Les Insurgés : les secrets du tournage

Afin de servir au mieux le réalisme voulu par Edward Zwick, le chef décorateur Dan Weil a choisi de faire construire le village où se déroule le film avec les moyens dont disposait la Bielski Otriad à l'époque, c'est-à-dire à la main, et avec des outils simples, y compris pour creuser des bunkers.

Lieu de tournage du film, la ville de Vilnius a particulièrement été frappée par les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale : "Se trouver dans un endroit où se sont déroulés tellement d'événements est forcément fort", raconte Edward Zwick. "Sentir autour de nous ces fantômes et la présence du passé a renforcé notre volonté de rester fidèles à l'histoire."

Puisqu'il était impossible, pour des raisons politiques, de tourner en Biélorussie, Edward Zwick et son équipe se sont rabattus sur la région de Vilnius (Littuanie) qui, en plus d'offrir d'authentiques paysages naturels, disposait d'une petite, mais dynamique, communauté cinématographique.

Sachant que la mise en place du projet allait être aussi épique que le film lui-même, Edward Zwick a tenu à s'entourer des collaborateurs avec qui il avait déjà travaillé (sur Blood Diamond notamment), tels le directeur de la photographie Eduardo Serra, le chef décorateur Dan Weil ou la chef costumière Jenny Beavan.

Malgré le fait que la majorité des gens ne retiennent de lui que son interprétation de James Bond, Daniel Craig possède une capacité à incarner des personnages très différents, qui a poussé Edward Zwick a vouloir travailler avec lui : "Daniel est un homme d'une très grande modestie, mais il dégage une puissance et une énergie absolument incroyables", explique le réalisateur.

Selon Edward Zwick, les liens qu'ont tissé les acteurs entre eux, hors caméras, ont finalement profité au film. C'est ainsi que la franche camaderie qui unissait Daniel Craig et Liev Schreiber en coulisses a donné à leurs scènes communes un humour et une émotion inattendus, et que le côté protecteur dont ce même Daniel Craig faisait preuve envers Jamie Bell a servi leurs rôles de frères.

"Les Bielski n'étaient pas des saints. Ils étaient des héros imparfaits, et c'est ce qui les rend fascinants et proches de nous", raconte Edward Zwick. "Ils ont du faire face à des choix moraux très difficiles que le film aborde : faut-il devenir un monstre pour combattre un monstre ? Doit-on sacrifier son humanité pour sauver l'humanité ?"

"Je voulais rester fidèle aux événements, mais je ne voulais pas non plus faire un documentaire. J'ai toujours vu ce film comme l'histoire de personnes déterminées qui parviennent à conserver leur humanité dans les pires circonstances. En plus de mettre en scène des personnages passionnants, je voulais offrir un vrai spectacle", raconte le réalisateur. "Par chance, nous n'avons pas eu à changer beaucoup de choses pour y parvenir parce que tous les ingrédients nécessaires pour créer un film plein de suspense étaient déjà présents dans l'histoire originale."

L'histoire des frères Bielski, au centre des Insurgés, est entièrement vraie. Racontée pour la première fois en 1944, par quelques-uns des survivants, celle-ci sera longtemps restée méconnue, puisqu'il aura fallu attendre plus de cinquante ans avant de la voir refaire surface.

Avec Les Insurgés, Edward Zwick s'est fixé comme objectif d'offrir aux spectateurs un nouveau regard sur la Seconde Guerre Mondiale, comme il l'explique lui-même : "L'image que nous avons de l'Holocauste est celle d'une implacable persécution qui n'a laissé aucune chance aux juifs. C'est évidemment ce qui s'est passé en Europe, mais je crois qu'il faut aussi avoir un regard plus précis sur cette notion, comprendre qu'il existe une différence entre la passivité et l'impuissance, et savoir que certaines personnes ont eu la farouche volonté de résister aux assassins du Reich."