On l'aurait vu passer en troisième partie de soirée sur NRJ12 (ou sur Syfy, à n'importe quel horaire), à la limite, mais savoir que Splice est passé en festivals, compte Adrien Brody au casting, a un budget de 30 millions de dollars... On ne comprend pas. Que l'on perde patience face au démarrage qui lorgne sur un mix de Frankenstein et d'Alien (ce qui donne : le savant fou qui veut créer une créature à développement rapide, et forcément, cela dérape), que l'on tombe ses yeux face aux effets spéciaux écœurants (l'animation de la bestiole est atroce), que l'on ait des doutes sur le bon goût artistique du designer de la créature (elle est simplement laide, ni effrayante, ni charismatique, avec ses yeux bovins écartés à l'extrême, sa raie crânienne qui donne parfois l'impression de regarder un arrière-train, et des pattes que seules les autruches peuvent approuver)... Tout, ou presque, pouvait faire défaut à Splice, si son scénario ne se chargeait pas de l'achever si tôt : on sait dès le départ comment ce genre d'histoire termine (et l'on n'est pas plus surpris par le twist final ridicule), on nous balance du sexe "pseudo-choquant" (on doit y voir une forme d'inceste, comme le couple de scientifiques sont ses géniteurs) sans envie ni raison (scènes totalement gratuites), et l'on a même droit à la petite bataille finale dans la neige qui va bien (hello, The Thing). Adrien Brody et Sarah Polley semblent s'ennuyer ferme, on compatit, quant à savoir ce que Delphine Chanéac joue et ressent sous le masque hideux, cela reste le véritable mystère du film, bien plus grand que l'intrigue courue d'avance et la réalisation qui donne des fous-rires involontaires. Splice, un supplice.