J’ai toujours été fan du thème des voyages temporels et des What if, sûrement grâce à Code Quantum et Back to the future. Du coup, même s’il n’est pas connu, Quartier lointain s’inscrivait complètement dans le genre que j’affectionne, surtout le côté « que changerait-on à notre passé ? ».
Sauf que l’un des principes fondamentaux de ces histoires ce sont les conséquences de ce retour sur le présent, ce qui nécessite une certain enchainement de scènes plutôt absent ici. En effet, à la fin, on ne sait pas si le héros a vécu un rêve ou s’il a vraiment agi sur son vécu. On va me dire qu’il a tiré des leçons de son aventure et que le final, immoral dans un sens mais inédit, est la conséquence directe de ses actes, mais désolé ça fait succinct. Puis c’est un film français, ça se voit et ça se sent direct, dans le style déjà mais aussi dans sa lenteur, puis c’est mou (comme la diction des acteurs), ça fait la part belle à l’introspection mais pas celle qui nous captive, le style de jeu est trop posé et c’est plombant. Le montage est un peu foireux également : des coupes sèches alternent avec des longueurs, trop nombreuses et inutiles (le pistage du père, le match à la radio), tout ça pour déboucher sur rien puisque le héros ne s’intéresse qu’à un fait de son passé. On a trop peu d’éléments pour compatir et ressentir les sentiments du protagoniste, dommage.
Après j’ai apprécié l’ambiance zen et nippon du long métrage, en ce sens l’adaptation du manga est réussie. Entre les prises de vues, la langueur, les musiques (très jolies d’ailleurs), le parti pris de rester contemplatif du passé… ça contrebalance pas tout mais c’est calme et serein, trop rare malheureusement pour le 7ème art. Le côté destin implacable est intéressant, de même que l’acharnement du héros à modifier le peu qui peut l’être. La reconstitution d’un village de l’époque, des mœurs et des détails attenants sont juste géniaux, les dessins des BD sont magnifiques, la confrontation d’un adulte dans un corps d’enfant à sa vie passée est intéressante (il refuse de sortir avec une fille car c’est une ado de l’âge de sa fille, et sa femme est ici une gamine), bref à boire et à manger.
Au final j’ai trouvé ce film un peu décevant : on ne rentre pas assez dans la vie et les considérations de chacun, on survole trop des éléments qui auraient été intéressants et nous auraient accroché davantage, tout ça pour aboutir à une fin inhabituelle certes mais pas davantage épique. Ne demeure qu’une impression de poésie zen…