Avec Married Life, Ira Sachs n'a pas souhaité faire un film destiné aux passionnés de cinéma. "J'ai voulu faire un film, précise-t-il, qui traite avec honnêteté et légèreté des difficultés du mariage et de la vie intime. L'intrigue, aussi extrême soit-elle, permettait de le faire à la fois directement et sous forme de métaphore."
Quand le réalisateur a commencé à travailler avec son coscénariste Oren Moverman, tous deux sont tombés d'accord sur le ton pétillant à insuffler au film. Ira Sachs explique : "Dès la première scène, nous signalons au spectateur qu'il y a une part de dérision dans tout ce qui va suivre. Je voulais que les gens ne prennent pas tout au premier degré, sans pour autant nier la nature dramatique de ce qui se déroule entre les personnages. Je souhaitais que le public savoure le récit sans tomber dans la prise de tête. C'est comme ces vieux films que j'ai adorés quand j'étais gosse : c'est un film de cinéma, une histoire imaginaire, et pourtant d'une certaine façon, cette histoire est pour moi bien réelle et vraiment personnelle."
Pour élaborer son scénario, Ira Sachs a étudié quantité de romans populaires et de livres policiers. Jusqu'à ce qu'il découvre l'ouvrage de John Bingham, Cinq tours jusqu'au paradis. Maître du polar britannique, John Bingham fut à la fois un auteur et un espion. John Le Carré basa d'ailleurs le personnage de Smiley sur John Bingham, son ami et mentor au MI5, les services secrets britanniques. Le réalisateur se souvient : "C'était exactement ce que je cherchais - une histoire exceptionnelle traitant de la complexité des relations à long terme. J'ai pensé que cette aventure pourrait être un moyen très intéressant d'explorer l'intimité d'un couple et la distance qui peut s'immiscer entre deux êtres qui partagent le même lit depuis si longtemps."
Situer l'action dans le contexte des années 1940 accroît le contraste entre divertissement et réalisme dramatique. Ira Sachs déclare : "Les gens ont une perception très codée des années 50, du style et de la culture de cette époque. Les années 40 et l'après-guerre offraient davantage de possibilités." Afin de porter au mieux l'univers des années 40 à l'écran à travers les costumes et les décors, le réalisateur et son équipe ont pris leurs distances avec le kitsch des années 40 - pas de larges épaulettes, pas d'éclairages tendance " néo-noir ", pas de rouges à lèvres voyants - et ont opté pour une sensibilité plus moderne. Pour retrouver le côté glamour des années 40, ils ont fouillé chaque magasin spécialisé en accessoires et en costumes de New York et de Los Angeles.
Ira Sachs considère Richard, l'ami d'Harry, comme le personnage le plus drôle du film : "Il est intelligent, il a du charme et possède un sens de l'humour assez redoutable. Si le film avait vraiment été tourné dans les années 40, le rôle de Richard aurait parfaitement convenu à Cary Grant. Pierce Brosnan apporte au personnage une légèreté et une énergie malicieuse, tout en laissant transparaître une certaine vulnérabilité. Pierce fait de Richard un goujat, c'est vrai, mais un goujat que l'on peut aimer."
Pour le rôle de Kay, Ira Sachs souhaitait une actrice dont on ne doute pas une seconde qu'elle puisse étourdir Harry et Richard. Il explique : "Toute l'histoire tourne autour de Kay. Elle est la lumière des deux hommes. Lorsque Kay entre dans le restaurant au début du film, le spectateur n'a aucune peine à croire que les deux hommes puissent immédiatement tomber sous son charme. Il est évident que Rachel McAdams possède un grand pouvoir de séduction, mais plus important encore, elle dégage un certain mystère, un "je ne sais quoi" d'inaccessible qui subjugue. Elle est à la fois touchante et compatissante, avec une certaine retenue. Avec elle, on sent qu'il se passe toujours quelque chose au-delà des apparences."
Married Life s'est déroulé du 21 juillet au 27 octobre 2006 au Canada, en Colombie britannique - les villes de Burnaby et Vancouver ainsi que le Queen's Park - plus exactement.