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    La Haine
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "La Haine" et de son tournage !

    Bavure policière et haine réciproque

    La Haine s’inspire d’un drame survenu deux ans avant le tournage, en avril 1993, lors d’une garde à vue dans un commissariat du XVIIIème arrondissement de Paris. Le jeune Makomé M’Bowolé, âgé de 17 ans, y avait laissé la vie. « Je me suis demandé comment le flic a pu en arriver à une telle haine, pour lui tirer une balle dans la tête alors qu’il ne pouvait rien faire, c’est évident », explique Mathieu Kassovitz. « Le policier n’a certainement pas voulu tirer, mais il lui a fait peur, il a mis le flingue, il a armé le chien, et [je me suis demandé] comment le môme a réussi à le mettre dans une telle situation de haine. […] Il y a une telle haine dans les deux camps, qu’il faut au moins poser la question. Des armes, les flics en ont, et dans les cités ils en ont, mais pour l’instant les plus sages ce sont les mecs des cités parce qu’ils ne s’en servent pas encore. »

    Un titre qui fait peur

    Mathieu Kassovitz a toujours voulu appeler son film La Haine. Toutefois, ce titre était très dissuasif au moment de demander les autorisations de tournage, notamment dans des zones sensibles. Sa connotation négative faisait peur. La production a donc décidé de rebaptiser temporairement le film "Droit de Cité" dans le but d'obtenir plus facilement les autorisations nécessaires. On peut notamment observer la trace de cette appellation dans le making-of du film, grâce à un plan furtif sur un programme de tournage, lequel comporte le titre "Droit de cité".

    Tournage à la cité

    Une bonne partie du film a été tournée à Chanteloup-les-Vignes, en banlieue parisienne. Le réalisateur et ses acteurs principaux ont choisi d’y emménager pendant 2 mois avant le tournage afin de se faire connaître des habitants et s'imprégner des lieux : "On est en train de faire un film dans une cité", explique Mathieu Kassovitz dans le making-of, "et le seul moyen de tourner dans une cité, ce n’est pas d’avoir les autorisations de la mairie, c’est d’avoir les autorisations des mecs qui vivent dans la cité. Alors on est venu vivre dans la cité." Concernant la répartition des tâches au sein de la petite collectivité ainsi formée par les quatre jeunes gens, le réalisateur la décrivait ainsi : "Hubert fait les courses, Vincent fait la cuisine, je fais la vaisselle, et Saïd mange."

    Avant la parité...

    La Haine laisse assez peu de place aux personnages féminins. Comme l’expliquait sur le vif le réalisateur, dans le making-of du film : « Il n’y a pas de filles dans le film, non. On ne va pas partir dans une love story. Si tu te balades dans une cité, il y a les filles d’un côté et les mecs de l’autre, ils ne traînent pas ensemble. Tu ne peux pas traîner avec une fille de la cité parce qu’elle a forcément un frère. Et si elle a un frère, t’es dans la merde, donc c’est pas possible. »

    Références et citations

    Parmi les références du film, la plus célèbre reste celle à Taxi Driver, lors d’un passage où Vinz rejoue une scène culte du film de Martin ScorseseYou talkin’ to me ? », devenu « C ’est à moi qu’tu parles ? »). Scène également rejouée vingt ans plus tard de façon parodique par Les Kaïra, lesquels ont grandi à l’ombre de La Haine, film générationnel. Autre référence US, les trois héros du film passent à Paris devant une affiche publicitaire sur laquelle est écrit "Le monde est à vous", écho du "The World Is Yours" de Scarface. Plus proche de nous, le "Pour quoi faire ?" lancée par la sœur de Vinz à Saïd lorsque ce dernier lui demande de faire descendre son frère est une citation d’un sketch des Inconnus (La ZUP).

    Côté inspirations scénaristiques, Mathieu Kassovitz a par ailleurs cité le Z de Costa-Gavras, qui le dirigera quelques années plus tard dans Amen. Un "Kasso" qui s'amuse à s’auto-référencer, lorsque le personnage de Julie Mauduech demande à celui d’Hubert Koundé s’ils ne se sont pas déjà rencontrés : il s’agit d’une allusion à Métisse, premier long du réalisateur à l’affiche duquel figuraient les deux acteurs. Enfin, rayon clins d’œil à La Haine, le capitaine irakien incarné par Saïd Taghmaoui (et de nouveau nommé… Saïd) dans Les Rois du désert peut être aperçu en train d’en regarder le générique d’ouverture.

    La célèbre réplique dite par Hubert Koundé ("C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de cinquante étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute il se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien...") a été inspirée par une réplique de Steve McQueen dans Les 7 Mercenaires. La fin de la phrase, "mais l'important n'est pas la chute, c'est l'atterrissage", a quant à elle été rajoutée par Mathieu Kassovitz.

    Caméos

    Mathieu Kassovitz apparaît dans le rôle d’un skinhead. Le producteur Christophe Rossignon, fidèle collaborateur du cinéaste, figure lui à l’écran dans la peau d’un chauffeur de taxi. Quant au DJ Cut Killer, il apparaît à la fenêtre d’une barre HLM pour mixer "Nique la police". Plusieurs autres têtes connues jouent un petit rôle ou apparaissent même furtivement dans La Haine : Benoît Magimel, Karin Viard, Vincent Lindon, Bernie Bonvoisin ou encore... Peter Kassovitz.

    Une histoire de noms… et de vannes

    Lorsque Saïd, Hubert et Vinz se rendent chez Astérix, interprété par François Levantal, l’un des noms figurant sur l’interphone est "Cassel". On trouve également mention d'un "Pujol" (nom de l’assistant réalisateur Henri Pujol et du premier assistant réalisateur Eric Pujol). Plus inventif, dans le making-of, Saïd Taghmaoui rebaptise son réalisateur "Mathieu Casse-toi-vite", ce à quoi ce dernier réplique "Non, c’est Mathieu Cassavetes". Enfin, toujours au chapitre des noms, Vincent Cassel, 28 ans à l’époque, explique la chose suivante : « Mathieu a fait un truc extraordinaire parce qu’il aurait pu avoir beaucoup plus de thunes s’il avait fait le film avec Isaach de Bankolé, Smaïn et Vincent Perez. » La vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain…

    Réactions

    Lors de sa sortie, le film enregistra plus de deux millions d’entrées France, fort de son Prix de la mise en scène à Cannes (et avant d'obtenir quelques mois plus tard le César du meilleur film). Il suscita aussi des réactions irritées des forces de l’ordre, qui ne s’y trouvaient pas représentées à leur avantage. Par la suite, l’album des musiques inspirées par La Haine, et notamment le titre Sacrifice de poulets signé par le groupe Ministère A.M.E.R., qui y figurait, fit l’objet d’une plainte déposée par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Jean-Louis Debré.

    D'Astérix à Snoopy...

    Dans plusieurs versions doublées, le personnage d’Astérix est renommé Snoopy, référence BD plus intelligible pour un public international et anglo-saxon. Le titre du film, s’il a été traduit (littéralement) dans de nombreux pays, est en revanche resté le même au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. A noter, également, sur l’édition Criterion du DVD figure une présentation par Jodie Foster, francophone émérite. L'actrice-réalisatrice avait vu le film à l'époque et tenait absolument à parrainer sa sortie aux USA.

    Elle a donc rencontré le réalisateur Mathieu Kassovitz et le producteur Christophe Rossignon dans ce but précis. Foster a tenu sa promesse, devenant la marraine du film aux Etats-Unis et donnant à Kassovitz l'accès aux grands médias américains. Elle a également fait circuler la copie du film afin que Martin Scorsese, Francis Ford Coppola et Steven Spielberg puisse voir La Haine. Des 3 monstres sacrés, c'est Spielberg qui a été le plus emballé par le long-métrage, allant même jusqu'à envoyer une lettre à Jodie Foster dans laquelle il disait tout le bien qu'il pensait du film.

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