Une grande partie de l'oeuvre de Jacques Doillon est consacrée à l'univers des enfants et des adolescents, et ce dès son deuxième long-métrage, Les Doigts dans la tête, chronique sociale autour d'un apprenti boulanger et de ses ami(e)s. Le cinéaste fait le portrait d'une fillette enlevée par un marginal dans La Drôlesse (1979), d'un groupe de lycéens dans Le Jeune Werther (1993), et s'intéresse à des jeunes issus de milieux défavorisés dans Le Petit criminel (1990) et Petits Freres (1999). Il filme une adolescente face à son père dans La Vie de famille (1985), et face à celui de son petit ami dans La Fille de quinze ans (1989). Laure Marsac trouve son premier rôle à 14 ans dans La Pirate (1984) et Lou Doillon, fille du réalisateur, à 16 ans dans Trop peu d'amour (1998). Avec Ponette, en 1996, il fait tourner des enfants qui ont pour la plupart entre 4 et 5 ans. Une de ses rares adaptations littéraires, Un sac de billes en 1975, a également pour héros deux enfants, dans la France occupée.
Ardent défenseur du film, François Truffaut écrivait dans Pariscope lors de sa sortie : "(...) le sentiment et le social s'y imbriquent aussi harmonieusement que dans Toni auquel j'ai souvent pensé pendant la projection ; il peut sembler curieux de comparer le fait divers tragique de Jean Renoir, filmé en plein soleil, et la comédie de Jacques Doillon tournée entre les quatre murs d'une chambre de bonne, mais les deux films sont animés du même esprit : ils osnt vivants, chaleureux et pourtant la critique sociale y est présente, absolument intégrée, logique et exacte (...) Pas besoin de se prendre la tête entre les mains pour comprendre Les Doigts dans la tête, c'est un film drôle et vrai, un film qui chante juste, un film simple comme bonjour."