité, réussit à renverser la vapeur et à offrir le succès à ce groupe improbable de personnes."

L'actrice avait déjà tourné avec Rachel McAdams dans Esprit de famille où elle interprétait sa mère. La comédienne est aussi à l'aise dans les comédies de Woody Allen (dont Annie Hall qui lui a permis de décrocher un Oscar) que dans la trilogie du Le Parrain. Elle était enthousiaste à l'idée de jouer dans Morning Glory : "J’ai tourné dans beaucoup de films, et je recherche toujours la même chose dans un projet : le scénario – Et Aline en a écrit un fantastique. C’est drôle, c’est émouvant, tout en gardant quelque chose de très humain." Le tournage lui a permis de chanter avec 50 Cent : "J’y ai pris énormément de plaisir même si ma fille était morte de honte" raconte-t-elle, amusée. Enfin, Keaton a été séduite par l'aspect physique de cette comédie : "Le tout premier jour de tournage, je devais mettre un déguisement de sumo et me battre contre un lutteur professionnel. J’aime aborder la comédie physique en improvisant, ce qui peut vous mettre dans des situations très embarrassantes. J’étais là, en face de cet homme de 220 kilos, très gentil et très poli, et tout ce que j’avais à faire, c’était le toucher, et, soudainement… Je me suis retrouvée par terre, les quatre fers en l’air ! J’en ai déduit qu’il valait mieux ne pas trop improviser avec un lutteur de Sumo."

L'une des forces comiques de Morning Glory provient de la relation explosive entre Becky Fuller (Rachel McAdams) et Mike Pomeroy (Harrison Ford). C'est ce qui a séduit J.J. Abrams, producteur du film : "Le moteur de Morning Glory, c’est la dynamique très drôle qui lie ces deux personnages : Becky, qui est incroyablement enthousiaste en ce qui concerne son nouveau poste, et cherche juste à gagner la confiance du reste de l’équipe ; et Mike, ancienne légende de la télé, mise au placard, qui a un mépris total pour les matinales, et qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour faire des journées de Becky un enfer."

Le tournage s'est déroulé à New York, ville que Roger Michell adore : "Cette ville a tellement de personnalités différentes que vous n’êtes jamais à court d’idées pour raconter une histoire à travers elle. J’aime particulièrement le fait que Morning Glory alterne des moments de stress en intérieur - pendant le tournage sur le plateau - et des moments plus aériens, lorsque Becky est à l’extérieur, traversant l’Hudson sur un ferry ou marchant sur le Brooklyn Bridge à l’aube. Elle puise son inspiration dans le cœur de la ville." Pour J.J. Abrams, la Grosse Pomme est un personnage à part entière : "Cette énergie, cette lumière, cette envergure, tout ça est impossible à saisir autre part qu’à New York. Le sentiment que vous ressentez lorsque vous tournez à New York n’a absolument rien à voir avec n’importe quelle autre ville, et Roger a bien su capter cela, en en faisant une part essentielle du film."

Pour créer les décors du show "Daybreak", l'équipe du film est allée visiter des plateaux d'émissions matinales et en a construit un véritable dans un studio désaffecté, le Metropolis. Le chef décorateur Mark Friedberg témoigne : "Ce qui importait le plus, c’était le degré de réalisme. Je ne voulais pas d’imitations, je voulais un vrai studio en fonctionnement, et c’est ce que nous avons fait. On avait une vraie régie et les comédiens contrôlaient vraiment tous les boutons et les manettes, c’était incroyable. Je pense que le public aime beaucoup voir les coulisses, et tout au long de Morning Glory, on montre que ce qui a l’air simple comme bonjour sur un écran de télévision est le fruit de la sueur, du labeur et parfois même des souffrances sont vécues derrière les caméras."

David Arnold, compositeur de Morning Glory, a signé la musique des films de science-fiction Stargate, la porte des étoiles, Godzilla ou encore Independence Day et a pris la relève de John Barry pour composer la musique de la saga britannique la plus célèbre au monde : James Bond. Il a ainsi travaillé sur Demain ne meurt jamais (1997), Le Monde ne suffit pas (1999), Meurs un autre jour (2002), Casino Royale (2006) et Quantum Of Solace (2008).

Pour écrire le scénario le plus proche de la réalité, Aline Brosh McKenna n'a pas hésité à se lever au milieu de la nuit pour se rendre sur les plateaux des plus grandes émissions matinales new-yorkaises. Une immersion qui a fait ses preuves, comme l'explique Sherryl Clark : "Je pense que le plus beau compliment qu’on nous ait fait, c’est quand Morley Safer, présentateur légendaire du «60 Minutes» sur CBS (...) voyant le degré de réalisme de l’histoire, nous a demandé si Aline avait travaillé dans une rédaction d’émission matinale."

Morning Glory est produit par Bad Robot, société de production créée en 2002 par J.J. Abrams et Bryan Burk et à qui l'on doit des œuvres majoritairement fantastiques et de science-fiction, comme les séries télé Lost, les disparus et Fringe et les films Cloverfield, Star Trek et le très attendu Super 8.

Sur les affiches américaines du film, le titre "Morning Glory" est surmonté de la tagline "What's the story ?", et les deux ensemble rappelleront sans doute aux fans d'Oasis le titre d'un des albums les plus connus de l'ex-groupe anglais.