La Zona est le premier long métrage de Rodrigo Pla, un réalisateur qui s'est fait connaître avec deux courts : Nova Mia en 1995 et El Ojo En La Nuca en 2001 avec Gael Garcia Bernal. Né le 9 juin 1968 à Montevideo (Uruguay), Rodrigo Pla a étudié l'écriture et la mise en scène au Centro de Capacitacion Cinematografica de Mexico.
Pour Rodrigo Pla, "La Zona est un personnage à part entière, c'est même le personnage phare de l'histoire. L'immersion dans ces univers clos gouvernés par la peur est passionnante : ils finissent par inventer leurs propres règles, au mépris de la loi qui s'impose à tous. Dans ce genre de système, les valeurs morales de respect et de coexistence dégénèrent graduellement pour aboutir à un comportement primitif, où "l'autre", le voleur, l'étranger, n'est plus considéré comme une personne mais comme un simple ennemi à abattre."Poursuivant sa déclaration d'intention, le réalisateur explique : "J'ai aussi voulu organiser la structure du récit à la manière d'un film choral, où chaque personnage trouve sa voix dans la partition et contribue à la polyphonie que représente La Zona. J'envisage cette Zona comme un organisme à part entière qui se nourrit de lui-même, et qui, à travers son incapacité à détecter ses contradictions et ses défauts, sème les graines de sa propre autodestruction."
Le scénario est l'adaptation d'un conte du même nom qu'a écrit Laura Santullo, l'épouse et co-scénariste de Rodrigo Pla. Comme l'explique ce dernier, "l'histoire est née d'une préoccupation liée à la situation actuelle du Mexique mais aussi à la polarisation sociale qui s'aggrave dans le monde entier". "Mais plutôt que montrer la réalité brute, telle qu'elle existe, poursuit le cinéaste, nous avons préféré réfléchir au sujet à travers une fiction, tout en y intégrant des éléments de l'actualité. Nous avons choisi de procéder ainsi, parce que dans un monde de fiction nous avons la liberté de dépasser les bornes et d'inventer, justement pour mettre l'accent sur les choses qui nous préoccupent sans nous sentir obligés de respecter au plus de la réalité."
Trouver des lieux de tournage a été la plus grande difficulté du réalisateur. "Ce que vous voyez aujourd'hui à l'écran est ce que nous avons trouvé de plus en adéquation avec l'histoire, explique-t-il. Toutes les particularités visuelles des décors naturels, comme ce style architectural identique pour toutes les maisons, dicté par un règlement de copropriété qui n'autorise que certains coloris aux façades et certains types de plantes dans les jardins, ont fini par donner au film un plus esthétique, une cohérence dans son concept graphique. Comme cette harmonie est justement fondée sur la nécessité de respecter des critères uniques et immuables pour la vie en commun, elle prend un tout autre sens dans notre film : c'est un signe avant-coureur de la folie qui va éclater et de l'incapacité pour les habitants de La Zona d'accepter des opinions différentes des leurs. Ca sera aussi la première expression d'un totalitarisme répressif qui prévaudra par la suite, au moment d'affronter la tragédie."
Le polar est le genre qui s'est imposé au réalisateur pour ce film, car il lui confère une forte tension dramatique et parce que ce registre permet une dénonciation claire de l'impunité, de la violence, de la polarisation sociale et des vides juridiques. "Et puis mon épouse et moi sommes tous deux amateurs de romans noirs, explique le cinéaste. Dashiell Hammett, Chester Himes, Raymond Chandler sont des écrivains qui se sont servis du genre pour écrire des romans très divertissants mais qui dressaient aussi un tableau très critique de l'état de la société à leur époque."
La Zona a remporté le Lion du futur du Meilleur premier film au Festival de Venise ainsi que le Prix de la Critique Internationale au Festival de Toronto 2007.