Si les spectateurs n'avaient déjà pas trop apprécié le film lors de sa sortie en 2010, la réalisatrice enfonce le clou lors de la sortie DVD avec des propos plutôt virulents. Et j'avoue que je comprends un peu les spectateurs mécontents ! Réalisé par Roselyne Bosch (ne pas faire de blague même si c'est très tentant), le film revient sur la terrible rafle du Vélodrome d'Hiver en juillet 42 avec ce qui a suivit, c'est-à-dire la déportation des juifs vers les camps de Beaune-la-Rolande ou de Pithiviers ; là en l’occurrence, c'est Beaune. Alors effectivement, nous avons un film au propos très dur qui n'est pas évident à mettre en scène, surtout lorsque les juifs sont regroupés comme du bétail dans le Vel d'Hiv et j'avoue que le plus court passage de "Elle s'appelait Sarah" m'a plus marqué que ces plusieurs dizaines de minutes ici. Pourquoi, car je pense que le film est quelque-part trop "gentillet", alors ça parait paradoxal avec un tel sujet mais en réalité, même sans tomber dans de la violence voyeuriste, les juifs du Vel d'Hiv paraissent ici finalement plutôt sereins, mis-à-part évidemment quelques-uns. En effet, ils jouent aux cartes, ils se font des blagues entre deux/trois dialogues pourtant très pertinents comme "on est beaucoup trop, ils pourront jamais nous faire disparaitre, on risque rien", qui traduit bien l'esprit des prisonniers à cette époque. Dans cette partie, on s'intéresse plus à la gentille infirmière et au docteur juif dévoué qui aurait pu s'enfuir mais qui reste pour les enfants. Oui, encore une fois, le sujet est louable, c'est la manière de le traiter qui est un peu maladroite. Sincèrement, je ne pense pas que la réalisatrice a volontairement voulu faire quelque-chose de larmoyant ; c'est simplement ce qui se dégage le plus de la naïveté de son scénario. Puis là, je reste que sur le Vel d'Hiv mais c'est sans parler de ce qui suit avec notamment tous ces effets de mise en scène bien clichés, comme la peluche qui tombe sur le sol. Et toute la fin qui est vraiment, pour le coup, larmoyante à souhaits. Mais d'un autre côté, j'avoue que ça m'a eu. Bah oui, ma part de sensibilité a prit le dessus et je n'ai pas pu retenir quelques larmes à divers moments du film, même si j'étais conscient de sa certaine artificialité Enfin un plan reste tout de même très marquant, sûrement celui le plus réussi du film d'ailleurs, celui dans lequel Nono court vers les véhicules car il pense que c'est un nouveau jeu, c'est encore fois artificiel mais ça fonctionne ; ce décalage entre l'insouciance et la dureté de la réalité. Puis bon, on a aussi tous les passages sur Hitler, Pétain et compagnie qui ne servent pas à grand-chose, Hitler est caricatural à souhait et la partie sur Vichy n'est jamais assez explorée (même nous avons enfin un film français qui reconnait ouvertement l'implication de la France et des français dans cette rafle), Pétain est avant tout dépeint comme un vieil homme se faisant manipuler, ce qu'il n'était pas ; il était très conscient des ordres qu'il donnait. De plus, il y a encore une artificialité dans ces plans qui sont clairement là pour souligner très maladroitement que oui, les personnes entourant Hitler au Berghof étaient complètement déconnectés de la réalité (je crois que ça atteint son paroxysme lorsqu'Hitler explique pourquoi il est végétarien ; là le film prend clairement le spectateur par la main pour lui dire quoi penser et ressentir). Bon enfin bref, une très longue critique que je vais (enfin) écourter ; tout ça pour dire que oui, si le film m'a effectivement tiré des larmes et qu'il est loin d'être inintéressant, il n'en reste pas moins très maladroit en manquant notamment beaucoup de subtilité.