Kevin Macdonald partage son travail de cinéaste entre le documentaire et la fiction. Malgré cet aller/retour, on note un intérêt manifeste du cinéaste pour les pages les plus sombres de notre histoire récente. Kevin Macdonald est ainsi le réalisateur de Un jour en septembre, documentaire autour de la prise d'otage du 5 septembre 1972 pendant les Jeux Olympiques de Munich (évènement qui a aussi inspiré Steven Spielberg pour Munich), mais aussi du Dernier roi d'Ecosse, film de fiction biographique autour du règne sanglant du dictateur ougandais Idi Amin Dada.
Marcel Ophuls s'était déjà intéressé à la personnalité de Klaus Barbie dans son documentaire Hotel Terminus (1987). De Barbie, il est également un temps question dans le documentaire de Barbet Schroeder consacré à Jacques Vergès, L'Avocat de la terreur, lequel fut justement l'avocat de Klaus Barbie durant son procès.
C'est d'ailleurs en travaillant lui même sur un documentaire à propos de Vergès que Kevin Macdonald s'est intéressé à Barbie et à choisi d'emprunter une autre direction...
Kevin Macdonald explique comment et pourquoi il a réalisé ce film : En faisant des recherches pour un documentaire sur Jacques Vergès, j'ai commencé à m'intéresser à l'une de ses affaires : celle de Klaus Barbie. Ce n'est pas seulement une histoire extraordinaire - presque impossible à croire - elle porte surtout en elle toutes les clefs du monde contemporain. Nos gouvernements utilisent encore des organisations et des individus douteux pour servir leurs causes - et en récoltent les conséquences. Prenez par exemple le soutien des USA aux Talibans dans les années 80, ou le soutien à Saddam Hussein pendant cette même période. Je voulais montrer que même si on nous apprend que le fascisme a été vaincu après la seconde guerre mondiale, dans les faits, le fascisme a continué d'être utilisé par les vainqueurs pour construire le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui. Le film pourrait aussi s'intituler : “Comment les fascistes ont gagné la guerre ?”
Kevin Macdonald évoque l'objectivité de son travail. "Nous faisons des choix et nous manipulons - exactement comme un journaliste. C'est comme ça. L'objectivité dans l'écriture ou la réalisation n'existe pas. Tout ce que nous savons du monde nous est donné par des sources invérifiables. C'est le problème de l'épistémologie -capital pour comprendre ce qu'est un documentaire."