La fleur de mon secret fut nommé dans 7 catégories au Goyas 1996 sans gagner une seule récompense. Pedro Almodovar, Marisa Paredes, Rossy de Palma et Chus Lampreave furent distinguées pour l'équipe artistique. Les autres nominations sont allés au maquillage, au son et à la direction artistique.
"En partant avec l'idée de faire quelque chose de réaliste, j'ai voulu placer le film dans un contexte et un espace clairement définis. Par exemple, on peut voir des drogués dans les rues de Madrid comme dans le film. Le bar dans lequel Leo se rend est tout à fait réel. Le concours de cri à la télé, les manifestations étudiantes même chose. La réalité est aussi absurde et limpide qu'on peut la voir dans le film." La contrainte de tourner en décors naturels s'est d'ailleurs révélée stimulante pour Pedro Almodovar qui a dû résoudre certaines difficultés par des trouvailles de mise en scène comme l'utilisation de mirroirs chez Léo pour agrandir l'espace.
"La fleur de mon secret n'est pas sans rappeler des films américains des années 1950. Ce que nous appelons des "films de femmes" comme Mildred Pierce par exemple. Les films avec Bette Davis ou Susan Hayward. Des portraits de femmes. Mais les années cinquante étaient une période assez naïve. Aujourd'hui, il faut raconter des histoires plus complexes."
Pedro Almodovar avait d'abord eu l'intention de baptiser son film "Comme une vache dans sa cloche", une expression que sa mère avait l'habitude de lui répétér. Celle-ci est beaucoup utilisée dans la région dont le cinéaste est originaire. L'expression signifie "Etre perdu sans que personne ne fasse attention à vous."
"Pendant de très nombreuses années j'ai eu la tentation de faire un film sur ma mère. L'idée m'est venu au cours d'une conversation avec une de mes soeurs: "Maman m'a demandé de l'emmener voir un psychiatre. Elle ne veut pas devenir folle comme ses tantes" m'expliqua ma soeur. Je lui ai alors répondu: "Maman n'est pas folle. Elle a juste besoin de parler." Je n'y avais pas pensé aupravant mais cette conversation ma révélé la solitude de ma veuve de mère et sa quête d'un interlocuteur. Et j'ai pensé que je pouvais faire quelque chose pour elle." La mère de Pedro Almodovar a directement inspiré le personnage de la mère de Léo dans La fleur de mon secret et la décoration de son appartement. Ayant assisté à une partie du tournage, elle est à créditer de certaines répliques du film.
Je me rappelle distinctement des premières pages que j'écris pour chaque script. Elles servent de moteur et de racines pour le film à venir.(...) La première chose que j'ai écrit pour La fleur de mon secret et que je voulais à tout prix voir sur l'écran au final c'est la visite du mari à sa femme. Dans les huit versions du scénario que j'ai écrite, cette scène est un bloc qui n'a quasiment pas été modifié depuis le moment où il sonne à la porte à sa disparition dans l'escalier."
"Avec La Fleur de mon secret, j'ai seulement changé de genre de films. Cette modification implique des changements de style. Je pense d'ailleurs avoir fait des films plus noirs que celui-ci. Kika et Matador par exemple font ressortir des aspects plus sombres de ma personnalité. Ce film, bien que moins coloré que d'autres, est d'après moi un des plus lumineux que j'ai fait jusqu'ici."
Les comédiennes qui tiennent les rôles principaux de La fleur de mon secret ne sont pas nouvelles dans l'univers de Pedro Almodovar. Marisa Paredes a joué dans Dans les ténèbres, Talons aiguilles et plus tard Tout sur ma mere. Chus Lampreave a été dirigée par le cinéaste espagnol dans Dans les ténèbres, Qu'est-ce que j'ai fait pour meriter ca?, Matador et Femmes au bord de la crise de nerfs. Elle tient également un petit rôle dans Parle avec elle. Quant à Rossy de Palma, Pedro Almodovar l'a faite tourner dans La Loi du desir, Femmes au bord de la crise de nerfs, Attache-moi ! et Kika.
Pedro Almodovar revient sur la première scène de La fleur de mon secret: "La première phrase prononcée dans le film, c'est "ton fils Juan est mort." Dans cette scène des médecins essaient d'expliquer la mort à un proche pour qu'il puisse la comprendre et l'accepter. Maintenant, cette scène est aussi une fiction, une invention à partir de quelque chose de réel. Cette scène explique déjà que tous les personnages du film vivent dans une certaine forme d'imposture. Ils paraîssent être ce qu'ils ne sont pas et ils sont quelque chose qu'ils ne paraissent pas être. Beaucoup d'entre eux agissent sous la protection d'un pseudonyme."
Pedro Almodovar revient sur le spectacle de Flamenco que Léo aide indirectement à financer:"Je pense que cet évènement lui permet de réaliser que la vie peut être contradictoire. Les choses peuvent être à la fois difficiles mais justes en un sens. Ca fait parti du cycle de la vie. Dans la période la plus noire de son existence, elle aide à créer quelque chose d'extrêmement beau puisque le fils de sa servante lui vole de l'argent pour financer une oeuvre d'art. Le fait que des circonstances puissent être à la fois destructrices et créatrices est quelque chose de très positif. Ca fait parti du mystère de la vie."