Le cinéaste a utilisé des images d'archives libre de droit: "Les archives des TPIR sont publiques et libres de droits. Toute personne qui en fait la demande peut obtenir une copie d'une audience. La difficulté principale ne réside donc pas dans le fait de s'en procurer mais dans celui de procéder à une sélection : après plus de dix années d'activité, le TPIR a accumulé près de 30 000 heures d'archives audiovisuelles. Outre l'utilisation des images issues de la captation du TPIR, j'ai, dès le départ du projet, voulu les compléter par mes propres prises de vue afin d'installer un contraste avec celui de l'institution en récréant les axes qu'articule une salle d'audience. J'ai choisi de faire coïncider ce travail avec les plaidoiries finales du procès de Théoneste Bagosora. À la fois parce qu'il est l'un des principaux procès que j'utilise dans mon film, et le plus emblématique du TPIR."
Le cinéaste revient sur ses sources d'inspirations Les films m'ayant le plus inspirés sont Un specialiste, portrait d'un criminel ordinaire de Eyal Sivan, 10e chambre, instants d'audience de Raymond Depardon, Memory of Justice de Marcel Ophuls. Mais l'expérience cinématographique qui a sans doute été la plus déterminante s'est déroulée en classe de 4ème, lorsque mon professeur d'histoire nous a projeté Nuit et brouillard de Alain Resnais. Car pour reprendre Serge Daney , "C'est par le cinéma que je sus que le pire venait juste d'avoir lieu "."
Le cinéaste revient sur l'origine du documentaire: "L'origine du film D'ARUSHA À ARUSHA, c'est d'abord une histoire d'amitié qui me conduit à rendre visite à un ami journaliste dans cette ville de Tanzanie en mai 1999. Il y suit les procès qui se déroulent au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR). J'assiste alors à mes premiers procès internationaux, installé dans la salle du public, et notamment au prononcé d'un jugement. (...) De cette expérience frustrante naît progressivement une fascination pour cette justice qui réémerge après 60 ans d'isolement depuis Nuremberg. Et qui porte alors l'espérance d'un rapport autre aux conflits que l'éternelle loi du talion ou celle de l'impunité. L'émergence du rôle de " porteur d'une morale universelle ". C'est le questionnement de cet horizon qui m'a animé au départ."
Jean-Pierre Rehm évoque le documentaire en question: "Retourner au Rwanda, moins pour entendre les récits de l'horreur que pour écouter les paroles d'après, pour entendre les paroles de la justice, pour tenter de remonter aux sources de ce massacre d'un million de victimes. D'un côté, des extraits d'archives de procès du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), installé à Arusha. Divers inculpés y sont entendus. Théoneste Bagosora, colonel à la retraite des Forces Armées Rwandaises et cerveau supposé du génocide, dont la défense a durée douze ans après son arrestation. Ou encore Georges Ruggiu, ancien éducateur belge égaré à Kigali, propagandiste zélé sur les ondes de la Radio Télévision Libre des Milles Collines. Juges et avocats débattent des chefs d'accusation, de l'idée d'une planification, de responsabilité, quand le procureur explique ses difficultés à mener son enquête. Se font jour ici les méandres diplomatiques et politiques d'hier, mais aussi d'aujourd'hui. De l'autre côté, hors des salles d'audiences, d'autres témoins et acteurs du drame, coupables ou victimes chez eux, à domicile, reviennent sur les faits, leur implication, sur leur désarroi. Ainsi, exemplaire, un couple dont le mari, Hutu, a participé aux méfaits, est marié à une Tutsi, qu'il a pu épargner de justesse. Il ne s'agit pas d'opposer deux formes de justice, Christophe Gargot se refuse à tout simplisme, mais de compléter un exercice de haute rhétorique politique par une approche moins stratégique, plus démunie, plus exposée. Approche de ceux qui continuent de vivre sous le poids au quotidien de ce drame."
Le TPIR a été créé afin de juger les personnes présumées responsables d'actes de génocide et d'autres violations graves du droit international humanitaire commises sur le territoire du Rwanda et les citoyens rwandais présumés responsables de tels actes ou violations du droit international commis sur le territoire d'Etats voisins entre me 1er Janvier et le 31 décembre 1994. Il décide que le siège du Tribunal sera à Arusha en République-Unie de Tanzanie. Pour l'année 2008-2009, son budget a été de 180 millions d'euros. En 2008, son effectif était de 1032 postes et 693 en 2009. 86 nationalités sont actuellement représentées au tribunal;
Le film a reçu plusieurs récomenses à travers le monde. Le prix Georges de Beauregard de la compétition Française au FID de Marseille en 2009 ansi qu'une mention spéciale du pris Amnestry International au festival IndieLisoboa 2009. Il a par ailleurs été présenté à divers reprises dans d'autres festivals: Berlin, Nuremberg, Mexique et Sarrebrücke.