Parler de ce que fut la Rafle du Vél d'Hiv ? Nous sommes d'accord, c'est une chose. Mais savoir en parler en est une autre. Et c'est bien là qu'est tout le problème de cette "Rafle". Déjà, à en croire la cinéaste, à cette époque, la Résistance n'existait pas. Tout le peuple français était acquis à la cause nazie. Rien que ça, omettre les actions de la Résistance, c'est tout simplement impardonnable. Ensuite, la responsabilité de cette Rafle est clairement attribuée à l'Etat Français. Excusez-moi mais, le gouvernement de Vichy n'a jamais été reconnu comme un gouvernement légitime, il ne peut être donc associé à l'Etat Français. Et cette nuance, qui me paraît plus que fondamentale, n'est jamais expliquée. Donc, en terme de connaissances historiques, d'intelligence et de pédagogie, ce film a déjà tout faux. Tout. Pire encore, il ne fait que corroborer un mensonge soigneusement entretenu depuis les faits. Il y a autre chose qui me chiffonne : le film est basé sur un sujet sensible, qui alimente très souvent nos conversations de la vie de tous les jours, et ça, personne ne me fera croire que Rose Bosch ne le savait pas. En clair, c'est un superbe filon à exploiter. Superbe étant ironique bien entendu. Le film a été entièrement pensé pour être commercial. Entièrement. Subséquemment, tous les artifices du film rémunérateur sont utilisés. On injecte bon nombre de scènes tire-larmes forcées jusqu'à l'extrême. Et on les alourdit un peu plus en usant de partitions de violons à tort et à travers. Tout ça, c'est tout, sauf du cinéma. Je trouve même la démarche fortement désagréable. Mais, au moment où l'on croit qu'il ne sera pas possible de tomber plus bas, c'est là qu'on enfonce encore plus le clou. On ne trouve rien d'autre que de
nous présenter une amourette entre Mélanie Laurent et Jean Réno et, comble de la vulgarité, on nous fait voir des déportés qui prennent leur camp limite pour une colonie de vacances.
Voilà le genre de film qui fait mal. Qui fait mal au spectateur tant il le prend pour imbécile. Qui fait mal au cinéma, qui ne participe en rien au devoir de mémoire et qui n'aide en rien à la réconciliation.