Basé sur le principe du found footage, «Being W.» (France, 2008) de Michel Royer et Karl Zéro profite de la fin de carrière du président américain George W. Bush pour le rendre ridicule et en dévoiler la pathétique innocence. Ce pourrait être le récit shakespearien d’un MacBeth poussé au trône par une famille assoiffée de pouvoir, il s’agit plutôt d’un héros dostoïevskien livré au cirque des hommes. Bush apparaît comme un guignol intelligent, le porte-parole d’un pays démocratique qui élit, à deux reprises, un homme modeste intellectuellement pour gouverner. Articulé en chapitres, dont leurs noms ont en commun de tous commencer par la lettre W., le film se présente comme un album photo récapitulatif de la carrière politique de Bush Jr. Le principe du détournement à la K. Zéro, déjà mis en pratique dans ses deux précédents films, permet d’aborder le cas de George W. Bush sans polémique et sans gravité. Royer et Zéro enfoncent des portes ouvertes, délivrent des secrets que les médias et les détracteurs (nombreux) de Bush avaient déjà révélés. «Being W.» se réduit dès lors au commentaire synthétique d’une présidence catastrophique pour les Etats-Unis, le monde et l’Irak surtout. Il serait un précieux document historique si seulement il assumait son identité de documentaire. L’heure est à la docu-fiction. Ce regard cynique sur le monde, qui convient à l’embonpoint de K. Zéro, ne fait plus du tout confiance au réel. Il lui faut, pour qu’il s’exprime, le grimer en sketch du Vrai Journal. Cette fonction du comique, voire du ridicule, appuie l’absurdité du gouvernement Bush et finit de souligner la stupidité de son regard dichotomique sur le monde. Le film ne manque pas de documentation. Or celle-ci est exprimée de manière si ostensible qu’il n’y a plus qu’à bouffer ce bon sketch sans que jamais l’esprit critique du spectateur ne soit sollicité. Contre une dictature de la pensée, «Being W.», en latence, reproduit le même procédé.