Il sort d'où ce Go Go Tales, un Abel Ferrara présenté à Cannes en 2007 ? Sont-ce les déclarations du cinéaste "intéressé" pour tourner un film traitant de l'affaire DSK, avec Depardieu dans le rôle principal, qui ont incité les distributeurs à sortir cet inédit qui prenait la poussière sur une étagère ? Quoi qu'il en soit, au vu du sujet, les coulisses d'un club de strip, unités de lieu, de temps, et d'action, on s'attendait au pire, un fantasme libidineux d'un cinéaste sur le retour. Tout faux, Go Go Tales, loin d'être l'un des meilleurs films du maître, est une relative bonne surprise. Certes pas du côté du scénario, le bel Abel était sans doute trop fatigué pour en pondre un digne de ce nom, l'intrigue principale étant constituée par la recherche désespérée d'un ticket de loto gagnant. Non, l'intérêt est ailleurs, dans la mise en scène d'abord, virtuose, qui évolue avec une certaine grâce dans ce huis-clos. Et puis, dans l'atmosphère un peu foutraque du lieu où se côtoient strip-teaseuses (ok, Ferrara s'est bien rincé l'oeil et le spectateur fera de même), grandes gueules accoudées au bar et clients pittoresques, dont quelques chinois qui en veulent pour leur argent. Il y a des paillettes, des égos maltraités et des problèmes financiers sans solution. Cela donne un côté minable et flamboyant à l'affaire, à l'image du personnage central incarné par un Willem Dafoe, en loser patenté, fascinant car en surchauffe de jeu permanente. Il est plutôt bien entouré : Matthew Modine, Bob Hoskins, Asia Argento (incendiaire) et même la petite Lou Doillon, dans un rôle insignifiant. Le dernier quart d'heure est totalement raté, n'empêche, Go Go Tales, sous des allures d'exercice d'équilibriste sans filet, contient de vrais morceaux de cinéma avec des scènes dignes de Cassavetes, dans leur fraîcheur, leur spontanéité et leur esprit ludique. C'est assez inespéré mais le film tient debout, même bancal.