Sorti en France séparément et en version rallongées, il est très interessant de regarder "Planet Terror" et "Death Proof" dans leur montage d'origine, en versions certes plus courtes (80 minutes contre 100 dans les versions européennes) mais plus sophistiquées pour ce qui est de l'expérience. Le double programme commence dans le pur style drive-in des seventies avec une fausse bande annonce (déjà présente dans la version européenne) "Machete" (qui a donné lieu à une véritable adaptation avec Danny Trejo, Robert DeNiro, etc...) ô combien jouissive et fun annonçant la couleur (rouge, très rouge!) de "Planet Terror". Pour ce premier film "Grindhouse", Robert Rodriguez ouvre le bal avec un très bel hommage aux séries B et Z de zombies, notamment grâce à la fausse mauvaise qualité de l'image, élement purement artistique afin de se rapprocher le plus possible de la qualité des vieilles bobines de films d'exploitation d'antan. Le scénario est plus que simpliste, un groupe de personnes cherche à survivre à une invasion de zombies suite au rejet d'un virus. L'histoire basique de tout "zombies films" sauf que là, Rodriguez ne se prend pas au sérieux et enchaîne coup sur coup séquences humoristiques et gores ou les explosions de voitures, les mitraillettes et l'hémoglobine sont rois en plus d'une héroïne de charme, Belle (Rose McGowan) qui mitraille les zombies avec sa jambe. Les clichés sont légions mais sont intelligement (et volontairement) utilisés à décrier un véritable amour pour ces films d'horreurs en plus des films d'action ultraviolents. De cette manière, Rodriguez réussi son film et par la même occasion, le premier programme. Spécificité de la version "double feature", les deux longs-métrages sont séparés par de fausses bandes-annonces réalisées par Rob Zombie, Edgar Wright et Eli Roth. Le premier, "Werewolf women of the SS" se réfère aux films dits de "Nazixploitation", films ou la plupart du temps, des savants fou au service du Führer expérimentaient des abominations sur des cobayes qui les transformaient en monstre. A noter un petit clin d'oeil au personnage de Fu Manchu, crée par Sax Rohmer pour une série de romans et par la suite utilisé dans de nombreuses adaptations cinématographiques en tant que génie chinois (il faut quand même le préciser) du crime. La seconde bande-annonce "Don't", réalisée par Edgar Wright, rentre complètement dans l'esprit loufoque et foutraque du réalisateur. Des scènes de crimes horrifiques et des évenements très "Poltergeist" surviennent dans une maison hantée avec à chaque fois la mention "Don't (il ne faut pas, dans la langue de Molière)". A noter la brève apparition de Simon Pegg et Nick Frost, passages très courts mais hilarants. Enfin, la dernière bande-annonce, "Thanksgiving" rentre dans le domaine du "slasher" ou une petite ville est en proie à un tueur en série qui, le jour de Thanksgiving, tue un à un les habitants. Ces hilarants pastiches de films d'exploitation, très réussies, font ensuite place au point d'orgue du dyptique: le segment "Death Proof" réalisé par Quentin Tarantino. L'esprit du film, certes toujours dans une optique très série B/Z, présente un aspect plus maîtrisé et réfléchi que celui de Rodriguez. Même si il ne s'agit pas du meilleur film de Tarantino, il n'en reste pas moins excellent tant l'histoire de ce détraqué mental, Stuntman Mike (Kurt Russel) le bien nommé, fascine autant qu'il dérange. Ecraser de jolies demoiselles avec sa voiture, voilà qui n'est pas courant dans le paysage de l'exploitation. Sauf que Tarantino privilégie comme à son habitude les longs dialogues remplis de références cinématographiques comme musicales, on ressent un degré psychologique vis à vis du personnage joué par Russel, un homme inexistant qui n'arrive pas à se faire remarquer, à la carrière de cascadeur dans le déclin, et qui pour volatiliser son mal-être tue sans scrupules des femmes. Le film est construit en deux parties. Dans la première, ou les 3/4 du temps se passe dans un bar, on s'attache aux futures victimes par le biais du tueur. Dans cette partie, l'homme domine et terrorise, comme dans un courant mysogyne, puis massacre ces âmes de l'excès mais innocentes. Si la première partie vise aussi à citer la culture musicale, importante chez Tarantino, la seconde rend hommage au 7ème art, en suivant un deuxième groupe de filles travaillant dans le milieu. Or, là, Tarantino démontre en ardent défenseur féministe, que l'image virile et terrifiante, quasi immortelle du tueur, n'est rien en réalité, lorsque les évenements se retournent contre lui et que ce sont les charmantes demoiselles qui prennent le relais en pourchassant le cinglé. Stuntman Mike n'est en réalité qu'un trouillard, un pauvre lâche. Tarantino donne un excellent tour de passe-passe bien démontrée par le générique avec "Chick Habit/Laisse tomber les filles" en musique. Ainsi, pour ceux souhaitant replonger dans la pure ambiance Grindhouse, ce "double feature" est un must. Une excellente expérience!