Aaaaah, et ben voilà, ça c’est un bien meilleur film, beaucoup plus précis, plus clair, et bien mieux écrit que « The Hours » ! Ce n’est que le second long-métrage de Stephen Daldry que je visionne parmi ses œuvres cinématographiques, le premier film « The Hours » que j’ai regardé assez récemment n’était pas mauvais mais ça allait un peu trop partout sans vraiment aller à un endroit précis à cause des trop nombreux thèmes traités avec maladresse, l’atmosphère était incroyablement déprimante, le rythme était beaucoup trop lent et l’histoire m’avait l’air trop maladroit avec les axes temporels des trois personnages féminins, malgré une belle interprétation des trois actrices principaux (Julianne Moore, Nicole Kidman et Meryl Streep) mais aussi et surtout des acteurs incarnant les personnages secondaires qui apportaient vraiment du relief à ce film pour le rendre regardable.
« The Reader », adapté au cinéma en 2008 et inspiré directement d’un best-seller allemand de 1995, « Le liseur » de Bernard Schlink que je n’ai pas encore lu, corrige la plupart des défauts de « The Hours » et apporte une véritable réflexion sur les thèmes traité dans ce film qui sont beaucoup moins nombreux et bien mieux regroupé que dans « The Hours ». Premièrement, on se concentre principalement sur deux personnages, pour trois acteurs livrant une interprétation d’exception, surtout la célèbre et talentueuse Kate Winslet, en tête d’affiche, qui n’était pas dans un rôle évident à jouer en raison des nombreuses scènes sexuelles qui ont été tourné et mises en image dans cette réalisation, même si physiquement elle est mise à son avantage et qu’on pouvait se rincer l’œil assez régulièrement durant le premier acte. Cependant, si ces scènes mettaient en avantage son physique, elle a su largement mettre son jeu d’actrice en avant pour livrer une interprétation complexe, forte et déchirante d’un personnage tout aussi difficile à cerner, celui d’Hanna Schmitz, son Oscar et son Golden Globe de la meilleure actrice ne sont pas démérités, elle a su être authentique et elle a parfaitement retranscrit les expressions et les émotions de son personnage à l’écran,
que ce soit durant les scènes au tribunal ou durant les scènes intimistes avec son jeune amant, surtout pour les scènes de ménage et les scènes d’amour
. En revanche, pour continuer sur les comédiens, David Kross aurait mérité d’être plus cité car il est plus présent que Ralph Fiennes pour le personnage de Michael Berg. Je ne sais pas si l’année de la sortie du film il a été reconnu comme une révélation, mais on pourra s’identifier à son personnage quant à sa relation avec Hanna Schmitz
lorsque les masques tomberont
. Ralph Fiennes était, bien qu’il n’était pas aussi présent qu’on aurait pu le croire, lui aussi très persuasif et naturel dans le rôle de Michael Berg une fois devenu adulte en parvenant à conserver une forte gravité dans ses expressions par rapport à sa liaison avec Hanna
durant l’été 1958 et à ce qu’il a découvert par la suite
après la disparition de son premier amour.
« The Reader » est un film très philosophique par les thèmes qu’il traite à travers une histoire qui n’est certes, pas du tout présente pour donner de la joie, mais beaucoup plus forte émotionnellement et psychologiquement. Et l’aspect émotionnel du film est renforcé par la composition de Nico Muhly, très globalement composée d’airs au piano avec certaines variantes des répétitions le long du film, mais ces musiques renforçaient l’aspect mélancolique et la tristesse du propos. La mise en scène est des plus classiques et sobre en restant de qualité et efficace grâce au propos du film, elle s’appuie principalement sur des plans fixes et des zooms lent vers les personnages en avant ainsi que des plans allant de champ en contre-champ, le suivi du personnage en parcours parallèle
comme lors de la visite de Michael dans un ancien camp de concentration
, et certains plans larges englobant un ensemble de paysage
comme le dernier plan du film sur le cimetière et l’église
.
Ces principaux thèmes sont l’analphabétisme, le crime nazi, l’amour des livres et une romance passionnée et déchirée chez les deux principaux protagonistes qui méritent tous deux une analyse précise : Hanna Schmitz est une femme secrètement marquée et pour qui il est difficile d’avoir un point de vue concret, parce qu’on n’apprendra que trop peu de chose sur elle durant le premier acte si ce n’est sa passion pour les livre et la lecture ainsi que son amour pour Michael, mais nos pensées et l’opinion que l’on aura d’elle seront totalement chamboulés
lorsqu’on nous dévoilera son passé de gardienne SS lors du procès des gardiennes de camps nazis au tribunal
, ainsi que
son analphabétisme à travers une seule et unique scène ainsi qu’un très court flash-back bien pensé ou tout est dit en quelques secondes
, ce qui lui coûtera plus qu’elle ne devrait par rapport à ses complices du camp de concentration après avoir été victime d’un odieux mensonge quant à la réalisation d’un rapport sur la mort de 300 femmes juives, en revanche je ne comprends pas pourquoi elle n’a pas avoué
qu’elle ne savait ni lire ni écrire
.
Je sais qu’il y a énormément de honte à être analphabète et ne pas avoir eu une instruction auparavant et Hanna avait surement ses raisons pour tenir sa langue et mentir pour protéger un secret lourd et honteux
en plus d’avoir rejoint les gardiennes SS simplement pour trouver du travail et non pas pour massacrer des juifs à la base
, surtout
qu’on découvre qu’elle leur faisait faire la lecture afin de rendre sa vie moins insupportable dans les camps. Mais lorsqu’on est sur le point d’être emprisonnée ou même d’être condamnée à l’exécution ce qui a surement été le cas pour de nombreux nazis, je considère qu’il faut savoir mettre son honneur et sa dignité de côte ne serait-ce qu’une fois lorsqu’il s’agit de notre propre vie ou même et surtout pour sauver la vie d’un autre. Cependant, si sa réaction est justifiée quelque part du fait qu’on ne croira probablement pas à ses dires et par sa honte, j’ai beaucoup de mal à imaginer comment on peut croire que quelqu’un ait encore de l’honneur ou de la dignité à préserver si il est responsable d’un crime nazi, parce qu’on sait tous que ces gens ont commis des actes abominables et impardonnables, il n’y a absolument plus d’honneur ou de dignité à défendre chez ces gens-là, et une fois la guerre fini leur vie ne serait plus jamais la même, ceux qui ont réussi à s’enfuir dans un premier temps ont surement voulu refaire leur existence mais ce qu’ils ont fait durant la seconde guerre mondiale est ancré dans leur mémoire, jamais ils n’ont pu oublier un seul instant ce qu’ils ont pu commettre. Je me permettrais donc de dire que je considère sa réaction comme déplacée, même si on peut trouver du sens quelque part et de toute façon elle est aussi responsable que ses collègues de camps qui n’ont pas la condamnation qu’elles mériteraient d’avoir
.
Beaucoup se mettront à la place de Michael Berg car, on se sentira trahi malgré notre attachement durant la première partie du film pour cette femme. Michael Berg n’a pas l’air d’un personnage ayant beaucoup de personnalité durant le début du film, il est du genre timide mais instruit et cultivé et il se découvrira une passion et une attirance impossible à rejeter pour Hanna malgré l’écart d’âge qui les sépare. Leur romance n’est pas remise en question, elle gagne même en intensité lorsque Michael et Hanna se découvre en passion commun, la lecture et l’amour pour la littérature, et Michael lui fera la lecture sans pour autant savoir que, si dans un sens cela enchante Hanna,
lorsque les masques tomberont
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. Le fait même que la romance tourne autour de leur passion commun pour les livres permet de remettre la romance en question entre les deux personnages, mais aussi sur les deux car Hanna ne parle jamais de son passé ou d’elle-même et son amant le lui fait savoir. Lorsque Micheal apprend la vérité sur Hanna, il est non seulement bouleversé, mais il est déchiré entre sa compassion toujours existante pour Hanna mais aussi par sa rancœur envers elle pour un passé qu’elle ne lui a jamais révélé, ce qui permet de donner du relief et une tournure psychologiquement dramatique à leur histoire d’amour qui est remise en question pendant un long moment et ne sera plus jamais la même que celle qu’ils ont connu lors de leur liaison durant l’été 1958.
« The Reader » de Stephen Daldry est une adaptation très réussite avec : Kate Winslet plus époustouflante que jamais suivi d’un David Kross et d’un Ralph Fiennes bluffant, une histoire d’amour complexe et passionnel souvent remis en question, de la réflexion sur les thèmes abordés qui sont ici bien mieux traités et reliés ainsi qu’une tournure dramatique forte, un film à voir au moins une fois, sauf si vous êtes dépressif.