Stella a été présenté à la Mostra de Venise en 2008, dans le cadre de la section "Journées des auteurs".
Sylvie Verheyde ne cache pas la dimension autobiographique du film. "Comme Stella, j'ai grandi dans un café ouvrier, un monde dur, violent, loin de l'enfance. Comme elle, j'ai été catapultée dans un lycée parisien de renommée et, comme elle, j'ai débarqué, seule, avec mon ballon de football sous le bras. Comme elle, j'ai craché sur un garçon à la récréation et, dès le premier soir, je suis rentrée chez moi avec un oeil au beurre noir !"
Sylvie Verheyde évoque la genèse du film : "Stella s'est construit autour de mes souvenirs d'enfance, et particulièrement de mon entrée en sixième, en 1977. Le désir d'en faire un film est là depuis longtemps. Mais c'est l'entrée en 6ème de mon fils, il y a quatre ans, qui en a déclenché l'écriture. A ce moment-là, le débat sur l'école était assez vif : autorité, mixité, le voile, l'école comme ascenseur social etc., tout cela me renvoyait à ma propre vision de l'école et du lycée. Un lycée auquel je me suis accrochée malgré les nombreux déménagements de mes parents, et qui a été mon seul repère, mon seul point d'ancrage durant mon adolescence. J'ai eu envie de témoigner de cette chance qui m'a été donnée (...) Je voulais dépasser la chronique, être dans la fiction, à hauteur d'une petite fille."
C'est la troisième fois que Sylvie Verheyde dirige Karole Rocher, qu'elle avait révélée dans Un frère en 1997 (également son premier long métrage comme réalisatrice) puis retrouvée sur Princesses. "Nous venons toutes les deux du même milieu", confie la réalisatrice. "Comme moi, elle a été serveuse et connaît parfaitement les gestes, les intonations." On retrouve également, dans un petit rôle, Jeannick Gravelines, qui fut le héros de Un frère.
La réalisatrice justifie le choix de la voix off : "(...) Au départ c'était une voix d'adulte écrite au passé : la mienne. Elle a facilité l'élaboration du scénario. Une manière pour moi de prendre de la distance et d'y mettre de l'humour... Une forme de pudeur. Elle structure le récit sans vraiment tenir compte d'une chronologie rigide. Elle permet de faire surgir les évènements de plein fouet, de manière chaotique, comme un enfant les reçoit. Elle permet aussi d'aller à l'essentiel. J'ai fini par la penser au présent, et elle est peu à peu devenue la voix de Stella."
Benjamin Biolay tourne pour la deuxième fois sous la direction de Sylvie Verheyde : le chanteur jouait, aux côtés de Laura Smet, le rôle principal du téléfilm Sang froid, diffusé sur arte en mai 2008. La cinéaste précise : "Au départ, l'idée paraissait un peu étrange, surtout à mon producteur. Mais, j'étais sûre de moi (...) je savais pouvoir trouver en lui assez de profondeur et de délicatesse pour incarner mon papa. Il a su rendre digne, attachant, sexy même, un personnage qui n'a pas tout pour lui : alcoolique, cocu, dépassé."
Stella est l'une des dernières apparitions à l'écran de Guillaume Depardieu. Le comédien est décédé le 13 octobre 2008, quelques semaines seulement avant la sortie du film. A son sujet, la réalisatrice déclarait -avant sa disparition : "J'avais envisagé Guillaume pour le rôle du père de Stella, mais quand je l'ai rencontré, j'ai immédiatement pensé qu'il devait incarner Alain-Bernard, le personnage positif du film. Le Prince Charmant deStella. Il a tout pour lui plaire. La profondeur, la gentillesse, la tristesse et un visage qui ne ment pas."
Si on entend plusieurs tubes des années 70 dans Stella, tels Où sont les femmes ou Ti amo, le film se termine sur un morceau original, La Chanson de Stella, interprété par la réalisatrice elle-même.
Le scénario de Stella a reçu en 2006 le Prix Arlequin, remis dans le cadre du Grand Prix du Meilleur scénariste (remis à des auteurs dont au maximum 3 scénarios ont été portés à l'écran).
Christophe Bourseiller, comédiene, journaliste; et écrivain dont le rôle le plus marquant reste Francis, le documentaliste de P.R.O.F.S., campe ici un enseignant pas commode...