Go Go Tales est un film sorti en 2007 aux Etats-Unis puis finalement en 2012 dans notre pays, il s'agit d'un comédie sous forme de huis clos moite et sexy dont le cadre est un club de strip menacé de fermer pour faillite et dont les équipements se délabrent peu à peu, au contraire des spectacles qui sont eux flamboyants (impossible de ne pas voir la mise en abîme et la métaphore d'avec le cinéma d'Abel Ferrara, fauché, en marge d'Hollywood aujourd'hui mais tentant toujours de proposer un spectacle de qualité, seul maître à bord tel Ray Ruby dans le film). Ledit cinéaste parvient à filmer un grand nombre de personnages avec une fluidité étonnate, ce petit monde du club, cet univers clos, est d'une grande tendresse, on s'y sent bien, on a envie d'y être, parmi ces filles somptueuses qui dansent et que l'on ne touche pas, le cinéaste semble aimer chacun de ses personnages, ils lui sont familiers et ils le deviennent pour le spectateur aussi, c'est d'autant plus appréciable que c'est très rare au cinéma. Le récit s'articule autour d'une journée compléte au Paradise, les spectacles et les clients s'enchainant dans la salle principale (le produit fini), et les coulisses s'agitant sous la pression de la propriétaire qui réclame son loyer, des filles qui réclament leurs salaires, et de ray Ruby qui s'en remet au loto pour satisfaire ces dames (la réalisation, la production).
La grande force de cette pellicule est d'avancer à son rythme, en évitant tous les poncifs du genre, vous ne trouverez pas dans Go Go Tales de mafieux rackettant le patron, ou d'histoire d'amour contrariée entre celui-ci et une de ses danseuses, pas de gros problèmes, le but c'est de montrer l'existence d'une communauté artistique qui telle une famille, parfois se déchire, mais dans laquelle on finit par s'aimer et à converger ensemble pour que le spectacle se réalise. Le boss prend son pied à montrer les filles et nous à les regarder (Asia Argento dans un numéro génial avec un rottweiler, en ce qui concerne Lou Doillon elle n'est pas aussi catastrophique que ce à quoi l'on pouvait s'attendre), dans un spectacle presque suranné, mais non point Burlesque (ici on n'est pas dans Tournée c'est bien mieux !). Tout finit sur un happy end de bon aloi, non le club ne fermera pas, mais il en est ainsi probablement tous les jours au Paradise, ceci n'est pas un spoiler, on le sait dès la première minute, Ferrara ne jouera pas la corde du dramatique facile se contentant d'une fantaisie comique qui lui va très bien et qu'il filme à la perfection, sans oublier la bande son presque 80's et en tout cas parfaite. Le casting quant à lui est superbe, Matthew Modine en coiffeur demi-sel et un peu pervers, Bob Haskins tout en bonhommie, Willem Dafoe étrange, Anita Pallenberg géniale et attachante en proprio gueularde mais qui fait partie des murs, Asia Argento punky mais sexy, le reste est à l'avenant. Chaudement recommandé ce film donne du baume au coeur et de belles filles à regarder, avant qu'il ne soit trop tard et que Manhattan ne se transforme définitivement en Disneyland.