Il faut être honnête, on ne peut qu’être déçu par ce Même les cow-girls ont du vague à l’âme (titre français), qui ressemble à un gros fourre-tout.
Il y a bien quelques petites choses qui surnagent, mais trop peu. En effet, l’histoire aurait pu être sympathique par certains aspects, et j’ai parfois pensé, dans son côté humour décalé, parfois noir, et le cadre western à 800 balles par exemple d’Alex de La Iglesia. Mais le souci c’est que c’est bien mal conduit par Van Sant. Parfois bien ennuyeux (le film s’enlise vraiment dans sa partie centrale), peinant à développer de véritables enjeux, j’ai eu le sentiment que le réalisateur, conscient de la vacuité de son propos, passait rapidement du coq à l’âne pour tenter de maintenir l’attention. Mêlant ainsi les genres, passant du road-movie au western, le film est un fourre-tout mal maitrisé, qui n’arrive jamais vraiment ni à émouvoir ni à faire rire.
Le casting était pourtant très bon, on ne peut, de fait, que regretter l’enlisement scénaristique. Le casting féminin est spécialement plaisant, avec Thurman, Bracco, Phoenix, Dickinson, Graham… même si les rôles sont parfois petits. Thurman offre une honorable prestation, mais elle se fait facilement voler la vedette par les seconds rôles, beaucoup plus piquants, et portés par des actrices que j’ai trouvé plus investie tout de même (notamment Bracco). Côté masculin, on notera le cabotinage un peu excessif de John Hurt en homosexuel. On le croirait tout droit sorti d’un spectacle de drag-queen des années 70, ça rajoute un peu au joyeux bazar du film. Pat Morita lui est transparent, servant pour quelques scènes inutiles. Il ne serait pas là ça ne changerait rien.
Quant à la forme, le film est très marqué par l’académisme formel de Van Sant. Ça pourra décevoir, mais je dois être franc, même si son travail sur la lumière, sa manière de filmer les grands horizons sont classiques, le film baigne dans une ambiance un brin onirique agréable. La mise en scène est lente cependant, et Van Sant n’est vraiment pas à l’aise dans les quelques scènes d’action du film (la fusillade finale notamment). Là, il y a un gros souci. En clair, il ne faut pas attendre un métrage très typé. Il y a un petit côté western mélancolique plaisant, mais à l’instar d’autres Van Sant comme Will Hunting, c’est d’un académisme impersonnel. Cela s’entend aussi dans la bande son.
En conclusion je dirai que ce film m’a bien déçu. Fourre-tout mal maitrisé sur le fond, et visuellement propre mais sans personnalité, Même les cowgirls ont du vague à l’âme ne nous mène pas à grand-chose. Un ratage de Gus Van Sant. 1.5