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Kurosawa
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3,5
Publiée le 12 décembre 2015
L'adjectif qui vient en premier à la vision d'un film de Buñuel est "curieux", c'est encore celui-là qui vient à l'esprit devant "Tristana", malgré sa narration classique. Le film est en effet désarmant dans la simplicité de son déroulement mais interpelle par des questions non résolues : quelle est la signification du rêve de Tristana ? Pourquoi finit-elle par revenir vers Don Lope alors qu'elle pourrait vivre avec Horacio ? Le film ne dit rien de cela, peut-être pour pouvoir mieux opérer son renversement du rapport de force entre la jeune réservée et le coureur de jupons, qui deviendront sur la fin la mutilée frustrée et le vieux solitaire (mais protecteur de Tristana). Derrière un fil narratif simple se nouent des réflexions opaques sur le désir et la liberté, sur l'obéissance et la transgression, à la fois frustrantes car jamais clairement énoncées mais en même temps assez fascinantes pour la même raison. "Tristana" est donc un Buñuel plus mystérieux qu'il n'y paraît.
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3,5
Publiée le 12 avril 2011
Avec "Tristana", Luis Bunuel adapte de nouveau un roman de Benito Perez Galdos! Transposant l'action dans les annèes 20, le film se structure en trois grands moments chronologiques! En 1923, quand le vieux Don Lope recueille Tristana dont il fait bientôt sa maîtresse; l'annèe 1928 qui voit le retour des amants et en 1930, quand Don Lope èpouse Tristana...Ce typique roman de moeurs à l'anecdote mèlodramatique digne de la presse du coeur permet en fait à Bunuel de brosser un tableau synthètique de toutes les formes possibles d'oppression domestique et sociale! Les contraintes èconomiques, familiales, morales et religieuses sont analysèes au niveau des relations individuelles (à l'intèrieur du couple, entre jeune et vieux, maître et domestique), mais aussi des rapports sociaux (bourgeois-ouvriers, riches-pauvres), si bien que chaque èlèment de l'action renvoie à toute la thèmatique bunuèlienne! Faute et châtiment, vengeance, joie et mèchancetè tissent un terrible destin qui laisse pourtant chaque être libre de son choix! Face à la remarquable Catherine Deneuve, belle même amputèe, Fernando Rey se montre fascinant! Une oeuvre crèpusculaire que Bunuel a voulu enraciner dans la rèalitè espagnole...
Quand le scénario est tenu, le réalisateur peut toujours l'étoffer et s'il ne le fait pas, il fait trainer les scènes et parsème son film d'apartés qui seront ou non judicieux. Et c'est de second choix qui est celui de Buñuel pour ce film qui au lieu de s'attarde sur l'évolution de ses protagonistes joue la carte de l'ellipse comme pour mieux nous en éloigner. Autrement dit ce n'est pas convaincant. Quant à la fausse audace vers la fin elle n'est bonne que sur le papier, mais raté sur la pellicule (il s'est passé quoi ? Pourtant à l'époque Deneuve n'était point prude ?)
Derrière le poids pesant du classicisme dont s’est entiché Luis Buñuel dans la réalisation de Tristina, la tragédie romantique que vit l’héroïne est dans l’esprit très fataliste que le réalisateur espagnol aime à donner à ses films. Un portrait de femme poignant et un triangle amoureux hors du commun sont les deux piliers narratifs solides de ce récit qui est pourtant rendu bancal par son manque de rythme regrettable. Le rôle-titre dont l’évolution psychologique et émotionnelle est magnifiquement bien écrite, est campé par Catherine Deneuve qui, comme à son habitude, est éblouissante du début à la fin. Le rôle de Fernando Rey s’avère en fait être l’élément scénaristique le plus intéressant de ce mélodrame puisqu’il incarne à la perfection les contradictions idéologiques qui, dans l’entre deux-guerres, déchiraient la société espagnole. La photographie et les décors sont eux-aussi exquis et vont finalement devenir plus captivant que la morale un peu trop démonstrative de cette triste histoire.
Une satire molle de la société espagnole et de la place de la religion, sur un rythme d'une lenteur assommante, avec des dialogues aussi inoubliables que la coupe du monde de bridge 1985. Bref, voir ce film a été pour moi un véritable chemin de croix. Peut-être le plus emmerdant film de Luis Buñuel qu'il m'ait été donné de regarder.
Dire que "Tristina" est une œuvre corrosive, qui se complaît à se foutre de la gueule des grenouilles de bénitier, qui montre l'être humain sous son côté le plus noir et qui fait toujours preuve même dans les moments les plus dramatiques d'un humour tout aussi noir, c'est user d'un pléonasme envers un Buñuel car c'est le lot commun d'une très grande partie des films du cinéaste. L'ensemble est moins puissant qu'un "Viridiana" par exemple, plus classique, mais Catherine Deneuve dans le rôle-titre est fascinante et brille autant en jeune fille (faussement ???) naïve de la première partie qu'en vieille jeune femme aigrie de la seconde.
Un film dur et violent, qui brise les frontières entre bien et mal, et qui se demande même si, au final, il y a du bien quelque part. Une interprétation sans faille et une réalisation audacieuse en font une réussite.
Très classique dans sa conception, ce film de Luis Bunuel traite de l'amour et de son évolution au sein d'un couple. L'idée de Bunuel, très pessimiste, est de représenter cet amour de manière physique, ses personnages se métamorphosant au fur et à mesure que le film avance, que le temps s'écoule. Atteints de décrépitude, les protagonistes se retrouvent maltraités par la caméra du cinéaste espagnol, condamnés à porter les traces de leur cruauté et de leurs vices. Malades, vieillissants, amputés, Bunuel ne leur épargne rien, et semble trouver le surgissement de l'étrange au sein du réel en ces corps meurtris et errants. La photographie, très sombre, est d'une très grande rigueur esthétique et renforce l'aridité du sujet à travers des plans cadrés de façon parfois très expressionnistes. La critique sociale passe elle aussi par cette représentation, et une fois de plus, n'échappe pas au regard dur et rageur du cinéaste ibérique. A la fois classique dans son traitement linéaire de l'intrigue et moderne dans son esthétique de la cruauté, Tristana est un film qui ne peut laisser insensible. D'une très grande noirceur.
Trist-Anna. L’atmosphère pesante d’entre deux guerres est recrée avec authenticité. L’intrigue est en soit intéressante : un Pygmalion contre la morale attendue, mais l’alternative proposée n’est pas beaucoup plus recommandable… Les rapports entre les personnages sont mis en scène avec une certaine ingéniosité, et les engrenages de l’histoire sont aussi prévisibles qu’imprévisibles. Catherine Deneuve éblouit l’écran par sa présence, et semble illuminer les décors gris et sales qui habitent le film. Néanmoins, il y a quelque chose qui dérange, et qui pèse parfois par le manque de rythme dans certains passages du film.
Classicisme hanté par un surréalisme vacant, voilà qui résume bien «Tristana» (France, 1970) uvre de fin de carrière de Luis Bunuel. Loin des scènes choquantes dun «Los Olvidados» (Mexique, 1950), «Tristana» nen est pas moins pessimiste. Thématiquement, le film traite des affres de la passion amoureuse. Don Lope (Fernando Rey), tuteur de Tristana (Catherine Deneuve), confie un jour à ses amis quil naura de relation ni avec la femme dun ami, ni avec une innocente. Or Tristana incarne linnocence même. Elle est une fille pieuse et chaste. Epris par une passion mystérieuse, Don Lope devient amoureux de sa «fille». Derrière des discours libertin prônant la liberté totale de Tristana, Don Lope fait delle son amante. Va croître en la jeune innocente un repoussement pour son tuteur. Elle finira par le tromper avec un jeune peintre (Franco Nero). Cest lamour étouffant et passionel de Don Lope pour Tristana qui va faire de linnocente jeune fille, une femme horible. Le film sachève sur une note pessimiste, noire, à limage des uvres de Bunuel. Si «Tristana» demeure fidèle au cinéaste, cest dans le scénario (et notamment les dialogues) que le bas blesse. Sans grande originalité, lhistoire a du mal à se poursuivre, comme si Bunuel filmait avec réticence, voulant retenir un peu plus chaque instant comme pour le rendre plus cruel. Bref, une certaine latence pèse sur les images. Hormis cela, la patte surréaliste du cinéaste demeure toujours notamment dans les rêves que fait Tristana ( décidemment Bunuel aime faire faire détranges rêves à Deneuve ( cf. «Belle de jour» (France, 1966) ). En conclusion, «Tristana» (France, 1970) est un film où rien ne semble se passer mais où au final, la métamorphose causée par un trop plein damour frappe.
Une variation autour du thème de « l’école des femmes » de Molière où la femme complètement sous le joug de son protecteur, accède aux plaisirs de l’amour avec un peintre. Bunuel y introduit un certain sadomasochisme car la femme va revenir chez son protecteur avec son amant!!! Et elle ira même jusqu’à dire « Lope ne m’aurait jamais emmené chez un autre homme »!!!!! Le film est pourtant assez long et avance trop doucement. De plus le personnage de Deneuve est au final assez pénible et détestable.
« Je suis ton père et ton mari, tantôt l'un tantôt l'autre ».
Cette phrase révolutionnaire se distille derrière des volets clos. A l'air libre Tolède est empoussiéré par des mœurs rigides évacuées par le délire d'une phraséologie audacieuse mais non opérationnelle en temps réel.
Dans un café, un parfum d'audace individuel libertin déconseille le mariage, prône la passion dépareillée en l'imposant à une Pupille devenant presque par force la maîtresse d'un tuteur machiste.
Ce nouveau statut active un processus de domination pervers accompagné de l'entame d'un enlaidissement. La fraîcheur se fane en s'habillant de mutilation envers elle-même et d'abandon envers un tyran aux colères froides ayant terrassé le parcours d'une grâce juvénile.
Un vieux beau entretenu par ses propres théories de conservations passionnelles s'accapare la désinvolture de jeunes années dans une Espagne de début de vingtième siècle moisie par des mœurs privant chaque individu d'une existence extérieure de pulsions révélatrices d'un autre soi-même.
Le notable officiellement puritain officieusement débauché toise un jeune rival par l'invitation au duel, celui-ci répond par le poing. L'approche ancestrale de la gestion d'un conflit est confrontée à un besoin de liberté existentielle s'exprimant par une main serrée tentant dans un geste désespéré d'éradiquer des siècles de dépendances morales.
Les jouissances personnelles s'attisent dans les ruelles en groupe par la condamnation à l'unisson de chaque écart amoureux. Le site est diabolisé tout en étant noyé sous les statues de la vierge.
Luis Bunuel offre un « Tristana » long, triste, ennuyeux truffés de visages rigides, éteints en chignons bannis de sourires exprimant une maigreur Ibérique cérébrale truffée de commandements négatifs.
Environné de couleurs noires, le site croule sous les icônes, rongé par les rigueurs de l'éthique Tolède s'adonne secrètement aux passions de l'interdit dans un double visage représenté par la double personnalité du despote domestique, de la bigote hystérique et du voyeur refoulé
Poème surréaliste où Bunuel parvient à prolonger le rêve de Belle de Jour : Catherine Deneuve devient ainsi l'actrice rêvée de ce rêve filmé, de ce cauchemar mis en images. L'un des plus beaux portraits de femme au cinéma. Immense chef d'oeuvre mais qui se donne à voir comme une oeuvre modeste, expérimentale et artisanale.
Un aristocrate vieillissant désire la jeune fille orpheline qu'il a recueillie et élevée, mais cette dernière va vite tomber amoureuse du jeune peintre Horacio... Adapter d'un roman de Benito Pérez Galdos, ce drame s'impose comme une réussite de plus dans la filmographie de Luis Buñuel. Catherine Deneuve, Franco Nero et Fernando Rey interprète avec force et conviction leurs personnages, l'histoire qui vire rapidement à la tragédie romantique se suit avec grand intérêt et la mise en scène est, comme à l'habitude chez ce cinéaste, d'une assez grande élégance.