Maïwen continue de creuser son petit sillon dans le cinéma français, avec sa caméra numérique et ses questions existentielles. Cette fois ci, c’est une grande mise en abime au menu : on filme Maïwen en train de filmer des actrices elles mêmes en train de se faire filmer. Ne cherchez pas le documentaire, il s’agit à 100% d’une comédie, on comprend très vite que chacune joue ici un rôle de composition, pour dire quelque chose ou nous faire comprendre des choses sur le métier d’actrice.
Ca laisse vite les interprètes seules avec le petit script qu’on leur a écrit, et ça pousse rapidement à comparer les numéros : si on apprécie la classe de Charlotte Rampling ou la fraicheur de Marina Foïs, on est vite irrité par les problèmes existentiels de Mélanie Doutey, voire totalement saoulés par la visite du potager de Julie Depardieu. Et plus le film avance, plus chacune d’entre elle se sent obligée de surjouer et de passer par le traditionnel pétage de plomb face à son prof, son metteur en scène, ou son producteur. C’est drôle les premières fois, mais ça lasse vite. Quand on arrive à Jeanne Balibar qui hurle sur son réalisateur, non seulement on y croit plus, mais on l’a vu venir à 100 kilomètres…
Maïwen se donne beaucoup de mal pour faire comprendre à tout le monde qu’elle ne se prend pas trop au sérieux, L’intention est louable, mais elle est tellement appuyée qu’elle ne marche pas bien, et on est vite embarrassé devant cet exercice très nombriliste qui consiste pour les gens du cinéma à parler d’eux, entre eux, pour eux. Il ne suffit pas de filmer Télérama en ouverture et de s’autodéclarer « branchée Libé-Inrocks » pour jouer la carte second degré et se dédouaner automatiquement de tout soupçon d’élitisme.
Surtout quand on se débat dans un univers qui manque vraiment de sincérité et de fraicheur : ce petit milieu cloisonné où les stars sont toutes potes, où tout le monde se filme et passe son temps à se plaindre de tout peut devenir parfois franchement exaspérant. Et puis c’est une chose de vouloir jouer avec les clichés des actrices, ça n’implique pas forcément de les enfiler comme des perles (l’actrice qui doute, celle qui veut aller states, celle qui est has been, …) sans rien en faire.
Encore plus cruel, les passages les plus réussis sont ceux avec… les acteurs. Jacques Weber et Yvan Attal s’amusent bien le temps d’un passage et nous aussi. Mais la révélation du film est…. Joey Star. Au milieu de cet océan intelectico-parisiano-nombrillo-artistique, il crève l’écran : franc, direct, juste, il ne se plaint pas, se gère tout seul comme en grand. Et cerise sur le gâteau, il se permet de faire ce que j’avais franchement envie de faire en fin de séance : envoyer paitre Maïwen et ses petits problèmes (le bientôt culte « putain mais il te manque une roue ! »).