Le grand intérêt que l’on pourrait trouver à Adventureland réside dans sa peinture sans concessions de la jeunesse des classes moyennes dans l’Amérique des petites villes : New York fait rêver mais New York coûte cher ; pour cela, l’étudiant expert en littérature et art de la Renaissance doit troquer son cartable pour le t-shirt d’un parc à thèmes joyeusement sinistre. Le choix de ce cadre offre un renversement de l’Entertainment et donne une voix et un corps à ceux qui, d’ordinaire, n’occupent qu’un plan secondaire : c’est tout une microsociété solidaire et attachante qui prend vie sous nos yeux et se disperse une fois la saison estivale achevée. On le voit, rien n’avance au cours de ce petit boulot : les décors restent intacts d’année en année, les arnaques se reproduisent ad vitam aeternam. Seules les personnes qui les traversent disposent, elles, d’une profondeur qui, au contraire du beau Mike Connell, ne remettront plus jamais les pieds dans ce lieu. Le parc d’attraction cristallise tout un mal-être étudiant pris entre des aspirations hautes et une réalité basse qui les prend à la gorge à peine leur diplôme obtenu. Un beau portrait de couple se dessine en creux, certes stéréotypé, mais efficace et porté par un beau duo d’acteurs. Adventureland se pense comme une parenthèse, au même titre que le job étudiant qu’il met en scène, et prône, derrière la drogue et le sexe ambiants, la fidélité amoureuse dans une société éminemment infidèle. Pertinent.