Si c'était lui... : les secrets du tournage

La réalisatrice Anne-Marie Etienne explique sa vision du film : "Si c'était lui... est plein de fraîcheur et de foi dans l'amour, mais il est beaucoup moins dans l'illusion. Je n'ai pas voulu aller vers les clichés. Les deux personnages s'inventent une manière de s'aimer à eux et de vivre à deux qui leur est propre. La réussite d'un couple sur la longueur est l'une des choses les plus difficiles qui soient, a fortiori si les deux membres du couple sont issus de milieux sociaux très différents. C'est un constat pessimiste sur la capacité de vie commune mais pas sur l'amour, qui est toujours possible et peut naître au-delà des a priori sociaux. Vivre ensemble et s'aimer ne sont pas une seule et même chose. C'est un film lucide mais pas désabusé."

La réalisatrice Anne-Marie Etienne raconte comment est né Si c'était lui... : "Une de mes meilleures amies a abrité chez elle un SDF, qui s'appelait d'ailleurs Valentin. Cette intrusion dans une vie assez bourgeoise m'a tout de suite intéressée. Un peu plus tard, j'ai été frappée par une statistique dont il ressortait que 98 % des gens se mariaient dans leur milieu socioculturel. Cela m'a rappelé l'expérience de mon amie. Cette rencontre entre une personne tout à fait installée et quelqu'un en rupture prenait un sens encore plus aigu. En ce qui concerne le rôle du fils d'Hélène, le fait que j'ai deux enfants et que la vie avec eux me fait beaucoup rire m'a inspiré aussi. L'adolescent qui planque ses fruits du petit déjeuner derrière les meubles, je l'ai vécu avec mon propre fils !"

La réalisatrice Anne-Marie Etienne raconte comment lui est venue l'idée de confier les rôles principaux de Si c'était lui... à Carole Bouquet et Marc Lavoine : "Carole m'est tout de suite apparue idéale pour le rôle d'Hélène parce qu'elle amenait instantanément cette classe, cette intelligence, cette idée que l'on se fait d'une femme épanouie dans une vie bourgeoise, et en même temps elle apporte aussi cette liberté intérieure. On la sent capable de tout envoyer balader sur un coup de coeur. On avait déjà vu Carole approcher cet aspect-là mais ici, elle va beaucoup plus loin et de façon plus sereine. Son rôle d'une femme installée dans le confort n'est pas inattendu pour elle mais elle a quand même une idéologie, des valeurs, une fragilité et une propension à péter les plombs inédite! Elle a ce côté un peu décalé qui était parfait pour le personnage. J'ai tout de suite senti que Marc Lavoine pourrait jouer le personnage de Valentin. L'enjeu était de le faire apparaître non pas comme le bel homme qu'il est, mais comme un type dont la vie s'est effondrée. Il ne s'agissait pas qu'Hélène en tombe amoureuse au premier regard, il devait se découvrir peu à peu. J'étais certaine que Marc allait habiter toutes les facettes de Valentin. Il m'a fait confiance et s'est glissé dans le personnage avec tout ce que cela impliquait."

La comédienne humoriste Florence Foresti joue ici son premier grand rôle au cinéma. "Je cherchais une comédienne qui ait à la fois un vrai sens du comique, de la rupture, et une sensibilité, explique la réalisatrice Anne-Marie Etienne. Le rythme de comédie ne s'invente pas, on ne le crée pas au montage, il le faut dès le jeu. Pour le rôle de Roseline, je suis allée chercher du côté des filles qui sont drôles sur scène. Je savais que Florence Foresti serait extraordinaire."

Et celle-ci de poursuivre : "L'enjeu pour moi dans ce rôle était de faire passer une certaine émotion au-delà de l'humour. Roseline est très lucide et vraiment seule. C'est cette solitude qui la pousse à tout tenter. C'est un personnage complexe. De manière générale, j'appréhende toutes les scènes parce que je veux être la meilleure possible et ne pas décevoir, mais celles qui exposent une fragilité, une sensibilité ou une intimité sont encore plus difficiles."

Pour rester dans son personnage, Marc Lavoine n'a pas hésité à dormir dans le décor la journée et à se contenter de manger une pomme le midi. "Le personnage a faim et pour m'en approcher, je devais ressentir cela aussi, raconte-t-il. Le langage du corps est aussi important que celui des mots. C'est pour cela que j'ai également préparé mon personnage par son aspect physique. Il ne marche pas de la même manière quand il arrive à l'anniversaire que quand il erre avec son sac des Restos du coeur. Son émotion se lit aussi dans son attitude. Il faut le vivre physiquement. C'est un exercice auquel je suis habitué par la scène. Lorsque vous chantez devant une immense salle, même ceux qui sont au fond doivent percevoir la façon dont vous vivez la chanson."

La réalisatrice Anne-Marie Etienne a effectué deux ou trois après-midi de lecture avec les comédiens. Puis au moment du tournage, elle a fait le choix de ne pas faire beaucoup de prises. "J'arrête dès que j'obtiens ce que je veux, explique-t-elle. Venant du théâtre, je travaille très précisément sur les temps, les regards. On répète, on donne le "la" de chaque scène et on est pratiquement toujours surpris de ce qu'apporte l'acteur. Je ne lâche jamais sur ce "la" et c'est par sa façon de l'interpréter que l'acteur prend le pouvoir."

Carole Bouquet confie ses impressions sur la réalisatrice Anne-Marie Etienne : "Elle a été délicieuse sur le tournage. C'est assez rare de travailler avec quelqu'un qui cache ses angoisses. Elle avait vraiment l'air de s'amuser sur le plateau, c'était une joie de la voir à ce point cliente de ce qu'on faisait. Elle est enthousiaste et aime les acteurs, au point que parfois, elle redécouvrait son texte comme si elle ne l'avait pas écrit. C'est une femme qui ne boude pas son plaisir, ce qui est une grande qualité humaine, très agréable à partager. Sur le tournage, elle nous faisait confiance, ne nous bombardait pas d'indications avant les prises. On répétait peu, juste le nécessaire pour caler les mouvements de caméra. Cela me convenait d'autant plus que je préfère ne jouer vraiment que lorsqu'on tourne. J'aurais trop peur de donner quelque chose en répétition que j'aurais du mal à retrouver ensuite."

Si c'était lui... s'est d'abord intitulé Un amour exemplaire.