Au départ on croit être dans une sorte de documentaire ethnographique sur la vie d'une de ces communautés juives orthodoxes qui, même en Israël, sont assez "exotiques", au rythme lent, à l'image de la vie hors du temps de ses membres. Mais à certains indices, on pressent autre chose, et les premières images du film suggèrent un flashback à venir. Effectivement un drame va se produire lors d'un séjour de la famille Eidelman sur les bords de la Mer Morte : le petit Menahem se noie, alors que son rabbi de père préfère commencer la prière collective du soir à l'heure requise plutôt que s'assurer qu'il le rejoint bien - le garçonnet a des difficultés à mettre ses sandalettes et traîne un peu, trop près du bord. La mère, Esther, tendre mais soumise, est loin, sur une autre plage, réservée aux femmes : c'est la première année que Menahem est sur la plage des "grands", avec les hommes. Il a 8 ans.
Le film s'achève là où il a commencé, dans la synagogue où le père s'avère incapable d'officier.
Mais ses certitudes et sa foi l'aident à surmonter cette perte irréparable - Menahem était l'enfant unique de parents âgés."L'Eternel donne et l'Eternel reprend", sait-il se résigner. Il en est autrement de la mère, dont les dernières images suggèrent, au-delà d'une révolte timide, l'abandon à un chagrin sans remède.
Film bouleversant, et magnifique de retenue, porté par des acteurs remarquables de sobriété, dans une grande économie d'effets. Mais le propos du metteur en scène est clair, sans afféterie, ni pathos, ni effets de manche : du fondamentalisme au fanatisme, il n'y a qu'un pas. De tous les fondamentalismes à tous les fanatismes. Dieu nous garde des idéologues qui parlent en Son nom.