Un monde à nous est né d'une idée originale du scénariste de bande dessinée Fabien Vehlmann, qu'il a commencée à developper avec Alain Chabat, désireux de produire un long métrage plus sombre que ceux précédemment produits par Chez Wam.
Un monde à nous est le deuxième long métrage réalisé par Frédéric Balekdjian après Les Mauvais joueurs.
Comment le scénario d'un film aussi sombre que celui d'Un monde à nous a-t-il pu être produit par Chez Wam, la boîte d'Alain Chabat ? Réponse avec le comédien-producteur : "J'aime la bande-dessinée, j'en lis pas mal et je connaissais celles dont Fabien [Vehlmann] avait écrit le scénario, notamment "Samedi ou dimanche", l'histoire de deux petits lézards avec un style proche d'un livre pour enfants. Mais Fabien a touché à beaucoup de genres (...) Comme pour Frédéric [Balekdjian], j'ai demandé à la rencontrer et lui ai dit que s'il avait des idées de scénarios de films, j'étais preneur."
Choisir Edouard Baer pour le rôle principal est, à la base, une idée d'Alain Chabat, qui a immédiatement emballé Frédéric Balekdjian : "C'était très stimulant de lui demander autre chose que ce qu'on lui propose systématiquement, lui inventer une coupe de cheveux, l'entraîner physiquement. Il n'avait pas de prouesse à effetctuer mais il fallait être un minimum vraisemblable par rapport à ce que raconte l'histoire."
Lorsque Frédéric Balekdjian lui a proposé ce personnage plus sombre que ce qu'il a l'habitude de jouer, Edouard Baer a d'abord été supris : "Je me disais : "Pourquoi moi ? Est-ce que Clovis Cornillac ou Samuel Le Bihan ont dit non ?!" (...)"
Le tournage d'Un monde à nous restera, de l'avis même d'Edouard Baer, comme l'un des plus marquants de sa carrière : "C'est la première fois que je m'isolais à ce point sur un tournage. D'habitude, j'ai ce plaisir d'aller discuter et rigoler avec toute l'équipe, mais là, je pense que je n'étais pas très aimable... (...) Le rôle était très loin de moi, j'avais besoin d'être chargé d'une tension avant qu'on dise moteur."
Si celui de Noé est son premier grand rôle au cinéma, Anton Balekdjian n'était pourtant pas le premier choix de son père pour l'interpréter : "Il trouvait que j'étais un peu trop jeune. J'avais un peu les boules de l'entendre parler d'autres enfants, de le voir faire des castings, chercher dans les salles de sports celui qui pourrait jouer Noé. Mais je me suis fait une raison. Et puis le tournage du film a été retardé d'un an. Du coup, j'avais grandi...", raconte le (jeune) comédien.
Interprète du rôle de Noé dans le film, Anton Balekdjian n'est autre que le fils du réalisateur Frédéric Balekdjian, qui avoue s'être quelque peu inspiré de lui au moment de l'écriture du scénario.
Comme Les Mauvais joueurs, Un monde à nous a été filmé caméra à l'épaule : "Ce n'est pas un choix intellectuel mais quasiment organique, sensoriel, sensuel", explique Frédéric Balekdjian.
Si Un monde à nous joue avec les codes du conte, il propose une morale plus ambigüe que d'habitude : "J'avais envie de toucher, de manière insidieuse, des choses assez sombres de l'âme humaine, creuser les rapports humains, ce qui affleur dans les faits-divers", explique Frédéric Balekdjian.
Frédéric Balekdjian avoue avoir glissé des références à Shining, La Nuit du chasseur et Stand by Me dans Un monde à nous.
"(...) on joue (...) avec les codes du film noir et du conte, on est moins dans un environnement réaliste. J'aime quand le père veut semer son fils dans l'hypermarché. Il y a un côté "Petit Poucet" renforcé par la présence de cette maison à la lisière de la forêt... Tout en étant ancré dans une certaine réalité d'aujourd'hui, j'avais envie de ce côté irréel", explique le réalisateur, Frédéric Balekdjian.
Si Un monde à nous semble, au premier abord, très différent des Mauvais joueurs (qui plongeait dans un quartier de Paris), les deux films se rejoignent sur le thème des rites de passage et sur le schéma d'évolution des rapports.