Après Calvaire, film d'horreur se situant dans les forets des Fagnes (Belgique), Fabrice Du Welz reste dans un milieu rural mais change de continent. Son nouveau film se déroule dans une thaïlande pluvieuse, grise, rongée par le Tsunami de 2005. Il explique ce choix d'abord par un besoin d'aventure mais aussi et surtout par l'aspect post-apocalyptique de ce territoire.
Le thème central du film est la perte de l'enfant. Encore une fois, le Tsunami de 2005, et le cas de nombreux enfants perdus dans la jungle, a alimenté l'imaginaire du réalisateur. "Le point de départ était concret; une terre dévastée et un couple occidental qui a perdu son fils dans le tsunami. Ces éléments me permettaient de partir à la recherche de l'enfant perdu – l'unique – pour aller à la rencontre d'une multitude d'enfants perdus – le multiple – dans la jungle" remarque t-il.
Le réalisateur dit vouloir détourner le principe des films de fantômes classiques en faisant entrer des vivants dans le monde des morts. En effet, ce couple occidental qui refuse le décès de son enfant se trouve plongé dans un univers meurtri ou la mort devient une continuité de la vie. Le film tout entier se construit autour de cette confrontation. D'ailleurs, Vinyan signifie : âme errante qui tourmente les vivants.
Si Rufus Sewell est un habitué des films fantastiques (Dark City, L'Elue), voir Emmanuelle Béart au casting paraît plutôt inattendu. Cela s'explique par l'admiration qu'éprouve l'actrice pour Calvaire, le premier film de Du Welz. "Le film avait une façon d'exprimer ce manque jusqu'à l'insupportable. En sortant de la salle, j'avais envie de rencontrer l'auteur." raconte t-elle après la vision du film à Cannes.
Alors que Fabrice Du Welz commence le tournage de son film en thaïlande, l'un de ses réalisateurs phares, Werner Herzog, quitte ce pays après avoir terminé le tournage de Rescue Dawn.
Emmanuelle Béart confie que le tournage fut difficile, à la fois du fait de l'histoire et des conditions naturelles. "J'ai refusé d'anticiper l‘idée du deuil ou le stéréotype qu'on peut avoir du deuil d'un enfant. J'ai refusé de savoir comment aborder ça. Je crois que ç'aurait été d'une effroyable indécence." relate l'actrice. "Sur un tournage pareil, il faut avant tout être en bonne santé pour pouvoir continuer à donner et être là. Une partie de l'équipe n'a pas toujours pu. Y compris moi. Chaque jour, surtout au début, on se demandait si on allait tenir le coup." ajoute t-elle.
La complicité entre Rufus Sewell et Emmanuelle Béart s'est établie dès le début du tournage et donne au film une teneur toute particulière. "Nos avons été d'une solidarité absolue. Au début, nous partageons la même capacité, non pas de deuil, mais de vivre avec l'absence. Durant toute cette période, je n'ai pas le souvenir d'avoir joué grand-chose" commente l'actrice à propos de cette relation.
Benoît Debie, le chef opérateur de Calvaire, mais aussi d' Irréversible de Gaspar Noé, retrouve Fabrice Du Welz pour ce film ou l'expérience visuelle est placée au premier plan.