Shotgun Stories est le premier long métrage de Jeff Nichols, un jeune réalisateur de 29 ans qui est né et a grandi à Little Rock dans l'Arkansas. Diplômé de l'Ecole d'Arts et de Cinéma de Caroline du Nord en 2001, il est l'auteur de six courts métrages.
" La vengeance ne mène à rien. C'est l'idée que j'ai voulu explorer dans Shotgun Stories, explique Jeff Nichols. Souvent en littérature ou au cinéma, la vengeance et son exécution sont considérées comme un aboutissement logique, une bonne chose. Que ce soit d'assister à la ruine de Danglard par Edmond Dantès dans " Le Comte de Monte Cristo " ou à la chute mortelle de Hans Grüber dans Piège de cristal, la satisfaction du spectateur quand le “méchant” est puni est indéniable. J'ai voulu aller contre ça dans ce film. Que la vengeance n'aille pas de soi et qu'elle ne réjouisse pas nécessairement le spectateur. "
Le concept de la querelle familiale tire sa source d'une chanson des Drive-By Truckers intitulée ”Decoration Day”. " Elle fait référence à un genre plus ancien, une histoire plus classique de querelle familiale, explique Jeff Nichols. Je me demandais à quoi pouvait ressembler aujourd'hui une histoire de vendetta dans l'Arkansas rural et comment cela pourrait être joué. J'ai donc rassemblé des images, sur les personnages et les lieux, pendant un an. Et cela m'a pris à peu près cinq mois pour écrire le scénario. J'ai été énormément inspiré par des écrivains actuels du sud des Etats-Unis, comme Larry Brown et Harry Crews, ainsi que par Raymond Carver et Flannery O'Connor. J'ai également trouvé mon inspiration dans des films comme La Balade sauvage, Le Plus sauvage d'entre tous et Tendre bonheur. Shotgun Stories est la maturation de tout cela. "
Jeff Nichols a choisi de tourner ce film en cinémascope. Il s'en explique : " A l'âge de 15 ans, j'ai eu la chance de voir au cinéma Lawrence d'Arabie. J'ai été frappé par la façon dont les paysages filmés en cinémascope portent et transcendent l'histoire. Depuis j'ai toujours voulu raconté des histoires en cinémascope. Le cadre du film, le sud de l'Arkansas - où j'ai grandi - est constitué de magnifiques paysages de champs de cotons et de terres cultivées. J'ai voulu que les spectateurs en profitent en cinémascope. Ces paysages forgent aussi les caractères. des individus. Ils habitent dans une région brûlée par le soleil où chacun transpire pour vivre. "
Le tournage s'est effectué en 21 jours. " Nous travaillions 12 heures par jour, 6 jours par semaine, explique Jeff Nichols. C'était la seule solution pour que les choses se fassent. On a juste pris du retard un jour à cause de la pluie. Je ne conseille pas cette méthode, mais il n'y avait pas d'autre solution pour terminer ce film. Je pense que les conditions de tournage n'ont pas affecté le jeu des acteurs. Cela imposait à chacun d'être concentré sur son travail (...) J'étais anxieux pour tout ce qui concernait l'éclairage, les mouvements de caméra et les changements de décors. Heureusement, j'avais écrit le scénario pour que le film soit tourné en plans fixes. La taille réduite de l'équipe limitait les mouvements de caméra. "
La production initiale a été financée grâce à des amis et à la famille de Jeff Nichols en Arkansas. Quand le tournage fut achevé, Upload Films, une nouvelle société de production basée à Los Angeles, est entrée dans la production pour terminer le film, essentiellement pour le montage son, le mixage, le transfert sur la pellicule, l'étalonnage et la promotion du film.
Shotgun Stories a été présenté dans plusieurs festivals en 2007, dont celui de Paris Cinéma, Tribeca et Berlin, dans la sélection Forum.